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Anime pour « fujoshi » ?

Voilà maintenant une semaine que j’ai publié l’article intitulé « Est-ce que Yuri!!! on Ice pourrait, mais surtout /devrait/ être plus gay ? ». L’anime n’a pas perdu de temps pour répondre à toutes les questions que j’y posais, alors entre temps, je l’ai mis à jour, pour dire que j’étais optimiste concernant la suite, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’exprimer ma réticence face à l’officialisation de cette relation. Pour moi, le problème majeur, c’est le public ciblé par cet anime: les fujoshi. Beaucoup n’ont pas compris comment j’en étais arrivé à la conclusion que cet anime visait un tel public.

J’imagine que la confusion vient de la connotation du terme « fujoshi »: par définition, il désigne les filles fans de boys love, les romances entre deux hommes, écrites par des femmes pour d’autres femmes (généralement hétéros). Alors quand je dis « anime pour fujoshi », c’est vrai que ça pourrait impliquer tout anime avec ce fameux sous-texte homoérotique dont on a déjà tant parlé, voire carrément un anime « yaoi ». Mais pas forcément ! Parce que de plus en plus, le mot « fujoshi » est utilisée comme un équivalent féminin d’ « otaku ».

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Donc quand on parle d’anime pour « otaku », on entend anime avec du fanservice à base de lolis, corps aux proportions irréalistes, seins qui défient les lois de la physique et overdose de moe. C’est fait pour plaire à un public masculin bien particulier, un public de niche.

Et les anime dits pour « fujoshi », c’est la même chose, mais fait dans l’esprit de plaire avant tout à un public féminin, encore une fois un public de niche: beaux gosses qui font du sport, beaux gosses dans un groupe d’idols, reverse-harem, et tout ce qui s’en suit.

Au final, peu importe votre genre, vous pouvez aimer n’importe quel type d’anime, mais la réalité des choses, c’est que lorsqu’un studio produit un anime, c’est dans le but de faire du profit, et la solution de facilité, c’est souvent de s’adresser à un public dévoué, c’est à dire des fans qui seront prêts à acheter n’importe quel produit dérivés, et bien sûr, les DVDs. Et au Japon, on distingue bien deux types de consommateurs, deux communautés qui ont chacune des fantasmes bien précis: d’un côté, ceux qui veulent du moe (souvent des hommes), et de l’autre, ceux qui veulent des bishounen (souvent des femmes). Voilà comment se sont dessinées les deux catégories « otaku » et « fujoshi ». L’une trouve sa place dans les rues d’Akihabara et l’autre arpente Otome Road à Ikebukuro.

Si vous n’avez pas lu mon article sur le coût d’un anime, c’est le moment ou jamais!, ça apporte un peu de contexte:

En plus de parler des dépenses qu’engendre la production d’un anime, j’explique que contrairement à ce qu’on pourrait croire par chez nous, un anime est rarement « tout public ». Les anime qui marchent le mieux sont ceux qui sont diffusés durant la journée, et c’est des anime « pour toute la famille », des petites productions courtes comme Sazae-san ou Doreamon. Le reste passe généralement après 23h. Même les titres « josei », « shounen »,… qui font aussi dans le marketing genré mais s’adressent un public déjà un petit peu plus large (pas forcément « otaku ») ne sont pas « mainstream » au Japon. Pour qu’un anime rapporte gros, l’idéal serait qu’il rencontre un large succès à l’international, comme Shingeki no Kyojin a su le faire.

Tout ça pour dire qu’une bonne stratégie pour amasser du fric et rentabiliser une production, c’est savoir parler au bon public, et lui donner ce qu’il veut.

Depuis… disons 2010… le marché de l’anime s’est rendu compte que les filles aussi pouvaient dépenser des sommes folles dans leurs séries préférées, et c’est comme ça qu’on a commencé à voir de plus en plus d’anime qui leur été destinés. Mais encore une fois, on parle bien de « fujoshi », d' »otaku », des fans très impliquées et dévouées. Au final, des anime « pour les filles » qui ne s’adressent pas à cette catégorie bien spécifiques de fans, y’en a de moins en moins…

Ore Monogatari!! visait les jeunes filles, Shouwa Genroku Rakugo Shinjuu ciblait un public féminin plus mature,…

Après, certains anime peuvent viser un certain public et se retrouver avec une audience complètement différente. J’imagine qu’Osomatsu-san en est un exemple, et un bon!; peut-être que je me trompe, mais je crois qu’à l’origine, l’anime n’avait pas pour but de plaire à un public féminin, et pourtant, ses ventes ont explosées grâce à ce dernier.

Il y aussi des titres qui sont un peu « entre les deux »; je pense à Haikyuu!! ou encore Kuroko no Basuke, qui sont, à la base, des manga publiés dans le Weekly Shounen Jump. Tout est dans le titre: c’est littéralement un magazine qui s’adresse aux jeunes garçons. C’est pas pour autant qu’il a renoncé à s’attirer un lectorat féminin.

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Les statistiques de Nikkei Shimbun en 2012 montrent les séries populaires auprès des filles, et celles qui plaisent davantage aux garçons.

Source: article de FoxxFireHeart.

Haikyuu!!, Gintama, Reborn, Kuroko no Basket,… on a lectorat largement féminin, tandis que chez les garçons, on lit plutôt Nisekoi, Kochikame, Medaka Box, Toriko et Beelzebub.

Comme leur nom l’implique, c’est vrai que les fujoshi sont souvent de grandes amatrices de Boys Love ! ça n’aura échappé à personnes. Du coup, pour leur plaire sans pour autant faire un anime explicitement « BL », les studios n’hésitent à insister lourdement sur le sous-texte homoérotique. C’est pas systématiquement le cas: y’a rien de tout ça dans Osomatsu-san, ni dans Uta no Prince-sama (ce qui n’empêche pas les fans de se laisser aller à leur fantaisies; les doujinshi le prouvent bien, et sont là pour ça). Mais c’est très récurrent. On l’a vu dans Free!, mais aussi dans Days, Binan Koukou Chikyuu Boueibu Love!,…

Revenons-en maintenant à Yuri!!! on Ice: très clairement, l’anime appartient à la catégorie « fujoshi », et c’était clair dès le début. Ces dernières années, les anime de sport sont devenus très populaire auprès des fans d’anime: tout a commencé avec Prince of Tennis, puis on a eu Haikyuu!!, Kuroko, Yowamushi Pedal, Ace of Diamond, Free!,… et Yuri!!! on Ice s’est naturellement ajouté à la liste. Si l’omniprésence des beaux gosses ne suffit pas à vous convaincre:

– l’anime est diffusé à 2h21 du mat au Japon, donc clairement, c’est pas un anime tout public

– sa promotion est faite dans des magazines destinés à un lectorat féminin, comme Pash! ou Spoon.2Di

– l’anime a pris d’assaut les magasins Animate, ainsi que la convention Animate Girls Festival: l’Animate est une chaîne de magasins qui s’adressent avant tout à une clientèle féminine.

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Juste quelques exemples qui suffisent à identifier qui est la cible de Yuri!!! on Ice…

Et les anime comme ça, je les adore. D’ailleurs, à la seconde même où Yuri!!! on Ice a été annoncé, alors qu’on n’avait même pas encore de visuel, j’étais déjà fan. Aussi, je sais pas si vous avez remarqué mais… je suis fan de Free!. Et sur ce blog, c’est principalement le type d’anime dont je parle. Je l’ai d’ailleurs nommé « Otome Street » ! Mais je fais aussi partie de la communauté LGBTQ+, et je me soucie de sa représentation dans les médias.

Donc quand ces anime exploitent les relations homosexuelles pour le fanservice, ça me fait grincer des dents.

Pour moi, tout l’intérêt de la représentation, c’est d’offrir de la visibilité aux personnes LGBTQ+. On ne s’en rend pas toujours compte quand on est largement représenté dans les médias, mais c’est très important de pouvoir se reconnaître dans des personnages, de pouvoir s’y identifier et d’avoir des figures qui nous ressemblent. Ca aide à s’accepter, voire à se comprendre, et ça fait juste beaucoup de bien. Ca permet aussi de normaliser certaines choses, de permettre aux minorités d’être mieux acceptées et comprises par les autres. C’est pour ça qu’il faut plus de personnages LGBTQ+ dans les médias « mainstream » qui touchent un large public, mais aussi plus de personnages féminins!!, de personnes racisées, non-valides,…

Quand un anime comme Yuri!!! on Ice montre un couple gay… je suis contente, j’ai envie d’être optimiste, et c’est d’ailleurs ce que j’ai dit dans mon article: je pense que c’est un pas en avant. Mais je ne peux pas ignorer… pour qui est cet anime. C’est pour les filles. Les fans d’anime. Fans qui sont friandes de relations homosexuelles. C’est du fétichisme, de mon point de vue. Et dans tous les cas, c’est pas de la « représentation », ou du moins elle n’est pas efficace.

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J’adore Victuri, c’est une relation fantastique, et pour la première fois, j’ai pas été « queerbait ». Mais ça reste dirigé à un public féminin. C’est pas pour les personnes LGBTQ+, c’est chouette mais loin d’être aussi progressiste que Tumblr veut bien le croire. Au Japon, ça ne contribue pas à la cause LGBTQ+, ça n’aide pas les hommes gays, et d’ailleurs, la plupart ne regardent pas cet anime, peu de gens le regardent en dehors des fangirls. Donc j’en reviens à cette crainte: est-ce que ça vaut vraiment le coup ?

Après, l’anime est diffusé en simulcast à l’étranger grâce à Crunchyroll; alors je veux bien croire que certaines personnes, dans nos contrées, puissent se sentir « représentées », peut-être que ça a quand même un impact positif, mais… le tout dans le tout, je suis pas convaincue. Je ne pense pas que ça va faire avancer grand chose. Et le fandom autour est majoritairement composée de jeunes filles, jeunes femmes, qui pour la plupart fétichisent ce genre de relations. Le marketing autour de l’anime exploite ça. Donc…

Mais peut-être suis-je trop pessimiste, peut-être que le Boys Love, et les anime comme Yuri!!! on Ice, peuvent jouer en la faveur de la cause LGBTQ+ au Japon ? Le sujet de l’article n’est pas le BL, donc je ne vais pas m’étaler, mais j’aimerais vous rediriger vers une lecture intéressante.

C’est un article Harada Akemi pour le site withnews.jp, traduit en anglais par Takurei’s Room (qui est d’ailleurs un super site si vous vous intéressez à la situation LGBTQ+ au Japon).

Je vous laisse lire, mais en gros:

– je ne vous apprends rien mais chaque individu est différent: ainsi, même si des hommes gays n’aiment pas le BL, trouvent ça irréaliste et n’apprécient pas que des filles se forgent une image de « l’homme gay idéal » qui na pas lieu d’être, certains n’ont aucun souci avec les « fujoshi », voire, lisent du BL

– pour Susumu Ryuu (éditeur-en-chef du magazine gay Barazoku), il y a deux types de « fujoshi »: certaines ne savent pas différencier la réalité de la fiction, et d’autres ont un peu plus de considération pour les hommes gays et sont soucieuses de les blesser avec leurs fantasmes

– certaines hommes témoignent du harcèlement de la part de « filles pourries » auquel ils ont fait face, et c’est exactement mon problème avec les « fans de yaoi ». Certaines vont trop loin, confondent BL et réalité, et vont manquer de respect à des vraies personnes. Quelqu’un raconte qu’une femme qu’il ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve lui a demandé comment c’était au lit avec un homme, un autre homme a eu affaire à une auto-proclamé fan de BL qui avait « toujours rêvé de rencontrer un homo »,…

– mais Mizoguchi Akiko, maîtresse de conférence dans une école de droit, pensent que le BL peut profiter aux hommes gays dans le sens où lire des histoires à leur sujet peut aider les filles à « compatir » avec eux en s’imaginant à leur place…

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Voilà pour vous donner une idée. Dans cet article, on ne parle pas de BL, mais c’est définitivement lié puisque les anime pour fujoshi jouent souvent sur les sous-entendus homoérotiques, et ont un public amateur de BL. Même quand un anime n’est pas classé « yaoi », la fanbase autour ne perd jamais de temps pour s’en imaginer. Donc quelque part, ça s’applique un peu à notre sujet. Franchement, je ne pense pas que c’est ce dont la cause LGBTQ+ a besoin. Je ne vis pas au Japon donc je ne suis pas bien placée pour en parler, mais il y a peu de représentation positive des personnes LGBTQ+ dans les médias, et même en dehors de ça, la communauté doit se battre pour ses droits, et pour être acceptée. C’est encore un peu taboo, tout ça.

Alors plus que des bande dessinés pornographiques où des hommes couchent ensemble, plus que des anime avec des romances gays, peut-être que ce qui rend le plus service à la cause, c’est d’être mise en avant dans des médias tout publics, avec des personnages LGBTQ+ comme dans Last Friends, des célébrités ouvertement LGBTQ+ comme AyaBambi ou Ataru Nakamura, des events comme la Rainbow Parade,…

Encore une fois: je suis pas japonaise, donc je peux pas m’étaler sur le sujet, mais j’imagine que c’est plus utile que le… boys love.

Tout ça pour en venir au fait que… je pense que c’est attribuer trop de mérite à Yuri!!! on Ice que de dire qu’il contribue à quoi que ce soit pour la cause LGBTQ+ au Japon. Cela dit, je veux croire que c’est un pas en avant, et peut-être que ça encouragera plus de studios à faire des anime avec des protagonistes non-hétéros, de préférence des anime ne se cantonnant pas aux « fujo ». En attendant, c’est pas une avancée aussi exceptionnelle qu’on aimerait le penser.

Sur ce, je pense avoir expliquer et développer ce que je voulais, alors une nouvelle fois, la parole est à vous ! Dites-moi ce que vous pensez de l’officialisation du couple Victuri, et du fait que l’anime vise un public féminin, et discutons-en dans les commentaires !

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Est-ce que Yuri!!! on Ice pourrait, mais surtout /devrait/, être plus gay ?

 


Partie 2: J’y explique en quoi Yuri!!! on Ice est un anime pour fujoshi. 

Partie 3: Je parle des aspects positifs de cette « représentation ».


Vous l’avez vu venir à des kilomètres cet article, non ? Non seulement, je suis une fan de la première heure de Yuri!!! on Ice, je suis aussi très préoccupée par la représentation des personnes LGBTQ+ dans les médias, et… pas besoin de plus d’un épisode de cet anime pour comprendre en quoi les deux sont liés. Je ne sais pas s’il est nécessaire de se perdre dans une plus longue introduction, parce qu’aujourd’hui, on se pose deux questions très simples, la première étant:

  • Est-ce que Yuri!!! on Ice pourrait être plus gay ?

Il y a tant de raisons d’aimer Yuri!!! on Ice, et l’anime connaît d’ailleurs un succès bien mérité; mais son principal atout, au-delà des superbes séquences de patinage, c’est bel et bien la relation entre ses deux protagonistes, Victor et Yuri. Victuri, pour les intimes.

On s’attendait à une bonne dose de fanservice homoérotique comme on nous en sert si souvent ces dernières années, et effectivement, les deux personnages sont très proches, tellement proches que beaucoup de gens se demandent maintenant si ça ne va pas aboutir à une relation « officielle ».

C’est vrai qu’il y a matière à se poser la question. A l’heure où j’écris, l’épisode 6 vient de sortir; admettons que l’anime ait autour de 12 épisodes, on en serait donc à la moitié. Et chaque épisode, le patineur et son coach se rapprochent un peu plus… C’est une relation qui plait parce qu’on l’a vu se développer: au début, Yuri ne savait jamais où se mettre face aux avances de Victor, mais petit à petit, il a commencé à cherché le contact de lui-même, et à présent, on ne compte même plus leurs étreintes. On a pu assister à plein de petits moments de complicité, d’intimité, mais aussi à de grandioses scènes transpirantes de tension sexuelle. Bien que tout le programme de Yuri consiste à séduire Victor, et qu’il a plus ou moins explicitement déclaré son amour pour son coach à la télévision nationale, le fait est que… on ne peut toujours pas affirmer qu’ils sont en couple, ni même que la nature de leur relation est romantique. Du moins, ça n’a pas encore été dit clairement, ça n’a pas été dit franchement, et on ne peut le lire nulle part noir sur blanc.

Mais à ce stade, je me demande quand même où est la frontière entre le queerbaiting et le sous-texte.

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On parle de « queerbaiting » quand les scénaristes font exprès de sous-entendre qu’il se passe un truc entre deux personnages du même genre pour attirer les « fangirls » et/ou un public LGBTQ+, sans pour autant avoir l’intention de confirmer quoi que ce soit. Les séries qu’on pointe le plus souvent du doigt sont Supernatural, Sherlock et Teen Wolf. Mais les anime ne sont pas innocents non plus !! Glisser un sous-texte gay pas très subtile est une forme de fanservice qui a fait ses preuves, surtout depuis qu’il y a tout un marché qui essaie de satisfaire les « fujoshi ».

Mais un sous-texte homoérotique dans une œuvre n’est pas toujours mal intentionné. Sous-texte, ça veut dire qu’on ne nous dit pas les choses, mais on nous les montre. Et j’ai sincèrement envie de croire que Yuri!!! on Ice n’est pas juste du bête fanservice, je n’ai pas envie de retomber dans un piège à la Hibike! Euphonium, mais j’ai l’impression qu’on veut nous faire comprendre que Victor et Yuri s’aiment. Ils sont devenus si nonchalamment tactiles, même autour des autres, même devant les caméras… sans parler du fait que, même si on a jamais entendu un franc « je t’aime » sortir de leurs bouches, on a eu le droit à tous les dérivés possibles. Clairement, si on avait affaire à un garçon et une fille, la question ne se poserait déjà plus depuis longtemps.

Certains pensent que d’ici la fin de l’anime, la relation prendra une forme plus « officielle », certains espèrent même un baiser. Personnellement, je pense que rien qu’une confirmation de Yamamoto Sayo me suffirait. Leur relation telle qu’elle est actuellement peut être interprété comme une relation romantique sans trop d’ambiguïté, ça a plus de sens de les voir en couple que d’imaginer leur relation platonique, mais déjà que je n’aime pas trop lire entre les lignes, il faudrait que ça soit confirmé par Yamamoto ou par MAPPA, comme DiMartino et Konietzko l’avaient fait pour Korra et Asami dans The Legend of Korra. Je pourrais comprendre que ça soit un cas similaire où le studio d’animation ou la chaîne de télé ne veuille pas « prendre de risque », même si j’en doute et que ça me frustrerait quand même.

De toute façon, on ne peut qu’attendre. Yuri!!! on Ice n’en est qu’à son sixième épisode. Peut-être qu’ils s’embrasseront. Peut-être que leur relation sera officialisée. Peut-être que quelqu’un du studio dira clairement les choses telles qu’elles sont dans une interview. Ou peut-être que ça n’ira jamais plus loin que ce qu’on a vu jusqu’à présent.

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Après, c’est bien beau tout ça, mais on ne peut pas ignorer la deuxième question.

  • Est-ce que Yuri!!! on Ice devrait être plus gay ?

Ce n’est peut-être pas la bonne formulation, je pense qu’on peut s’accorder à dire que la réponse est « oui ». Mais quelque chose me gêne dans toute cette histoire. Je pense qu’il ne faudrait pas qu’on oublie quel genre d’anime est Yuri!!! on Ice; en fait, je l’ai même déjà mentionné: c’est un anime de sport, qui vise avant tout un public féminin. Le public féminin en question, ce n’est pas n’importe lequel: c’est les « otaku », les « fujoshi »,… Ce n’est pas un anime « mainstream », il est d’ailleurs diffusé à 2h du matin au Japon, son audience est un public de niche, bien habitué à ce genre de divertissement. Ce qui plait, ce qui fait vendre, c’est ce genre de relation, c’est ce sous-texte, c’est cette tension. Donc même si « Victuri » venait à être officiel, j’aurais peur que ça soit juste pour répondre aux attentes d’un public majoritairement féminin et hétéro qui fétichise les relations homosexuelles.

Rien que le public international est comme ça, j’ai juste à faire un tour sur Tumblr pour voir que les personnes les plus investis dans cet anime et dans ce pairing, c’est des auto-proclamées fans de « yaoi »/BL.

Une relation fétichisée, c’est pas exactement le type de représentation idéal.

Que ça soit au Japon ou ailleurs, je doute fortement qu’un couple canon dans un anime comme Yuri!!! on Ice aide à normaliser les personnes et les relations LGBTQ+. Ou peut-être que si, mais ça serait bien qu’on puisse nous accepter sans avoir besoin de nous fétichiser. Je pense que ça pourrait néanmoins aider quelques personnes LGBTQ+, parce que ça fait toujours plaisir d’être reconnus, de voir que les médias se souviennent qu’on existe, et ça peut faire beaucoup de bien de voir des personnages « comme nous ». Mais j’ai quand même ce malaise qui accompagne l’idée. Parce que ces anime, je les connais, et ils cherchent plus à nous exploiter que nous représenter.

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J’adore les anime pour les filles, ce blog tourne autour, et au final je fais partie de ce public, mais ce genre de « fanservice », il me fait quand même sacrément chier. Pourtant, à chaque fois je me laisse avoir (que ça soit dans un anime ou dans une série), même quand au fond, je sais que j’espère pour rien, je m’y accroche parce que c’est ce qui se rapproche le plus d’une relation non-hétéro à l’écran. On fait avec ce qu’on a. Mais c’est pas normal.

Pour résumer:

  • Je ne sais pas si Yuri!!! on Ice fait dans le queerbaiting ou dans le sous-texte mais au point où on en est, je me demande bien ce qu’il manque pour confirmer que Victuri est canon.
  • Puis finalement quand j’y pense un peu plus longuement, je me rappelle de tous les autres anime qu’il y a eu avant Yuri!!! on Ice qui nous on fait espérer jusqu’au bout pour rien. Je suis fan de Free! hein, on me la fait plus. Leurs intentions sont claires: faire vendre, et pas nous représenter.
  • Du coup, je sais même plus si j’ai envie que cette relation aille quelque part; si c’est juste pour plaire aux fujoshi, est-ce que c’est vraiment la peine ? quel genre d’impact ça aura, et sur qui ? Dans une certaine mesure, ça aura un impact positif, puis je m’en réjouirais rien que parce que j’aime ce pairing, mais j’aurais aimé que les circonstances soient différentes.

Je vous laisse maintenant la parole, parce que je tiens vraiment à lire votre avis sur le sujet !



 

On dirait que l’anime a pris mon article comme un challenge, parce que j’écris cette petite mise à jour pas moins d’une semaine après la sortie initiale de cet article, juste après la diffusion de l’épisode 7, et… Yuri!!! on Ice vient de prouver que, oui, il pouvait être plus gay qu’il ne l’était déjà.

En effet, Victor et Yuri se sont embrassés. … Incroyable. Honnêtement… même si j’avais dit que tout était possible, je ne m’y attendais pas, je n’y croyais pas. Et pourtant, à partir de maintenant, il n’y a plus de place pour le doute: ce deux-là s’aiment, et ne s’en cachent pas.

Ma crainte persiste: cet anime cible un public bien précis, et je me méfie du fanservice comme de la peste. J’avais dit que si ça venait à être canon, c’était génial, mais que j’aurais préféré que les circonstances soient différentes. C’est toujours le cas. J’aurais aimé que ça soit un anime tout public. Je vois quand même le bon côté des choses: Yuri!!! on Ice rencontre beaucoup de succès, même en dehors du public originellement visé. C’est pas exactement le type de représentation idéale, pour moi c’est toujours de la fétichisation avant d’être de la représentation, je continue à le dire, mais c’est déjà un pas en avant.

C’est la première fois qu’on voit un couple gay dans un anime de sport. C’est l’une des seules fois qu’on a vu un couple gay dans un anime, d’ailleurs.

Suite à cet épisode, je me suis fait la réflexion: quand il s’agit d’anime qui ne sont pas classés BL/GL, autant je peux quand même citer quelques personnages féminins LGBTQ+, autant je peux compter les personnages masculins gays sur les cinq doigts de ma main. Alors c’est très chouette de pouvoir en ajouter à la liste.

En tout cas, j’ai eu une réponse à la question que je me posais: ce n’est pas du queerbaiting, pas plus que c’est du sous-texte. C’est simple, clair, gay, net et précis. Plus besoin de lire entre les lignes.

Reste à voir ce que la suite nous réserve, mais j’ai envie d’être optimiste, pour changer.

En espérant que Yuri!!! on Ice ne soit pas l’exception à la règle, mais le premier d’une longue liste d’anime, de préférence tout public, qui ose aller plus loin que les sous-entendus.

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Qu’y a-t-il sur les étagères de ma bibliothèque ? 2

La dernière fois que j’ai écrit un article portant ce nom, je vous ai présenté cinq de mes manga préférés. Aujourd’hui, j’ai pensé qu’on pourrait continuer à fouiner dans ma bibliothèque, et parler de certains romans que j’apprécie. Concept assez simple, donc on commence sans plus attendre.

1507-1Lolita (1955), de Vladimir Nabokov. Peut-être bien que c’est mon livre préféré. En tout cas, c’est un classique, normalement vous en connaissez au moins les grandes lignes: depuis sa cellule de prison, Humbert Humbert se remémore ses années passées à côté de la nymphette pour qui il nourrissait une obsession sans limite, Dolorès Haze, dite aussi « Lolita ».

Si ce livre me fascine, c’est de part sa narration: l’histoire, on la vit à travers les yeux d’Humbert, Humbert qui est un homme de lettres, il a l’art de manier les mots, et ça, c’est un pouvoir extraordinaire. « Lolita », au final, qu’est-ce que c’est, si ce n’est le récit d’un pédophile qui essaie de justifier son crime ? Mais ce narrateur, « H.H », il sait bien tourner ses phrases, il sait s’exprimer, et gagner le respect et la sympathie des lecteurs pour mieux légitimer ses actions ensuite.

Si Nabokov avait un but en écrivant ce livre, c’était sûrement de montrer le pouvoir des mots, de prouver que lorsqu’on renvoie l’image de quelqu’un de cultivé et distingué, on n’a aucun à manipuler son public. C’est un roman très bien écrit, c’est facile de tomber dans le piège de l’auteur, il a réussi son coup. Un peu trop même. Tant de gens ont terminé ce livre, convaincus que « Lolita » était une romance… la majeure partie des maisons d’éditions ont sexualisé Lolita sur la couverture du livre… Vanity Fair l’aura même qualifié de « seule histoire d’amour convaincante de notre décennie ». Trop de gens passent complètement à côté de l’intérêt du livre, et ça aussi, ça me fascine, autant que ça m’effraie.

ma-vie-de-geishaJe pourrais déblatérer encore des heures à ce sujet mais passons plutôt à un autre livre que j’affectionne tout particulièrement: Ma vie de geisha (2002),  d’Iwasaki Mineko.

Beaucoup de gens admirent la beauté des geisha, moi y compris, mais que sait-on vraiment sur elles ? Par chez nous, on est assez confus à propos de ce qu’est une geisha, je crois que l’idée reçue que j’ai le plus entendue est que ce sont des « prostituées de luxe »… Si vous êtes intéressés par les geisha, et que vous voulez vraiment savoir en quoi consiste leur vie, leur métier,… la meilleure solution est de l’apprendre de la bouche d’une concernée. En effet, Ma vie de geisha est l’autobiographie d’Iwasaki Mineko, qui, jusqu’à ce qu’elle prenne sa retraite avant ses 30 ans, était la geiko la plus connue du Japon.

Vous connaissez sûrement « Geisha » ou « Mémoires d’une geisha », le roman, plus tard adapté en long-métrage, d’Arthur Golden. Si vous l’avez vu ou lu, oubliez-le, c’est tout sauf une référence. Pour livre, Golden a interviewé plusieurs geisha, dont Iwasaki Mineko, en leur promettant de préserver leur anonymat, chose qu’il n’a finalement… pas faite. En plus de ne pas avoir respecté sa volonté à ce sujet, l’auteur a pris quelques libertés avec la réalité, pour ne quand même pas trop s’éloigner du fantasme occidental de la geisha… Le livre a largement été critiqué pour ça, mais encore beaucoup de gens l’ignorent; pourtant, Iwasaki a même porté plainte pour rupture de contrat et diffamation.

Puis, elle a écrit son propre livre pour raconter son parcours, parcours qui a débuté dès l’âge de 5 ans quand elle a dû quitté sa famille pour rejoindre une okiya de Gion. C’est une lecture très intéressante, on apprend tellement de choses, l’écriture est simple et sincère, il y a même quelques photos!, et au moins, on a une représentation réaliste de la profession, bien loin du fétiche des occidentaux, des geiko de Gion sont des artistes qui travaillent dur, sans relâche et ce depuis le plus jeune âge.

Lire la suite de « Qu’y a-t-il sur les étagères de ma bibliothèque ? 2 »

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5 minutes dans un maid café.

On m’a demandé de raconter mon expérience dans un maid café, donc voici.

Pour les plus anciens, et fidèles, d’entre vous, ce n’est rien de nouveau: aujourd’hui, je ne fais que recycler un sujet que j’ai déjà traité sur mon ancien blog, et mon expérience, je l’ai relaté en quelques lignes dans un de mes tous premiers articles ici. Parce que oui, mon passage éclair dans un maid café ne date pas d’hier: on va remonter jusqu’à mon premier voyage au Japon, il y a trois ans. Mais avant de replonger là-dedans, parlons un peu maid cafés, pour les possibles non-initiés.

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Les maid cafés sont des établissements où votre café vous est servi par des jeunes filles vêtues de costumes de servantes, inspirés des uniformes victoriens des soubrettes anglaises et françaises.

Robe, tablier, jupon, chaussettes hautes, serre-tête à dentelle,… elles vous accueillent avec un お帰りなさいませ、ご主人様 !; « Okaerinasaimase, Goshujinsama », qui peut-être traduit par « Bienvenue, maître », parce que dans un maid café, le client est littéralement roi: on l’appelle maître et il est traité comme tel.

Il est évident que ce concept vise un public bien particulier, mais même si les « otaku » sont les premiers concernés, les femmes, qu’on appelle alors Ojousama, sont les bienvenues.

Certains s’écriront « glauque! », et je serais un peu obligée de leur donner raison. Il y a beau ne rien à voir d’explicitement sexuel dans le concept et son exécution, c’est quand même un sacré truc de fétichiste!, et qui cultive cette image de la femme qui se doit d’être pure et soumise. Et il y en a pour tous les fétichistes.

Dans certains maid cafés, les serveuses jouent les « imouto », les petites-sœurs, le client n’est plus « maître » mais « onii-sama ». D’autres ont des events « tsundere », où les serveuses maltraitent et insultent les clients. Si vous n’êtes pas fans des soubrettes, on retrouve pas mal de « butler cafes », où les servants sont remplacées par des majordomes. Il y a un maid café où la particularité des serveuses est qu’elles sont rondes ! Dans les cafés « dansou », les serveuses se travestissent et jouent les majordomes.

Pensez à n’importe quel fétiche, et je vous assure qu’il a été tourné en maid café, ou au moins en event dans un maid café. Des serveuses qui vous massent ? Fait. Des serveuses qui vous donnent la petite cuillère ? Ca existe. Des serveuses en uniforme scolaire qui vous appellent « senpai » ? Bien sûr. Maids à lunettes ? C’est une évidence.

Et je vous prie de croire que ces endroits dégoulinent de kawaii, on peut y commander toutes sortes de plats et de boissons, et tous sont joliment présentés, arrangés de la façon la plus mignonne possible, tant et si bien que même le nom est niais et gênant à commander. Le plat le plus populaire, c’est « l’omuraisu », l’omette de riz sur lesquelles les maids proposent de vous écrire un petit message au ketchup…

Et on ne s’arrête évidemment pas à servir des plats: les prestations proposées varient en fonction des établissements mais on trouve vraiment de tout. Certains font dans l’iyashi-kei, tout ce qui touche à la relaxation, et d’autres dans l’entertainement-kei, donc tout ce qui est divertissement. Vous pouvez vous retrouver à jouer à jan-ken-pon (pierre-feuille-ciseaux), ou vous faire curer les oreilles (je n’invente rien) en fonction de l’établissement.

Souvent, il y a aussi la possibilité de prendre une photo avec votre serveuse. Généralement, c’est pris avec un polaroid, comme ça, le client peut directement récupérer sa photo, et la serveuse peut y inscrire un petit mot. Ces photos-souvenirs sont appelés des « cheki ».

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source: maidrunner

Comme dans n’importe quel lieu public, il y a des règles à respecter, et en théorie, on ne devrait pas avoir à demander aux gens de se comporter comme des personnes civilisées, mais ce genre d’endroits attire quand même pas mal de pervers qui n’ont pas toujours de bonnes intentions. Ces cafés ont donc des règlements très stricts, affichés soit à l’extérieur ou à l’intérieur, peu importe, et ça peut parfois choquer d’être présentés à une si longue liste de choses à ne pas faire, mais quand on regarde bien… Parmi ces interdictions, on lit « formelle interdiction de prendre des photos à l’intérieur du café » mais aussi « interdit de demander le numéro de téléphone ou l’adresse d’une maid », « interdit de se renseigner sur les horaires de travail d’une serveuse », « interdit d’attendre un membre du personnel à la sortie du café ou de les suivre dans la rue »,… Je n’ose imaginer le nombre d’employées qui ont été confrontées à des situations délicates du genre, voire à des agressions…

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Bref. Saut dans le passé. Août 2013. Je suis avec ma mère et ma grand-mère, il fait une chaleur étouffante et on a eu la bonne idée d’enchaîner trois visites dans la même journée sans un seul temps de pause. On est à Akihabara, on rampe, on sue, on a besoin de se poser quelque part, et c’est là qu’on se fait aborder par une maid.

Il faut savoir que c’est dans le quartier d’Akihabara qu’il y a le plus de maid cafés, c’est là que c’est né d’ailleurs, et on peut y voir plein de maids dans les rues, qui tendent des flyers aux passants, qui en racolent certains,… c’est ce qui nous est arrivé, et c’est comme ça qu’on s’est retrouvées dans un café Maidreamin.

On s’est laissées conduire à l’ascenseur parce que: pourquoi pas ? c’est cocasse, c’est une expérience qu’on ne pourra vivre nulle part ailleurs, c’est un café comme un autre mais avec un petit twist ! Ma mère était quand même réticente, mais la curiosité malsaine nous a poussé dans cette cage d’ascenseur, qu’on a partagé avec trois autres hommes. Les portes se sont ouvertes, on a tout de suite aperçu des femmes à une table, ça nous a un peu rassurées.

Une maid est venue à notre rencontre, nous a conduit jusqu’à notre table. Le malaise s’est tout de suite fait ressentir, ce comportement niais n’est pas très naturel ?, c’est franchement gênant, et en plus, on était pas vraiment le public auquel elle était habituée. Il y a une ambiance très spéciale, je pense qu’on peut s’en douter, mais on s’en rend vraiment compte qu’une fois qu’on y est.

Elle nous tend un menu, et on constate que cette amusante expérience a un prix: rien que s’assoir à une table coûte autour de 5€. Ce n’est finalement pas si surprenant, ces cafés sont toujours assez chers, on paye pour le concept. Il y a différents « sets »: vous avez le choix entre un set à une vingtaine d’euros où vous avez un dessert de votre choix + une photo avec un maid + un souvenir (comme un porte-clé ou une pochette), ou la même chose mais avec un plat chaud pour environ cinq euros de plus,…

On a monté d’un cran, que dis-je, dix crans, sur l’échelle de la gêne et du malaise quand, pour s’assurer qu’on avait bien compris comment fonctionnait le menu, la maid nous a demandé de… réciter une formule magique.

Pratique assez courante dans les maids cafés, finalement. Les serveuses invitent les clients à répéter une petite incantation et une chorégraphie avec leurs mains pour, par exemple, « rendre le plat meilleur! » et ce genre de niaiseries.

Résultat, on a dû répéter « One… Two… Three… Candle! », puis souffler avec elle sur une petite bougie. Ni ma mère, ni ma grand-mère, n’avait envie de jouer le jeu, et même si avec le recul, j’en rigole, sur le moment… c’était si tendu.

Et à ce stade, je pense que vous vous doutez de pourquoi cet article s’appelle « 5 minutes dans un maid café »: on était pas assez à l’aise pour s’éterniser, pour prendre plus qu’une boisson. Et si on est restées 5 minutes, et pas 2, c’est parce qu’on est arrivées pile au moment du « showtime » ! C’est une animation où l’une des maids monte sur une petite scène, et, de sa voix toute aiguë, chante une chanson tout en se trémoussant dans tous les sens. C’était épique, elle prenait ça très à cœur, les autres serveuses nous poussaient à l’encourager, et les habitués connaissaient déjà la chorégraphie et agitaient leurs glow sticks en rythme avec la musique.

Il était temps pour nous de nous éclipser.

Conclusion: c’est un truc à voir, à tenter, mais c’est pas pour tout le monde, et si je devais le refaire, ça serait peut-être pas avec ma famille… Lors de mon prochain voyage, je tenterais bien le butler café… ça serait plus en lien avec ce que je fais sur ce blog en plus, ça serait sympa à partager avec vous, mais… tout ce que je peux m’imaginer, c’est que ça doit être encore plus gênant… Mais on ne peut pas savoir avant d’y être allé, non  ?

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« Même sur mon rocking chair en tricotant, je pourrais continuer à lire des manga. »

En voilà un qui s’est fait attendre ! Je parle de faire cet article depuis plusieurs mois, mais au cas où vous seriez passé à côté, voilà comment l’idée est née:

En fait, le lycée est derrière moi, et j’approche tout doucement de la majorité, la « vie d’adulte » n’est plus si loin que ça, et je me suis surprise quelques fois à me demander qu’allait devenir ma « passion » dans quelques années. J’en ai discuté avec plusieurs autres personnes, certaines de mon âge, d’autres plus jeunes, et on essaie de s’imaginer si on aimera encore l’univers de la japanimation « plus tard ». Est-ce qu’on aura encore le temps pour ça ? Est-ce qu’on ne va pas finir par s’en lasser ?

Sur un de mes réseaux sociaux, une fille est venue à moi pour me faire part d’une de ses craintes: elle adore les shoujo, mais bientôt elle ne sera plus au lycée et est-ce qu’elle va encore réussir à se reconnaître dans ces histoires ? Est-ce qu’on devient un jour trop vieux pour certains genres ?

Et la réponse est toute simple finalement: bien sûr qu’on peut continuer à s’intéresser aux anime, et non on est jamais trop vieux pour lire ce qu’on aime, et d’ailleurs, des fans adultes, il y en a ! Et je me suis dit: pourquoi ne pas directement s’adresser à eux ? Donc voilà l’expérience de plusieurs personnes dont leur passion pour la japanim et les manga les a accompagné dans la vie adulte.


Je m’appelle Alex, j’ai 29 ans et je suis professeur de Français Langue Etrangère. Mon métier fait que je bouge beaucoup autour de la planète (et j’ai déjà beaucoup bougé) et en ce moment, je fais un petite bout de vie au Japon. Ce qui confère un avantage certain lorsqu’on est un peu otaku. Principaux fandoms : Free!, Tokyo Ghoul, Blame!, Barakamon, Noragami, Kill La kill, Dragon Ball.

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Je m’appelle Angel et j’ai 24 ans. Même si je n’ai pas lu et vu une tonne de manga et animes contrairement à certaines personnes, cela reste malgré tout une grande passion que j’ai depuis pas mal d’année. Et plus exactement, je regarde des animes japonais depuis 15 ans, si ce n’est plus, quant au manga cela fait plus de 10 ans que j’en lis. Mes favoris sont Naruto qui était mon premier manga et dont je garde une grande affection malgré ses nombreux défauts, mais aussi Ikigami, Blood+, Ore Monogatari, Black Cat, A Silent Voice, Host Club, et j’en passe.

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Je m’appelle Sophie, 19 ans (enfin je vais les avoir cette année), mes principaux fandoms sont Pretty Cure, Madoka Magica, Sailor Moon, Haikyuu, Free, Kuroshitsuji, Attack on Titan et Blue Exorcist (oui, on existe encore, je t’assure) et les studios Ghibli si ça peut compter, vu qu’ils sont considérés comme un art à part.

Tumblr / Twitter

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Je m’appelle Bobonyan sur Twitter et Bobo sur mon blog Heaven Manga, j’ai 26 ans déjà (ça passe trop vite). Mon premier manga acheté avec mes propres sous (enfin, ceux que mes parents me donnaient en argent de poche), ce fut Yu-Gi-Oh. Et depuis, je n’ai pas arrêté.

Blog / Twitter

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Je suis Marina, j’ai 18 ans et mon fandom principal est Kuroshitsuji.

Tumblr / Twitter

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Alors je m’appelle Yannis (Yann__chan est mon pseudo un peu partout sur le net) j’ai 22 ans et fait un peu plus de 2ans que je m’intéresse à l’animation japonaise et aux mangas. Si je dois citer mes œuvres favorites je dirais Natsume Yuujinchou, Tatami Galaxy, Usagi drop, FMA Brotherhood, Space Dandy et d’autres. Niveau manga j’ai moins d’expérience donc je citerai uniquement Silver Spoon, Solanin et Amanchu.

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Ne passez pas à côté: Le mari de mon frère

Devinez ce qui est arrivé dans ma boîte à lettres pas plus tard qu’hier ! La semaine dernière, le premier tome de « Le mari de mon frère » sortait dans nos contrées chez les éditions Akata. C’est un titre que j’attendais avec impatience, j’en avais d’ailleurs parlé sur ce blog quand il a été annoncé, et pourtant je ne le connais que de nom mais j’avais vraiment hâte de le découvrir.

Voilà à quoi nous avons affaire: Yaichi vit seule avec sa fille Kana, jusqu’au jour où il reçoit la visite de Mike, le mari canadien de son défunt frère jumeau.

Cette histoire est spéciale pour plusieurs raisons:

– Déjà, on y parle d’homosexualité. Plus que ça, on traite surtout de l’homophobie. Et pas de la manière dont on peut le voir dans le BL: ici, on a un personnage gay qui existe en dehors de sa relation amoureuse. En effet, Le mari de mon frère n’est pas une histoire d’amour, Mike est veuf, et on touche plutôt à la famille, au deuil et aux préjugés sur l’homosexualité. Yaichi peine à se défaire de certains stéréotypes et ne sait pas comment se comporter avec Mike, mais la petite Kana voit tout ça avec le regard d’un enfant. Son innocence et son ouverture d’esprit aideront son père à déconstruire ses idées reçues.

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– On appréciera aussi le fait que l’auteur n’est autre que Gengoroh Tagame; étant-lui même ouvertement gay, il sait de quoi il parle, et c’est toujours bien quand ce genre d’histoires sont racontées par les personnes concernées, c’est ces voix-là qui ont le plus besoin d’être entendues. C’est le premier manga « tout public » de Tagame, qui est plus connu pour s’illustrer dans la pornographie gay, avec des histoires très violentes et toujours beaucoup de sadomasochisme. Bien loin du mignon slice of life qu’est « Otouto no Otto ». Si vous voulez en savoir plus sur son œuvre et sur le manga gay, je vous redirige vers l’excellent article de Bobo sur Nostroblog.

– Le mari de mon frère se donne aussi pour mission de nous faire revoir notre vision de la famille « conventionnelle » et défie les rôles de genre. Yaichi est un père célibataire, et on le voit s’adonner aux tâches ménagères qu’on a la fâcheuse tendance à penser réserver aux femmes. Etre homme au foyer est souvent moqué, pas pris très au sérieux. J’ai beaucoup aimé le passage où Mike fait réaliser à son beau-frère qu’être parent au foyer est un travail à part entière, qui demande du temps et de l’énergie du matin au soir.

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– Aussi, les personnages masculins ont un physique qui diffère de ce qu’on a l’habitude de voir, ils se veulent virils: biens en chair, poilus,… Tagame ne fait pas de le bishounen, et Le mari de mon frère contient quelques courtes scènes de fanservice qui sauront ravir son lectorat habituel, ainsi que ceux qui sont indifférents aux pantyshots et aux garçons au physique androgynes. C’est pas mon truc, mais c’est celui de beaucoup d’autres, et il en faut pour tout le monde !

Le trait de l’auteur est très agréable pour les yeux d’ailleurs, c’est joliment illustré mais j’imagine que c’est déstabilisant pour ses plus fidèles lecteurs de le voir réaliser des dessins adorables. Et pourtant !

Tous les scans de cet article proviennent de l’extrait en ligne disponible sur le site d’Akata !

Dernière chose que j’ai bien aimé: il y a des renseignements sur la culture gay, et comme il ne faut jamais manquer une occasion de renseigner les gens à ce propos, je trouve ça très chouette.

En résumé, « Le mari de mon frère » est un titre que je conseille à tout le monde. Je l’ai d’ailleurs recommandé à ma mère, et elle a adoré; que diriez-vous de faire de même ? Allez dans votre librairie, lisez-le, aimez-le, partagez-le autour de vous; je pense sincèrement que c’est des titres comme celui-ci qui aident à changer les mentalités. Personnellement, j’ai hâte de lire le tome 2 qui sortira en novembre !

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Toujours plus de titres que j’écoute en boucle…

D’habitude, seulement trois mois séparent mes playlists, mais comme elles ne marchent plus aussi bien qu’avant, je m’étais pas trop pressée pour en faire. Mais en ce moment, j’écoute pas mal de musiques que j’ai envie de partager, et je suis actuellement coincée à l’aéroport pour une longue escale qui ne se passe pas du tout comme prévu donc si déjà j’ai que ça à faire… J’ai aussi plusieurs titres de k-pop dont j’aimerais parler mais ça sera dans un prochain article !! En attendant, voilà ma petite sélection qui m’a accompagnée au Japon ces dernières semaines.

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Ce que je retiens du Wonder Festival: édition été 2016 !

Voici donc mon article bi-annuel qu’on ne présente plus sur le Wonder Festival; qui, cette fois-ci, se tenait ce 24 juillet au Japon !

On commence tout de suite avec les pires, ceux qui me dépouillent de mon argent à la moindre occasion: Alter. Et plus précisément, leur collection ALTAiR, soit leur gamme de personnages masculins. Lors de cet event, la compagnie a présenté un prototype qui… me semble iréel.

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Très beaux détails: on distingue une orque et un dauphin dans l’eau !

Une figurine High☆Speed! – Free! Starting Days, MakoHaru. C’est le summum du fanservice, jamais n’y a-t-il eu une figurine aussi gay, elle est inspirée de la scène la moins hétérosexuelle du film, je suis pas spécialement fan de MakoHaru puisque mes priorités sont ailleurs (RinTori ;)) et pourtant je suis dans tous mes états donc je me demande comment les shipers hardcore du pairing font pour encore respirer.

Et aussi cruel qu’Alter: Toys Works. Vous vous rappelez de leurs figurines Sousuke / Rin version bataille de pistolets à eau. Hé bien on savait qu’il y allait avoir les mêmes pour Makoto et Haru, et encore plus sexys. Le prototype de celle de Makoto était exposée, et celle d’Haruka seulement annoncée.

Leur stand teasait aussi des niitengo !

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Ohlala ! On passe à Good Smile Company; au final, tout ce que je retiens c’est leur stand Orange Rouge avec leurs nendoroid Haikyuu!!. Le prototype de la nendo de Suga a été exposé, et des nendos pour Kuroo, Iwaizumi, Bokuto et Akaashi ont été annoncées !

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Sinon, Max  Factory a exposé quelques figma chouettes, et Dieu sait que je suis pas une grande amatrice de figma mais bon !

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On découvre enfin la figma de Celty et le résultat final est pas mal du tout, les articulations sont pas si visibles, j’aime !

Autre découverte: la figma Magic Kaito 1412; j’aime bien, mais on pourrait faire des figurines tellement spectaculaires avec Kaito!! je suis déçue qu’on ait qu’une figma pas terrible mais bon tout ce qui est Kaito Kid je prends, je dis amen.

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Et ma figurine favorite, de tout l’event, c’est celle du Cri de Munch…

Pour ceux qui doutent encore que les figurines, c’est de l’Art…

Sinon, Kotobukiya, dans sa collection ARTFX J a proposé le prototype d’un très beau Lelouch Lamperouge du spin-off Code Geass: Code Black.

Et enfin, Mega House a exposé une superbe et originale Sailor Moon version Fruit Parlor !

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Je termine sur les figurines qui m’enthousiasment un peu moins mais que j’étais quand même contente de voir:

Alter a aussi exposé de bien mignonnes Honoka et Eli de Love Live!,

ainsi qu’un magnifique Sakuma Ritsu d’Ensemble Stars dans sa collection ALTAiR !

WING a révélé la version peinte de sa figurine Saya no Uta, Aquamarine a annoncé une figurine Kohinata Hikari d’Amanchu!, et Phat! a exposé ses nouvelles parfom Evangelion !


Voilà ce que je retiens du festival; et vous ? Quelles figurines vous ont tapé dans l’oeil ?

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Du « swimming anime » à « High☆Speed! – Free! Starting Days ».

Aujourd’hui, j’ai enfin vu High☆Speed! – Free! Starting Days. Est-ce que c’était bien ou non, on aura l’occasion d’en reparler dans un prochain article; le fait est que regarder ce film m’a rendu quelque peu nostalgique et m’a fait réaliser qu’on avait fait bien du chemin depuis le jour où le « swimming anime » a mis l’internet dans tous ses états.

Je présente souvent Free! comme mon anime préféré. Et je le considère vraiment comme tel, même si au final j’ai plein d’anime « préférés », même certains que je trouve meilleurs que Free!, mais… non seulement c’est réellement un bon anime, avec vraiment tout ce que j’aime dedans, c’est aussi celui que j’affectionne le plus. Et je pense que ce qui a beaucoup jouer là-dedans, c’est que je sois une « fan de la première heure », j’ai vu Free! « naître », j’ai vu le fandom se créer et se développer, et… ça compte.

Aujourd’hui, je vous propose de faire un voyage dans le temps et de redécouvrir l’Histoire de Free!.

https://www.youtube.com/watch?v=7NqRG88E-s8

Tout a commencé le 6 mars 2013. Par le passé, Kyoto Animation avait déjà diffusé plusieurs pubs très chouettes pour… tout simplement promouvoir leur studio, et donner un aperçu de ce dont ils sont capables en terme d’animation. Très courtes, 30 secondes, mais toujours de quoi nous en mettre plein les yeux. Vous pouvez en trouver la liste ici. Cela dit, ce n’était jamais rien de plus que des pubs, et leur contenu n’était pas tiré d’un anime, c’était des pubs pour le studio en lui-même et pas pour une prochaine production.

Et pourtant, ce jour-là, on ne le savait pas encore, mais la publicité intitulée « Swimming » allait être une exception. On ne le savait pas encore mais on s’en fichait: quand ces trente secondes de pub ont surgi sur le net, on a tous perdu la raison. Les gens ont kiffé. Moi y compris. L’animation était superbe, les garçons étaient magnifiques, c’était dynamique et frais: en 24h, il y avait déjà un fandom. Et pour moi, c’était incroyable de voir les gens se rassembler et créer une communauté autour d’une simple pub de même pas une minute. Et pourtant !

On a vite nommé les personnages: Pimp, Tsundere, Sweetie et Shouta. On ne savait pas encore qu’ils s’appelaient respectivement Rin, Haruka, Makoto et Nagisa. Et à cette époque, on parlait du « Swimming Anime », ou encore de « Ore to omae no sa o oshiete yaru yo! », parce que c’était la « catchphrase » de la pub donc on avait assumé que si c’était un anime, ça en serait le titre.

En si peu de temps, un fandom énorme s’est créé, et à partir de presque rien!, il y avait même un dating sim…

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Qui est fun et auquel on peut toujours jouer.

J’avais jamais vu ça, mais j’adorais faire partie de ce « ça ».

On avait donc énormément de gens qui rêvait de voir ses quatre nageurs avoir leur propre anime, mais je faisais partie des sceptiques qui pensaient que c’était juste une pub et ne voulaient pas en espérer plus. Et puis le 19 avril, Kyoto Animation lança un compte à rebours.

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Le studio allait annoncer son nouvel anime, en live, sur Nico Nico, le 26 avril. Et là, tout le monde a croisé les doigts pour que ces deux silhouettes appartiennent à des nageurs sexys.

Je voulais y croire, mais certaines personnes théorisaient qu’il s’agissait peut-être d’un nouvel anime Full Metal Panic! (entre 2003 et 2005, Kyoto Animation avait sorti deux adaptations de la série de light novels).

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Mais que nenni ! Nos prières avaient été entendues, nos vœux avait été exaucés.

Je n’en pouvais plus ! Je me souviens encore exactement de l’endroit où j’étais quand j’ai appris la nouvelle: le live avait lieu à 22h, heure japonaise, il était 14h à Londres quand j’ai explosé mon crédit internet pour savoir, et apprendre, que c’était pas juste une pub, mais bien un projet entre Kyoto Animation et Animation Do. On avait enfin un nom à donner au swimming anime: Free!. On avait des prénoms à donner aux personnages: Nanase Haruka, Matsuoka Rin, Tachibana Makoto, Hazuki Nagisa, et même un petit nouveau: Ryugazaki Rei. C’était l’euphorie.

C’est aussi là qu’on a appris que Free! était tout droit inspiré d’un light novel de Kouji Ouji, « High☆Speed! », qui avait reçu la mention honorable aux Kyoto Animation Awards en 2011.

Ce jour-là, les fans du swimming anime ont sauté au plafond. Et les fans de Ful Metal Panic!, bah ils ont l’adaptation d’un roman du même auteur en 2014: Amagi Brilliant Park. Génial aussi, non ?… … …

Quoiqu’il en soit, c’est beaucoup de bons souvenirs. Voir ce petit bout de rien se révéler être un projet concret, c’était cool.

S’ensuivit des moments un peu cons aussi: le public masculin de KyoAni, grand amateur de moe, était assez outré de voir leur studio fétiche les « trahir » en faisant un anime qui visait les filles. Et ça les a vraiment déchaîné. Dommage pour eux, le fanservice pour eux c’est devenu la nouvelle « trend » de l’industrie ces dernières années. Aussi, Free! a, et continu, d’extrêmement bien vendre.

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Il y a un blog qui se charge de compiler toutes ses male tears.

Après avoir fait tant de bruit, le premier épisode de Free! Iwatobi Swim Club fut finalement diffusé le 3 juillet 2013.

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Blaubart was here.

Voilà quelque chose dont je veux parler depuis un moment, mais mon dernier Slice of Life étant consacré à mon bac, j’avais pas vraiment eu l’occasion de le caser quelque part. Puis je me suis dit, autant faire tout un article dessus. Même si c’est HS, que ça n’a rien à voir de près ou de loin avec les anime, c’est un film qui mérite bien quelques paragraphes.

Contexte: j’avais une qui dormait chez moi pendant la période du bac, et un soir, alors qu’on avait nos oraux de langues le lendemain (elle, en anglais, et moi, en allemand), on a décidé de chercher un film en allemand sous-titré en anglais, histoire qu’on puisse chacune « s’entraîner ». C’est comme ça qu’on est tombées sur Felidae, un film d’animation allemand, réalisé Michael Schaak, sorti en 1994 et adapté du premier tome d’une série de romans par Akif Pirinçci.

On ne savait absolument pas dans quoi on se lançait, mais le protagoniste étant un sympathique chat nommé Francis, on s’attendait à un divertissement pour toute la famille ! L’histoire débute donc sur Francis et son maître, un auteur raté, qui emménagent dans une nouvelle maison. Un taudis. Mais « Gustav », auteur raté, est persuadé que changer d’environnement soignera son syndrome de la page blanche. Le film s’ouvre sur une chanson super cool de Boy George, Francis parle un allemand très soutenu et glisse quelques remarques cyniques ici et là, le graphisme ne laisse pas penser à un film « mature »/ »adulte »,…

Donc quand, dès les cinq premières minutes du film, Francis trouve le cadavre d’un chat, heu… autant dire qu’on l’avait pas vu venir. Et c’est pas juste un corps inerte sur le sol: son cou est tranché, y’a du sang,… En même temps que notre héros fait cette macabre découverte, il fait la connaissance d’un chat nommé Blaubart, qui lui explique que c’est déjà le quatrième meurtre!, et aussi qu’il adore pisser dans la maison dans laquelle Francis et son maître viennent de poser leurs valises. Ses phrases sont ponctuées de « Scheiße ja ! », « Scheiße nein! », et, d’entrée, il donne à Francis le surnom de « klugscheißer » (traduit « smartass » en anglais, pas vraiment d’équivalent français si ce n’est « petit con prétentieux » mais vous avez compris l’esprit ».

Un meurtre un peu gore + un langage pour le moins vulgaire = on a fini par comprendre qu’on regardait pas un film pour les enfants.

Quoiqu’il en soi, à partir de là, le film nous a laissé sur le cul. On enchaîne sur Francis, qui fait un des rêves des plus étranges et dérangeant, avec un scientifiques sans visage qui l’enchaîne et le maltraite,… il va en faire plusieurs, des rêves comme ça, et je ne sais pas ce qu’en penserait Freud, mais en tout cas, ses cauchemars lui donneront des indices. parce que oui, le klugscheißer se lance dans une véritable enquête policière, bien décidé à démaquer celui qui se cache derrière les meurtres en série.

Comme si tout ceci ne suffisait pas, Francis va aussi découvrir qu’à l’étage de sa maison se trouve le QG d’une secte. Secte qui vénère un certain « Claudandus », et leur petit rituel consiste à se faire électrocuter. « On est bien loin des Aristochats » comme le souligne très justement notre protagoniste.

Il se passe donc beaucoup de choses dans cette histoire, et je vous passe les détails parce que vous allez peut-être vouloir découvrir le film, donc je préfère vous éviter les spoilers, mais le fait est que Felidae s’est révélé être un thriller néo-noir pour adultes, avec pour thème principal l’eugénisme, et donc beaucoup de références au nazisme et à la Seconde Guerre mondiale.

Clairement pas ce pour quoi on avait signé, et bien que Felidae ne soit pas le seul film dans son genre, il est indéniablement unique (pour le meilleur et surtout pour le pire) et surtout, le premier que j’ai vu. Ce fut donc une expérience assez particulière. Mais une bonne expérience malgré tout, je vous le conseille si vous avez envie de voir quelque chose de… différent. Vous pouvez êtres sûrs que vous avez jamais vu un truc pareil. Après, Felidae est très susceptible d’heurter la sensibilité de certains, surtout si vous avez du mal avec la violence envers les animaux: il y a une scène particulièrement « dur » à regarder, où un chat sert de cobaye dans un laboratoire.

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Je pense que même si on sait pertinemment que l’animation s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes, on a tendance à penser qu’un film dont les personnages sont des chats serait plus destiné à un jeune public, et c’est d’ailleurs extrêmement dérangeant de voir des animaux dans de telles situations. C’est pas que la violence, les meurtres, et les injures, dites-vous que y’a carrément une scène de sexe. Et à ce moment du film, j’avais intégré que c’était un film fucked up, mais voir deux chats coucher ensemble, c’était d’un autre niveau. On a dû détourné le regard de l’écran un instant parce qu’on avait l’impression de regarder un truc de furry/zoophile, c’est super intense.

L’histoire est tordue, l’animation pas toujours au top, les chats sont moches, le concept est… moralement discutable, mais c’est si surprenant et spécial, bizarre. Mais quelque part, j’adore ? c’est un wild ride, et c’est franchement intéressant (et drôle, souvent); je l’ai revu deux autres fois depuis parce qu’il fallait que je le montre à d’autres amis. Mais c’est pas pour tout le monde: si vous avez du mal avec la violence envers les animaux et tout ce qui est gore, bah… Felidae fait pas dans la dentelle, et je me suis d’ailleurs abstenue de trop illustrer cet article parce que je veux pas vous montrer des choses que vous avez pas forcément envie de voir, donc… soyez prévenus quand même.

En tout cas, c’était une expérience marquante pour ma part et au final c’est un film que j’aime bien, et j’ai presque envie de me pencher sur les livres de la série Felidae, qui sont au nombre de huit mais si mes sources sont bonnes, seuls les deux premiers tomes sont édités en France. Notons que ce sont des bestsellers. Qui l’eut cru.

En espérant vous avoir fait découvrir votre nouveau film préféré !