Ce qui est bien dommage, parce que je n’avais pas joué à un otome game depuis février, février 2019!, et je n’avais qu’une hâte : m’y remettre. Peut-être aussi parce que c’est dur de passer après Steam Prison, Psychedelica of the Black Butterfly, un de ces otome games signé Otomate et localisé par Aksys Games, n’a pas su me convaincre. Sorti en 2015 au Japon, et en 2018 chez nous, je n’en avais pourtant entendu que du bien ! Mais pour des raisons diverses et variées, je n’ai pas accroché, et je l’ai même lâché pendant presque six mois avant de me motiver à le reprendre et, cette fois-ci, le finir pour de bon. Mais avant de vous expliquer plus en détails ce qui m’a dérangée, je vais planter le décor !
Nous sommes dans la peau de Beniyuri qui, à peine a-t-elle eu le temps d’ouvrir les yeux, se fait attaquer par une espèce de monstre, dans un manoir qui lui est inconnu… Vous l’aurez deviné, elle n’a aucun souvenir ! Légère touche d’originalité cette fois-ci : ce n’est pas la seule. Quatre autres garçons sont présents entre ces murs et eux non plus n’ont aucun souvenir de qui ils sont et de comment ils sont arrivés ici. Pour espérer sortir de là et recouvrer la mémoire, ils doivent trouver les « fragments de kaléidoscope » que laissent derrière eux les monstres qui rodent dans les couloirs du manoir une fois tués.
On ne commençait pas sur de très bonnes bases ce jeu et moi, car même si, dans l’absolu, ils n’ont rien de fondamentalement mauvais, je n’étais attirée ni par l’intrigue, l’univers ou le chara-design. Mais j’étais ouverte d’esprit et prête à être agréablement surprise.
Sauf que pour pouvoir être surprise, il faut déjà pouvoir avancer dans l’histoire ! Et c’était beaucoup plus laborieux que ce que j’aurais pu imaginer…
Une petite particularité de Psychedelica of the Black Butterfly, c’est son système de flowchart : utile pour voir sa progression (parce qu’il y a beaucoup de fins !) et éviter de sauvegarder trop souvent (vu qu’on peut directement revenir aux chapitres qui contiennent des choix décisifs), c’est aussi… un cauchemar. Pour débloquer les chapitres de la main story, il faut lire une quantité déraisonnable de side stories inintéressantes qui cassent complètement le rythme de l’histoire et qui n’en suivent même pas la chronologie. Un instant, on est plongé-es dans une intrigue emprunte de mystères, avec une bonne dose de suspens, et la minute qui suit, on est coupé-es en plein élan et forcé-es à nous taper six tranches de vie inintéressantes à la suite…
Autant dire que ce n’était pas une partie de plaisir, j’ai lutté pour en venir à bout… Et la cerise sur le gâteau, c’est que même après avoir lu le minimum de side stories requis, il faut quand même en lire certaines autres pour débloquer toutes les fins, et malgré la flowchart, il faut quand même sauvegarder et/ou recommencer sa partie à des moments bien précis pour déclencher certains branchements… Vint finalement un moment où j’étais bloquée sans comprendre pourquoi et après avoir skip les mêmes chapitres pour la quinzième fois, j’ai posé ma PS Vita dans un coin et je n’y ai plus touché pendant sept mois. Je me fichais bien de connaître le fin mot de cette histoire de toute façon !
Ca aurait pu s’arrêter là mais j’avais payé pour ce jeu.
Aussi frustrée que je pouvais être, je l’ai quand même terminé. Et au fond, tout au fond, je l’ai quand même aimé… Je crois que je n’ai encore jamais détesté un jeu, ou en tout cas pas un jeu de type visual novel, parce qu’après avoir passé autant de temps avec une histoire et ses personnages, on est obligé-es de s’y attacher au moins un tout petit peu… Mais ce qui m’aura vraiment gâché l’expérience et ce qui est, pour moi, le plus gros point noir du jeu, c’est cette foutue flowchart. L’idée n’est pas mauvaise, mais elle n’est pas au point.
Pareil pour le mini-jeu. C’est original d’avoir un mini-jeu de tir dans un otome game ! Rien de très élaboré mais c’est quand même sympathique… Par contre, j’ai fini par me lasser assez rapidement à force d’être obligée d’y jouer encore et encore afin de récolter des points, points nécessaires pour débloquer les side stories que je n’avais même pas envie de lire. Une fois de plus, on repassera pour l’immersion.
Mais admettons qu’on puisse ignorer le gameplay. On est là pour l’histoire et les personnages avant tout ! Si c’est à la hauteur… je peux tout pardonner !
Mais je vous laisse deviner ce qu’il en est. Une souffrance de plus.
Déjà… si vous êtes là pour la romance… mauvais choix d’otome game.
La majeure partie du jeu s’articule autour de la common route. Tout l’intérêt est de rassembler les différentes pièces du puzzle pour comprendre qui sont vraiment ces personnages et comment ils ont atterri dans ce manoir.
Seulement voilà, au bout de seulement deux ou trois indices, on se doute déjà fortement des réponses, et le dénouement est aussi prévisible que cliché. Le grand twist, je vais vous le révéler, c’est une trope vue et revue… *spoilers*Ils sont amis d’enfance ! Ils ne se reconnaissent pas parce qu’ils ont perdu leurs souvenirs mais ils se connaissent dans le monde réel. Un twist nul qu’en plus tu vois venir à des kilomètres. Ce qui leur est arrivé, c’est que quand ils étaient jeunes, ils étaient à un genre de camp de vacances, et ils se sont éloignés du groupe pour explorer les alentours quand ils finissent par tomber sur un manoir. Le même manoir que celui dans lequel ils sont piégés actuellement. La suite, je vais vous la faire courte : y’a une tempête, et au moment de traverser le lac qui connecte le manoir à la forêt dont ils viennent, y’a un des gamins qui manque de se noyer. Finalement, il ne meurt pas, mais il est dans un coma profond. En revanche, un autre des gamins a perdu la vie en essayant de le sauver. Après cette tragédie, ils ont tous été séparés. Des années plus tard, les survivants se retrouvent et retournent sur les lieux, sauf que sur le chemin, y’a un accident de bus et ils tombent tous dans le coma (partie absurde et pas crédible : quelles étaient les chances que ça leur arrive ?). C’est comme ça qu’ils se retrouvent dans le manoir qui est ce genre d’endroit « entre la vie et la mort ».*fin des spoilers*
Au milieu de tout ça, il y a quand même quelques éléments inattendus (et heureusement, sinon on se ferait tout le temps chier), mais le tout dans le tout, c’est pas une histoire qui m’a chamboulée. Ceci dit, des thèmes intéressants sont abordés, notamment *spoilers*le deuil*fin*, dont certains aspects sont pas si mal traités (à mon sens, en tout cas).
Quoi qu’il en soit, à travers cette common route, on comprend que PotBB est une histoire d’amitié avant d’être une histoire d’amour. Si romance il y a, elle est forcée, très courte et mène rarement vers une fin idéale.
Je vous passe rapidement en revue vos différentes options…
Grand, gentil, cheveux bruns, tout de vert vêtu… Kagiha est la version lowcost de Makoto Tachibana. Sympa, au début… on se rend rapidement compte qu’il est creux et qu’à part être amoureux de l’héroïne, il ne se passe pas grand chose dans sa vie… Toute sa personnalité se résume un peu à ses sentiments pour Beniyuri donc… on fait vite le tour. En plus, c’est un faux-gentil : pas un super bon ami, il peut se montrer très égoïste quand il s’agit de Beniyuri et a même un petit côté yandere qui m’aurait plu d’habitude mais qui était mal amené et qui m’a donc simplement laissée perplexe.
Yamato est le plus mimi du lot : il est… normal dans ses relations avec Beniyuri, il a des histoires de familles qui donnent un peu de profondeur à son personnage, il a un côté tsundere attachant et, même s’il était détestable quand il était jeune, il très bien développé et, finalement, plutôt attendrissant. C’est un des personnages les plus intéressants, avec des sentiments complexes et réalistes (pendant certains passages tout du moins) et le seul avec une romance un tant soit peu crédible.
Là par contre, ça se dégrade. Si j’ai dit que Kagiha était un peu dérangé, un peu yandere sur les bords, Karasuba… c’est encore le niveau au-dessus. Et normalement, j’aime bien ça, ça met un peu de piment dans les jeux trop mielleux. Mais là, le comportement du mec est cruel, immature et… répétitif ! Ses scènes se résument à : dire ou faire un truc horrible, prétendre que c’était qu’une blague, et recommencer vingt minutes plus tard. Le jeu n’assume même pas de lui avoir refilé un comportement pareil parce qu’à la fin, on nous sert une justification à l’arrache. Pour en rajouter une couche, l’héroïne est complètement passive ! On ne ressent aucune tension parce que rien n’a l’air de l’alarmer, elle se laisse juste faire.
Il a une bad end quelque peu dérangeante où il est impliqué que *spoilers*tout le monde est mort??? et que Karasuba abuse sexuellement de Beniyuri jour et nuit, au point qu’ils en perdent la notion du temps*fin des spoilers* et une good end où *spoilers*Beniyuri accepte de sortir avec lui par pitié mais elle lui dit clairement qu’elle ne l’aime pas… en tout cas pour l’instant…*fin des spoilers* pas la plus romantique des fins mais bon, est-ce qu’il mérite mieux ? non.
Monshiro n’est pas arrivé en même temps que les autres personnages; il erre dans le manoir depuis bien plus longtemps, cache son visage avec un masque et n’est a priori pas hostile puisqu’il aide l’héroïne à l’occasion.
En vrai… c’est un personnage adorable, je l’aime bien !, une route très mélodramatique et absolument pas crédible sur la toute fin mais c’est encore celle dans laquelle je me sentais le plus impliquée (mais seulement parce que la barre était placée très bas). De temps en temps, c’est le malaise, parce que Monshiro agit encore comme un enfant, mais en règle générale, sa relation avec Beniyuri est mignonne et innocente. Ca passe.
Ca passe moins. Mais il faut dire que Hikage est un personnage intéressant, responsable du gros retournement de situation du jeu (enfin un peu d’ambiance !). *spoilers*C’est un méchant !!! Plus précisément, c’est un traître qui fait semblant d’être arrivé en même temps que Beniyuri et les autres mais qui est en fait nul autre que le propriétaire des lieux.*fin des spoilers*. Ca met un peu d’ambiance tout ça… malheureusement, quand on débloque sa route, on est, théoriquement, déjà assez avancé dans le jeu et dans l’histoire donc forcément… il y a moins de surprise… on sait déjà, en grande partie, de quoi il en retourne… Sa route permet d’avoir les détails, le contexte, les explications… mais ce n’est pas forcément une bonne chose vu que c’est tiré par les cheveux, trop tragique pour être crédible et pas forcément bien écrit. Hikage en lui-même n’est pas attachant et, *spoilers*même en admettant que ça fasse partie de son personnage (ce dont je doute)*fin des spoilers* c’est probablement le personnage qui déblatère le plus de remarques sexistes.
Hé oui, dans ce jeu-là non plus, on n’y échappe pas, il y a un florilège de commentaires sexistes et de scènes de harcèlement sexuel. Je n’ai pas tout noté mais il y a…
- Un certain nombre de scènes de mecs qui entrent dans sa chambre et qui après lui reprochent de les avoir laissé entrer parce que « tu sais pas ce qu’un garçon peut faire quand il est seul avec une fille dans sa chambre, tu devrais te méfier »…
- Des baisers volés, des mecs trop tactiles, que des grands classiques.
- Des remarques à base de « y’a pas pire insulte que de se faire traiter de fille » ou de « je pense pas que toi en particulier tu sois faible, je pense que toutes les filles sont faibles »
- Mais aussi de « si un garçon t’embête, t’insulte et te frappe, c’est parce qu’il est amoureux de toi et veut attirer ton attention ! » de la part d’une mère en plus ! maman !?!
- Et ce qui m’a particulièrement gênée, c’est que Beniyuri soit une des premières à réussir à faire apparaître une arme pour se défendre (je n’ai pas encore eu l’occasion de le mentionner mais ils se défendent contre les monstres en faisant apparaître des pistolets avec le pouvoir de leur imagination) (…) mais après coup c’est bizarrement la seule à ne pas réussir à faire apparaître un pistolet et à s’en servir donc les garçons doivent lui apprendre…
Beniyuri, d’ailleurs, parlons-en. On ne peut pas dire qu’elle soit particulièrement désagréable à incarner; Déjà, elle est doublée : elle a la voix de Nakahara Mai, qui a aussi joué Rena dans Higurashi ! C’est rare et ça fait toujours plaisir. Ensuite, elle a ses moments de braverie, elle est gentille (comme toutes les héroïnes d’otoges vous me direz…) et… c’est à peu près tout. Après plusieurs échos positifs que j’avais eu à son sujet, je m’attendais à une héroïne un peu moins banale mais elle est finalement très niaise et très lisse… Mais il y a toujours pire.
Il n’empêche qu’à une exception près, tous les mecs sont, d’emblée!, amoureux d’elle. Ca ne devrait sans doute pas me surprendre dans un otome game, mais là c’est quand même gros. En fait, *spoilers*puisqu’ils sont tous amis depuis le bac à sable, ils sont tous amoureux de l’héroïne depuis leur plus tendre enfance, probablement parce que c’est la première fille avec qui ils ont été en contact et qu’elle était gentille, et, même 10 ans après, ils ont toujours les mêmes sentiments à son égard.*fin des spoilers* Aucun développement, on ne les voit pas tomber amoureux, ils faut juste accepter qu’ils ont tous vu leur âme-sœur en Beniyuri. J’ai dit plus tôt que c’était une histoire d’amitié parce que c’est de toute évidence comme ça que le jeu a été pensé, mais au final, il y a très peu de moments de camaraderie entre les personnages dans la mesure où ils sont tous un peu en compétition et que c’est d’ailleurs ça la source de tous leurs ennuis.
J’arrête le massacre mais avant de conclure, je tiens quand même à dire que malgré tout ce que j’ai pu dire, je ne pense pas que tout soit à jeter. Comme je le disais au début de l’article, certaines choses qui ne me plaisent pas à moi plairont forcément à d’autres, et j’ai déjà pu constater que plein de gens y avaient trouver leur compte. Il a des défauts, c’est certain, mais je sais aussi que des joueur-euses lui trouveront des qualités. En ce qui me concerne, c’était juste vraiment pas ma tasse de thé.
Si vous voulez lui donner une chance et vous faire votre propre avis, assurez-vous juste de toujours avoir un bon walkthrough sous la main !
A noter qu’il existe également une suite intitulée Psychedelica of the Ashen Hawk ; j’ai bon espoir pour cet opus car il ne reprend ni la même histoire ni les mêmes personnages et j’ai ouïe dire que le système de flowchart avait connu quelques améliorations… Ceci dit, bien que je l’aie déjà acheté et qu’il attende actuellement au chaud dans mon backlog, je n’ai pas encore eu l’occasion d’y toucher au moment où j’écris ces lignes, donc avant de nous retrouver pour une review de ce jeu-là, on parlera encore de Steins;Gate et Code: Realize ~Wintertide Miracles~ ! Un programme bien chargé, donc je vous dis d’ores et déjà à bientôt.
En attendant, si vous voulez partager votre avis et discuter du jeu dans les commentaires, ça sera avec grand plaisir que je vous lirai et vous répondrai !
Je n’ai jamais vraiment joué à des otome game (sauf si on compte les gratuits sur portable mais bon je ne pense pas que ce soit le même niveau) du coup j’aime lire tes articles dessus.
Du très peu de chose que j’ai vu dessus, j’aime bien le chara design. ll n’est pas fantastique en soi mais il a un petit quelque chose qui m’attire.
Après pour le jeu en lui-même on sent qu’il y a des petits soucis de part et d’autres.
« Kagiha est la version lowcost de Makoto Tachibana » : tous font pâle figure face à lui X)
Hé bien merci beaucoup, ça me fait plaisir que tu lises ces articles alors que c’est des jeux auxquels tu ne comptes pas forcément jouer !!!
Vraiment une histoire de goût ce chara-design j’imagine, même les critiques qui sont assez similaires aux miennes en font l’éloge… faut bien que ça plaise à certaines personnes ! Tu me diras ce que tu penses de celui de la suite, Ashen Hawk… perso, je le préfère, de très loin !
Souvent imité, jamais égalé…!
Ce que j’ai retenu de l’article : Makoto est dans le jeu!!! ♡
Je plaisante, ce jeu était dans ma liste d’envie mais je me dis qu’il ne passera pas en priorité !
En tout cas c’est toujours un plaisir de te lire!
Merci, c’est trop gentil !!!
Par contre… je suis en train de terminer la suite là, Psychedelica of the Ashen Hawk, et j’ADORE donc rien que pour ça… ça vaut quand même le coup de se taper PotBB… (bon après… sans vouloir trop m’avancer parce que j’ai pas fini à 100%… j’ai quand même l’impression que tu peux jouer à Ashen Hawk sans avoir fait PotBB au préalable mais c’est quand même toujours mieux de faire dans l’ordre j’imagine…).
En tout cas, au moment venu, j’espère que ça te plaira quand même un peu !!