Publié dans Otome Game

Bad Apple Wars: des vertes et des pas mûres.

J’ai bien cru que je n’écrirais jamais cet article ! Jamais je n’avais mis autant de temps à finir un jeu ! Mais ça y est, je suis enfin venu à bout de « Bad Apple Wars », sorti chez Otomate en 2015, et localisé par Aksys Games en 2017.

Ces quelques lignes d’introduction vous annoncent déjà la couleur: si j’ai mis plusieurs mois à le terminer, ce n’est pas parce qu’il est particulièrement long (il est même plutôt court), ce n’est pas non par manque de temps, c’est surtout et avant tout parce que c’est un jeu extrêmement chiant. Mais faisons les choses dans l’ordre, laissez-moi d’abord faire les présentations.

Dans Bad Apple Wars, on incarne Rinka… qui se fait renverser par un camion alors qu’elle se rendait au lycée pour faire sa rentrée. Sa rentrée, elle va la faire, mais pas à l’endroit prévu. En effet, suite à son accident, elle atterrit à l’académie « NEVAEH », où le ciel est constamment teinté de rouge, et où des professeurs loufoques dispensent des cours pour le moins absurdes. Elle réalise qu’elle est morte, et que cette école dont elle ne peut s’échapper se situe un peu « entre les deux mondes » comme on dit. Deux choix s’offrent à elle: rentrer dans le rang et devenir une coquille vide jusqu’à ce qu’elle soit « diplômée » (sous-entendu, passer dans l’autre monde), ou rejoindre les « Bad Apples » et briser les règles pour tenter de se faire « expulser » (sous-entendu, revenir à la vie).

Ce choix-là est le seul que vous aurez à faire, ce qui est peu commun dans ce genre de jeux où tout l’intérêt est de faire avancer l’histoire grâce à nos choix. Bad Apple Wars n’est pas un « kinect novel » pour autant: il y a différentes routes, et on peut bien sûr influer sur le scénario, mais pas par le biais de choix. On y reviendra plus tard.

Très tôt dans le jeu, notre petite Rinka va donc soit rejoindre les « Bad Apples », soit rejoindre les « Perfects », qui sont un comité d’élèves chargés d’assurer l’ordre au sein de l’école en « punissant » celles et ceux qui ne respecteraient pas les règles. Et des règles, il y en a plein.

Ce choix n’en est pas vraiment un puisque dans tous les cas, Rinka va sympathiser avec les Bad Apples, et les aider à briser ces nombreuses règles, dont celles qui sont dites « inviolables », à savoir 1) interdiction de gagner au « jeu de la faucheuse » (un jeu de gendarmes et voleurs), 2) interdiction d’avoir un score de 100% à l’examen, 3) interdiction d’émouvoir des gens au festival du lycée, 4) interdiction d’avouer ses sentiments amoureux à quelqu’un, 5) interdiction d’avoir des « relations inappropriées », 6) interdiction de pleurer à la cérémonie de remise des diplômes, et 7) interdiction de manger le « fruit défendu » (forbidden apple). Chaque chapitre va être consacré à l’élaboration d’un plan pour briser l’une des règles.

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Sur le papier, la route d’un personnage ne commence qu’au chapitre 6, mais c’est seulement le moment où on se détache réellement de l’interminable et répétitive « common route », mais la romance se développe dès le deuxième chapitre.

Pour se rapprocher des personnages, il faut dans un premier temps faire en sorte de les croiser dans le lycée pour passer du temps avec eux, et plus si affinité. Si Bad Apple Wars ne nous laisse pas faire de « choix » au sens où on l’entend d’habitude dans les otome games, on peut en revanche sur déplacer sur une carte. Il faut se baser sur les couleurs pour savoir quel personnage et à quel endroit.

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Mais la vraie spécificité de Bad Apple Wars, c’est les scènes de « Soul Touch ». A NEVAEH, lorsqu’on touche une personne, il arrive qu’on puisse voir ses souvenirs. C’est ce qui arrive systématiquement à Rinka dès qu’elle a le moindre contact physique avec un mec, et c’est là qu’on intervient : on peut « toucher » les personnages, préférablement aux bons endroits, pour « entendre leur âme », et voir leur passé. (Vient un stade du jeu où, quand le personnage a confiance en Rinka, il se met littéralement « à nu », et là, il faut faire attention à ne pas le toucher à des endroits sensibles sous peine d’obtenir la « bad end ».)

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Ma foi, je n’ai rien contre le concept. Le problème, c’est que les deux dernières scènes de « Soul Touch », les plus importantes, ne sont… pas traduites. Et dans la version originale, il n’y a effectivement pas de texte, mais même si on entend très distinctement le personnage parler, Aksys n’a pas pris la peine de rajouter des sous-titres. On peut penser ce qu’on veut des traductions d’Aksys: qu’elles sont médiocres, qu’elles sont tout à fait correctes, que c’est mieux que rien, qu’on peut toujours y trouver des choses à améliorer,… Mais dans ce cas précis, je pense qu’on peut tous se mettre d’accord: c’est un travail bâclé.

Je ne sais pas dans quelles conditions travaillent leurs traducteurs, mais j’imagine qu’elles sont mauvaises. Je ne suis pas sûre de ce que j’avance mais je pense qu’ils ont travaillé sur le texte sans avoir joué au jeu au préalable et sans entendre le doublage. Ca explique qu’on n’ait pas pris la peine de sous-titrer ces fameuses scènes, ou que le nom d’un personnage ait mal été retranscrit. Ca laisse perplexe d’entendre un nom mais d’un lire un différent… la seule explication, c’est que le traducteur n’avait pas accès à l’audio du jeu, et qu’il a mal lu le kanji du prénom du personnage. Aksys ne devrait pas se satisfaire du minimum strict, et envisager de mieux payer et traiter ses traducteurs.

Sur ce, intéressons-nous aux 5 routes de Bad Apple Wars.

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J’ai commencé avec Higa, et je vais être honnête avec vous… c’est tout juste si je me souviens de sa route. Non seulement elle n’avait vraiment rien de mémorable, mais en plus, je l’ai terminé en janvier… ça commence à remonter…

Ce que je peux vous dire en revanche, c’est que si le résumé vous a fait penser à Angel Beats!, la route de Higa en est un copié-collé… Et encore, ce n’est même pas là que Bad Apple Wars s’est le plus « inspiré », mais ça sentait quand même déjà pas mal le réchauffé.

Bref, Higa est un peu le délinquant du groupe, il appelle Alma « aniki » sans doute parce qu’il le voit comme un substitut de son grand-frère adoptif, il peut paraître hostile et agressif, mais… vous connaissez la chanson… quand on apprend à le connaître, on se rend compte qu’il a le cœur sur la main, blabla, c’est bien gentil, mais il ne se passe rien dans cette route. On s’ennuie ! C’est dommage, parce que je ne déteste même pas les personnages comme Higa, il aurait pu me plaire, mais on s’ennuie trop.

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Satoru arrive à NEVAEH en même temps que Rinka. Pas très sociable, voire même carrément inapprochable, il a toujours le nez dans son bouquin et ne passe pas une seule seconde sans réviser.

Lui, j’avoue, il est mignon, il est touchant. C’est un personnage brisé, et étudier va à la fois être son refuge, et… ce qui le mène à sa perte. Je me demandais comment la romance allait bien pouvoir se développer, et… je ne peux pas prétendre avoir été agréablement surprise ou aucune exagération du genre, mais disons que la tournure qu’a pris sa route ne m’a pas déplu. Même si leur relation n’est pas la plus crédible, on finit par s’attacher au personnage de Satoru, ce qui n’était pas gagné.

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J’étais impatiente de faire la route de Shikishima, parce qu’il est doublé par Ishida Akira que j’adooooore. Et voilà, c’est la seule satisfaction que j’ai tiré de cette route.

Encore une fois: dommage. Parce que le personnage de Shikishima avait du potentiel: il est mystérieux, il n’appartient à aucun camps, il ne respecte pas les règles mais ne participe pas aux activités des Bad Apples pour autant… C’est un personnage assez indifférent, qui fait ce qui lui chante, et qui n’est préoccupé que par la peinture.

Dans cette école, en plus d’un imposant règlement, il y aussi des « limites » qui empêchent les élèves de… faire des trucs. Le concept de « limites » est assez flou et n’est jamais réellement expliqué, mais… elles agissent comme une sorte de « censure », et dans le cas de Shikishima par exemple, tout ce qu’il peint est déformé aux yeux des autres, à un point où ils sont incapables de distinguer ce qu’il voulait représenter. Les « limites » visent un peu à empêcher d’exprimer des sentiments : on ne peut pas non plus exprimer son amour sous peine que les mots soient « bipés », et quand un des personnages voudra chanter une chanson très personnelle, plus aucun son ne pourra sortir de sa bouche, etc.

Bref, même si Shikishima est plein de bons conseils, j’ai trouvé son personnage beaucoup plus vide que ce qu’il voulait bien nous faire croire avec tous ses ~mystères~. La fin était particulièrement… nulle, en plus d’être incohérente avec ce qu’on voit dans les autres routes ?… Et Rinka était encore plus cruche que dans d’habitude ! si Satoru, voire Higa, arrive à lui faire prendre conscience qu’elle vaut quelque chose et que sa vie n’est pas sans intérêt, ici, sa seule motivation pour revenir à la vie c’est… voir les peintures de Shikishima… Ok… (le pire, c’est qu’à la fin, on voit enfin une de ses œuvres… et c’est moche. Tout ça pour ça.)

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On arrive à Alma, qui est quand même le mec au centre de l’affiche, et le leader des Bad Apples ! ; je me suis dit que là… les choses sérieuses allaient commencer… !

QUE NENNI !

Il y a un « plot twist » dans sa route… mais on le voit venir dès le chapitre 3, et quand enfin arrive le moment de la « révélation », c’est expédié en une ! seule ! ligne ! qu’il marmonne et que l’héroïne n’entend même pas, enfin bref. Peut-être qu’ils n’ont pas trop insisté dessus justement parce que c’était si évident depuis le départ, mais merde. Quand même.

Je ne vais pas m’étaler parce que c’est un peu dur de vous parler de tout ce qui concerne sa route sans vous spoiler, mais cette histoire de retournement de situation qui tombe à l’eau mise à part, la romance n’est pas convaincante et Alma a une personnalité assez frustrante. Déçue. Mais bon, à ce stade du jeu, j’avais déjà l’habitude.

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Je misais donc tout sur White Mask, qui lui est le leader des « Perfects », ce fameux comité qui assure l’ordre au sein de NEVAEH. Comme on peut s’y attendre, il est très rigide, et buté, parfois carrément agressif quand il se rend compte que Rinka remet en question les règles et l’organisation de l’école. J’étais curieuse de savoir ce qu’il cachait, et j’espérais que sa route soit un peu plus mouvementée que les autres étant donné que c’est quand même l’antagoniste de toutes les autres routes.

Ah. Naïve ! J’approchais de la fin du jeu, j’aurais dû savoir qu’il n’y avait rien à en attendre.

Pour ne pas être totalement injuste, je vais quand même dire que son personnage n’était pas inintéressant (même si edgelord sur les bords, pour reprendre les mots d’un des personnages), sauf que, comme tout le reste du jeu, sa route est très mal écrite, tellement qu’au final, on ne sait même pas comment il est mort ?

Vous l’aurez compris, Bad Apple Wars est assez creux. Et là, je vous ai présenté les routes dans l’ordre qui m’avait été recommandé, mais en réalité, l’ordre n’est pas si important que ça puisque les routes ne se complètent pas, même les deux dernières, que je pensais « importantes » puisque les personnages l’étaient pour l’histoire, n’apporte rien de nouveau. On n’avance pas dans l’intrigue, parce que y’a pas d’intrigue. On passe le jeu à attendre des réponses, jusqu’à ce qu’on arrive à la dernière route, et qu’on se rende compte qu’il n’y a rien de plus à savoir que tout ce qui nous a été dit dès la première route.

NEVAEH renferme plein de secrets, que les Bad Apples essaient de percer à jour. Dans quel but ces « règles inviolables » ont-elles été mises en place ? Qu’est-ce qui explique qu’ils viennent de siècles différents mais peuvent tous se réincarner à la même époque ? Dans un jeu normal, quand ce genre de questions sont posées dès le départ, tu t’attends à avoir des réponses à un moment ou à un autre. Mais ici, même les scénaristes n’ont aucune idée de ce qu’il se passe !!!! Auto-sabotage ?

Il y a un passage qui revient dans chacune des routes, et qui nous montre les professeurs discuter entre eux *spoilers??*de comment « tout ceci n’est qu’un test pour voir quelles âmes sont dignes d’être ressuscitées »*fin des spoilers*, et on aimerait en savoir plus… on se doute bien qu’on va finir par en savoir plus… mais non ! cette unique ligne est la SEULE « explication » qu’on nous donne à propos de NEVAEH.

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Et le pire, c’est bien l’héroïne… elle-même rabâche constamment qu’elle est « vide », elle n’a aucun souvenir, c’est la seule à ne pas avoir de « soul totem » (un objet précieux que les personnages ont ramené avec eux), et pourtant, elle a des aptitudes incroyables comme de pas être « limitée », ou de pouvoir voir très aisément dans les souvenirs des gens. Forcément, on se dit qu’elle doit bien cacher des choses. Une sorte de pouvoir qui va nous être expliqué par A+B ? Et elle avait bien une vie avant, elle ne sort pas de nulle part, alors pourquoi n’a-t-elle aucun souvenir ? Pourquoi se sent-elle aussi vide ?

On va pas se mentir, comme c’est une héroïne d’otome game, moi je partais du principe qu’elle était amnésique. A un moment, j’ai aussi pensé qu’elle n’était peut-être pas humaine et que c’était pour ça qu’elle n’avait pas de souvenirs, de « soul totem », et que les limites de cet univers ne semblait pas s’appliquer à elle ?

Bah que dalle. C’était vraiment une coquille vide, et si elle sait faire des trucs que personne d’autre n’avait jamais réussi à faire avant, c’est… grâce à la chance du débutant ?

Conclusion : tout ce qui aurait pu être intéressant dans Bad Apple Wars est laissé dans le vent. Même les personnages, c’est que du vent, ils ne sont traités qu’en surface. Tout ce que ce jeu a pour lui, c’est qu’il n’est pas moche, et encore !, même si le style est intéressant, le graphisme n’est pas renversant non plus comparé à d’autres, et c’est dur de l’apprécier quand tout le reste est… mauvais.

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Pas sûre de vous avoir donné envie d’y jouer mais si malgré tout vous voulez lui donner une chance, il est disponible sur le PSN pour 44,99€ ou sur Play Asia pour le même prix (attendez quand même des soldes…).

Beaucoup de nouvelles sorties chez Aksys prévues dans les prochains mois, donc on ne devrait pas tarder à se retrouver pour une nouvelle critique d’otome game (si mon porte-monnaie est d’accord, bien sûr).

2 commentaires sur « Bad Apple Wars: des vertes et des pas mûres. »

  1. Youpiiiii un nouvel article sur un otome game!!! (même si tu as l’air d’en avoir bavé ma pauvre…j’ai toujours pas finis la route de Shiraishi de CollarXMalice de mon côté…)
    Lol, dès le début de l’article je me suis dit « euh….angel beats le jeu de drague??? » contente de voir qu’on a pensé à la même chose!
    Sinon, bah personnellement je ne pense pas que je testerais ce jeu de mon côté; déjà parce que je déteste ne pas savoir, et surtout, aucun mec ne m’attire! (dommage pour un jeu de drague quand même…)
    La seule remarque que je ferais à ton article, c’est les petite fautes qui se sont glissées par ci par là, rien de bien grave, ça m’a juste fait tiqué sur le coup (et je suis sûre que ce commentaire n’est pas mieux!;)
    Et au fait petite question, tu les trouve où les news sur Aksys? ou même Otomate? J’aimerais bien les suivre toute seule comme une grande (please?)

    1. Haaaaa!!! en effet haha je l’ai relu et aïe aïe ! (c’est des trucs que je devrais faire AVANT de publier) J’ai corrigé des trucs mais je suis peut-être passée à côté d’autres… j’espère que ça va, merci de me l’avoir signalé !
      Pour toutes les actualités d’Aksys et d’Otomate, je pense que le plus pratique, c’est de tout simplement les suivre sur Twitter, pour ne rien louper et tout avoir en direct ( @aksysgames et @otomateweb ) ; c’est ce que je fais en tout cas !

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