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MANKO MONOLOGUE #2 — Boy’s love : fétichisme ou féminisme ?

J’entends d’ici vos cris de surprise… moi non plus, je ne pensais pas qu’il y aurait vraiment une suite à cette série, mais force est de constater que ce débat ne s’éteint jamais et ça m’a toujours démangé d’écrire sur le sujet. Vous l’aurez compris au titre, nous allons parler de boy’s love, un terme qui englobe toutes les histoires de relations amoureuses et/ou sexuelles entre personnages masculins… un genre extrêmement populaire et connu pour être écrit par des femmes, pour des femmes.

On pourrait être tenté de parler de féminisme, car il s’agit de femmes qui ont créé leur propre espace. C’est une façon, autant pour les autrices que pour les lectrices, d’explorer leur sexualité, leur rapport au corps, à l’abris du male gaze. Sur internet, on va trouver beaucoup de gens qui défendent cette idée et nombre d’articles et études l’appuient.

Mais on a également un autre camp, qui prend tout autant de place dans la discussion, qui considère que cette libération se fait au détriment des hommes gays, fétichisés par ces oeuvres qui mettent en scène des schémas relationnels parfois toxiques, véhiculant des idées homophobes, et souvent éloignés de leur réalité.

Pendant des années et des années, quand j’étais encore au collège/lycée, j’étais plutôt de cet avis-là. Si on ne creuse pas trop, c’est facile de réduire tout ce débat au fait que le boy’s love fait de l’ombre aux concernés qui, dans une société encore homophobe et très hétéronormée, ont encore du mal à faire publier leur propre histoire, tandis que des femmes a priori hétéros les traitent comme des fantasmes et se font de l’argent là-dessus. J’ai même un article qui part de ce principe. J’y pose la question suivante : est-ce que le BL et, par extension, toutes ces oeuvres destinés au public féminin qui se servent d’un sous-texte homoérotique pour vendre, peuvent être considérés comme de la représentation LGBT+ ? ou est-ce simplement de l’exploitation ?

Je ne l’ai jamais supprimé parce que, de toute évidence, il attire encore du monde et je pense qu’il pose quand même quelques questions intéressantes, mais mon avis a quand même beaucoup évolué depuis. Déjà, je me prends beaucoup moins la tête… mais je me considère aussi un peu plus renseignée sur la question et je vais profiter de cet article pour partager le fruit de mes réflexions avec vous.

Un peu d’histoire

J’ai eu l’occasion de le mentionner quelques fois mais, durant ma licence, j’ai rédigé un mémoire de taille bien modeste sur la revue Takarazuka et le travestissement chez les femmes japonaises. Si le sujet vous intéresse, j’ai un article qui précède mon travail de recherche qui traite aussi du sujet.

J’y analyse notamment pourquoi la revue, exclusivement féminine, a eu autant de succès auprès des jeunes femmes mais aussi comment elle a inspiré le shôjo manga, en particulier l’oeuvre de Tezuka. En 1953, il sort Princesse Saphir, considéré comme un des premiers manga du genre et dont les éléments visuels s’inspirent de la revue Takarazuka. Son héroïne a deux coeurs : celui d’une femme, et celui d’un homme. Elle est basée sur les actrices « otokoyaku », qui incarnent les rôles masculins.

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Publié dans Chronique, Otome Game

En vrac: Killing Stalking, The Men of Yoshiwara: Ohgiya, et Shimanami Tasogare.

Normalement, je vous parlerais de mes récentes découvertes dans un Slice of Life, mais les mois de janvier-février ne sont pas propices à des SoL normaux, entre bilan de l’année et anniversaire du blog. Du coup, je vous propose un article rassemblant ce qui m’a marqué dernièrement, et dont j’ai envie de discuter avec vous.

Premièrement, Killing Stalking, un nom auquel vous n’avez certainement pas échapper ces dernières semaines. La hype en est presque envahissante, et à force de revoir le titre surgir inlassablement dans ma TL, ça a attisé ma curiosité; voilà comment je me suis retrouvée à enchaîner tous les chapitres disponibles en quelques heures.

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Malgré son ~omniprésence~, je ne savais pas trop à quoi m’attendre au niveau de l’histoire; c’est d’ailleurs pour ça que je me suis lancée sans trop attendre, je voulais en savoir le moins possible et lire avant que le webcomic ne prenne encore plus d’ampleur et que je sois spoilée de toutes part !! Vu le titre, je savais quand même que j’allais avoir affaire à une histoire de stalker, et ça n’a pas manqué: il s’appelle Yoon Bum, il nourrit une obsession pour le garçon le plus populaire de son université, Sangwoo. Un beau jour, il arrive à pénétrer dans la maison de ce dernier, et là!, plot twist, Yoon Bum et moi sommes tombés de haut: il s’avère que « l’homme parfait » enlève des jeunes filles pour les torturer et les tuer dans sa cave. Et le pire reste encore à venir pour Bum qui a à peine le temps de réaliser ce qu’il vient de découvrir que Sangwoo le surprend et le frappe à grands coups de batte.

t014A chaque page, ça devient un peu plus horrifiant… mais c’est tellement prenant ! J’aime bien ce genre de thrillers, et celui-ci est particulièrement bien écrit; j’ai tout le temps des sueurs froides, et à chaque fois que je crois que la situation ne peut pas empirer, le contraire m’est instantanément prouvé. Certaines scènes avaient l’air de venir tout droit de mes cauchemars, j’étais à bout en lisant le chapitre 7.

J’étais à moitié-surprise (mais complètement choquée quand même) de voir la relation de Sangwoo et Bum qualifiée de romantique (!!). Plus rien ne devrait m’étonner depuis Lolita, mais quand même… Et d’un autre côté, je crois que c’est ce qui me plait bien dans Killer Stalking. Sangwoo est humain, c’est un tueur en série qui semble ne plus avoir une once de compassion en lui, mais il n’est pas sans faiblesses, on le voit paniquer, rougir, parfois il est gentil et attentionné, on lui découvre une enfance difficile,… c’est ça qui fait le plus froid dans le dos, on est obligés de voir une vérité terrible en face: ce n’est pas un monstre mais bien un humain. Et Bum a beau l’avoir vu commettre les pires horreurs, il le met toujours sur un piédestal, il a conscience de la situation dans laquelle il est et veut y mettre un terme mais d’un autre côté se sent spécial aux côtés de Sangwoo (qu’il idolise encore malgré tout), parfois il a l’impression qu’il n’est pas si mauvais, et c’est terrifiant de le voir comme ça parce que ça existe dans la vraie vie. Rien n’est romantisé, bien au contraire, mais j’imagine que, quand même Bum lui laisse le bénéfice du doute, le lecteur a envie de faire de même.

Le nombre de personnes qui tombent dans le piège!!!, et qui en arrivent à interpréter ça comme autre chose qu’une relation au-delà du malsain!!!, n’en reste pas moins effrayant.

Mais j’ai l’impression que ça s’applique surtout aux plus jeunes lecteurs, et je ne peux pas non plus m’empêcher de penser que s’il n’y avait pas un tel fétichisme des relations M/M, beaucoup moins de gens « shiperaient » les deux personnages.

Quoi qu’il en soit, j’adore, j’en veux plus, et j’appréhende de savoir où Koogi, l’auteur, va nous mener. Le titre parle de lui-même, c’est aussi (voire plus) malsain et violent qu’on peut s’y attendre, parfois gore, quelques fois sexuel, alors probablement pas à mettre entre toutes les mains, mais si vous aimez ce genre de truc, vous allez être servis.

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J’avais aussi envie de faire cet article pour vous parler de l’otome game auquel je joue en ce moment: The Men of Yoshiwara: Ohgiya. Je ne comptais pas lui consacrer un article entier parce que je n’ai pas tant à dire dessus, même si je dois avouer que c’est une plutôt agréable surprise. Il est disponible sur Steam depuis avril 2016; j’étais au courant de sa sortie mais je n’avais pas l’intention de l’acheter puisque j’avais déjà jouer à son cousin, Kikuya (j’en parle d’ailleurs dans cet article), et ça ne m’avait pas du tout convaincue. Mais… il se trouve qu’Ohgiya était en promo, et j’ai discuté avec une fille sur Twitter qui m’a dit qu’il était pas si mal, alors j’ai craqué.

Le concept discutable est toujours le même: ça se déroule dans le « quartier des plaisirs », Yoshiwara, et on tombe amoureuse d’un prostitué, sauf que cette fois-ci on incarne une jeune fille riche, héritière de la prestigieuse famille Somei, qui a pour obligation de se rendre à la maison close Ohgiya pour tomber enceinte, et assurer sa descendance. Rappelons que dans le monde de Men of Yoshiwara, le « quartier chaud » se trouve sur une île où n’habitent que des femmes; les garçons sont vendus très tôt aux maisons closes.

Je dois quand même lui accorder que c’est un niveau au-dessus de Kikuya. Kikuya qui, malgré tout ce qu’on peut en dire, avait des graphismes superbes; Ohgiya le bat rien qu’à ce niveau-là, avec un chara-design bien supérieur. Quoi que ça dépend des goûts de chacun, mais dans cet opus j’ai trouvé tous les personnages très beaux, alors que dans Kikuya, peu m’attiraient. Même l’héroïne a beaucoup plus de charme (elle a même des yeux !, fantastique upgrade). Aussi, la traduction est bien meilleure, et l’encodage beaucoup plus propre; les fautes sont minimes, et on peut passer outre.

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Ce que je peux lui reprocher par rapport à son prédécesseur, c’est qu’il est plus court, il y a moins de routes, mais le fait que les dites routes soient mieux écrites compensent largement. Je pense terminer Ohgiya, c’est pour dire !, alors que je n’avais terminé que deux routes de Kikuya. J’avais assez bien avancé dans toutes les autres, mais j’avais du mal à accrocher, tandis que là il ne me reste que deux routes à finir, et j’ai l’intention de les jouer, parce que pour le coup les histoires sont moins linéaires, c’est un cran plus travaillé, de même pour les personnages qui sont plus attachants. J’ai eu un coup de cœur pour Ahega !

Après, c’est toujours pas ce qui se fait de mieux en matière d’otoge, mais c’est correct. J’ai passé un bon moment à y jouer; ce titre n’est pas un indispensable, mais je vous le recommanderais si vous êtes déjà des habitués de ce genre de jeux et que vous voulez passer le temps (attendez juste des soldes sur Steam…) !

tasogareFinissons en beauté sur un manga de Kamatani Yuhki, j’ai nommé Shimanami Tasogare. Ses thèmes LGBT ont laissé penser une amie que ça pourrait m’intéresser… et elle avait vu juste !

« Tu regardes du porno gay ? » Le monde de Tasuku Kaname s’écroule, son secret est à deux doigts d’être révélés, et les rumeurs font le tour de la classe. Se sentant incapable de vivre dans un monde où il est « out », Tasuku veut en finir. Mais alors qu’il se tient au bord d’une falaise, il aperçoit une jeune femme sauter dans le vide depuis la fenêtre d’une maison. Il s’y précipite, pour finalement découvrir qu’ « Anonymous » n’a aucune égratignure. La mystérieuse jeune femme lui propose alors de venir passer du temps dans le lounge dont elle est propriétaire, lui expliquant que beaucoup de gens « comme lui » le fréquente.

Et effectivement ! Shimanami Tasogare nous invite à découvrir les difficultés mais aussi les joies du quotidien de personnages LGBT, à commencer par son héros, Tasuku, qui craint plus que tout les jugements homophobes et peine encore à s’accepter et s’assumer.

tasogare2La publication du manga a démarré en 2015, une dizaine de chapitres en sont déjà disponibles.

Dans les premiers, on fait connaissance avec Haruko. Le naturel avec lequel elle parle de son homosexualité est très rafraîchissant !, sûrement autant pour le lecteur que pour Tasuku qui, pour la première fois, rencontre quelqu’un comme lui, avec des expériences similaires, et, qui plus est, a surmonté la plupart de ses craintes, et vit maintenant sur un petit nuage avec sa femme, Miki.

Cela dit, Miki n’en est pas vraiment au même stade qu’Haruko: elle n’est finalement out qu’au sein de la communauté gay, et n’a, au début, aucune intention de faire son coming out à ses parents, ne voyant aucune utilité à « créer des problèmes ».

J’ai été très touchée par cette storyline, elle m’a parlé; je pense qu’elle peut d’ailleurs parler à beaucoup de monde. C’est important de montrer que chacun fait son coming out à son rythme, que certaines personnes ne ressentent pas le besoin de le faire à leur entourage et c’est parfaitement acceptable. Le manga ne cache pas toutes les difficultés qu’être « out » dans une société conservatrice représente, mais met un point d’honneur à montrer au travers d’Haruko et Miki qu’être gay n’est pas synonyme d’une vie de malheur et de solitude, mais qu’au contraire on peut très bien vivre heureux avec la personne qu’on aime.

L’histoire concentre ensuite sur Misora, et touche cette fois-ci à la transidentité. Misora est un garçon, mais quand il passe la porte du lounge, il revêtit des robes, porte des perruques, s’applique du maquillage, et se présente telle une fille. Encore au tout début de la puberté, il se découvre, et ne se comprend pas très bien. Il se sent incompris, et perdu, il ne sait plus très bien s’il est un garçon, une fille,… les deux, ou aucun des deux.

C’est peut-être la première fois que je vois le sujet aussi bien traité, la complexité de l’identité de genre est bien explorée, et Misora met tout de suite au clair qu’il n’y a aucune « cause », aucune « raison » à son identité, c’est juste qui il est.

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Lae mangaka étant x-gender, il ne fait aucun doute que ces sujets lui tiennent à cœur et iel fait un excellent travail à dépeindre la réalité des personnes LGBTQ+ au Japon, et à sensibiliser les lecteurs aux différents genres et orientations sexuelles en les représentant de manière réaliste et en déconstruisant les idées reçues. Il y a quelques années, j’avais lu un autre de ses manga, Shounen Note, qui traitait de thèmes similaires mais de manière moins directe.

Shimanami Tasogare est un manga très prometteur, avec des dessins magnifiques, certaines planches sont à couper le souffle (la première que j’ai utilisé pour illustrer cet article en est un bon exemple), un coup de cœur à suivre de très près. On croise les doigts pour une licence, un jour peut-être !


 Ca serait un plaisir de discuter plus amplement avec vous de l’un ou l’autre titre cité dans cet article, alors n’hésitez pas à me retrouvez dans les commentaires !

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Découvertes LGBTQ+: manga et idols au programme.

Cet article était prévu pour la semaine dernière; ce dont je vais parler devait faire partie de mon post Pensées LGBT jusqu’à ce que je m’emporte à nouveau au sujet de Yuri!!! on Ice et que l’article devienne beaucoup trop long.

Mais c’est justement parce que je parle beaucoup de cet anime en ce moment que je tenais à partager les médias que vous allez voir: dans mes articles sur Yuri!!! on Ice, je me pose beaucoup la question de savoir comment l’anime impacte la cause LGBTQ+, et j’essaie de savoir ce qu’il en est vraiment de la situation LGBTQ+ au Japon, et pour ça… quoi de mieux que d’écouter des personnes concernées. D’où l’intérêt de se pencher sur les médias suivants.

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Déjà, le deuxième tome du manga Le Mari de mon frère (j’avais parlé du premier ici). Il est disponible en librairie depuis le mois dernier déjà, mais j’ai seulement mis la main dessus début-décembre.

Si ça ne vous dit rien, c’est l’histoire d’un père célibataire qui héberge le mari de son défunt frère.

Super bon, dans la lignée du premier, on continue d’y remettre en question le schéma familial traditionnel, on y développe les difficultés liées au coming-out, et on y met surtout l’accent sur l’anxiété qui accompagne la découverte de soi à un jeune âge,… et d’autres thèmes aussi intéressants qu’importants. Sans vous spoiler, c’est un tome qui m’a mis la larme à l’œil. Je vous invite à découvrir tout ça vous-mêmes en achetant ce second tome, voire même le premier si ce n’était pas déjà fait !

https://www.youtube.com/watch?v=_oRS2uv5uHE

Et si vous voulez en savoir davantage par les réalités auxquelles font face la communauté LGBTQ+ au Japon, j’ai trouvé une chaîne Youtube qui saura vous intéresser: Masaki’s QueerESL. Masaki est un youtubeur japonais, queer et féministe, qui fait des vidéos aussi bien en japonais qu’en anglais sur les questions LGBTQ+ et tout ce qui peut toucher à la justice sociale. La vidéo qui a attiré mon attention puisqu’elle tournait dans ma TL est celle ci-dessus: 5 choses qu’on ignore sur la LGBTQ au Japon. Une vidéo très importante pour un peu mieux comprendre les discriminations rencontrées par la communauté LGBTQ+.

Il y a parle de la notion de « crime de haine » inexistante dans la loi japonaise, des marches des fiertés, l’évolution que l’acceptation de l’homosexualité à travers les époques, comment les personnalités lesbiennes sont discriminées, et de la présence des personnes LGBTQ+ dans le milieu politique.

Je tenais ensuite à parler d’un groupe que j’ai découvert par le biais de Gru, qui tient un très chouette blog sur les idols. Composé de Shuto, Yukichi et Taiki, SECRET GUYZ est le premier groupe d’idols composé exclusivement d’hommes transgenres. Ils ont débuté en 2013 et ont sorti leur sixième single le 30 novembre dernier.

Les idols ne sont pas au goût de tout le monde, surtout par chez nous, c’est souvent niais et kitsch, mais si vous êtes amateurs de ce genre de musique, et que, comme moi, vous avez un faible pour le concept de cute boys doing cute things, alors ça a de grande chance de vous plaire. Leurs chansons n’ont pas forcément de rapport avec la lutte LGBTQ+ mais ils se présentent comme des activistes et tiennent vraiment à faire passer un message, et à inspirer les gens qui hésitent à faire leur coming-out.

Le très bon site Takurei’s Room, dont j’avais déjà parlé dans un autre article!, a traduit l’une de leurs interviews, et elle est très intéressante. Les membres y expliquent qu’encore beaucoup de gens n’osent pas venir les voir en concert parce qu’ils sont transgenres, et qu’à leur grand regret, leur fanbase ne compte pas beaucoup de personnes LGBTQ+.

Maintenant, j’aimerais évoquer un autre manga: ECHOES, d’Ayumi. C’est Crunchyroll qui a attiré mon attention dessus; un article a été consacré au manga car, pas plus tard que la semaine dernière, il a gagné le premier prix au Kono Manga ga Sugoi!, une cérémonie d’awards organisée par l’éditeur Takarajimasha qui a pour but de faire découvrir de jeunes talents dans le monde du manga. J’ai trouvé ça plutôt chouette qu’un manga comme celui-ci gagne parce qu’il traite d’identité de genre, la différence, la solitude,…

C’est sur une équipe féminine de basketball, et il se trouve que Sei, le protagoniste, est un garçon transgenre. Apparemment, l’histoire est basée sur la propre expérience d’Ayumi, l’auteur. On suit aussi ses équipières, Asuka, décrite comme misanthrope, et Kaneko, qui souffre de son passé et se sent faible. C’est bien qu’on ait remis un prix à un manga qui traite de ce genre de thème, c’est pour ça que je voulais le mentionner, c’est une bonne nouvelle je pense; malheureusement il est encore assez nouveau, et il n’est pas licencié chez nous ou ailleurs, donc je ne sais pas ce qu’il vaut…


C’est tout pour cette fois ! C’est un petit article mais je me suis dit que ça pourrait vous plaire. En espérant vous avoir fait découvrir de nouvelles choses !

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Pensées LGBT: Yuri!!! on Ice, Shuumatsu no Izetta, Hibike! Euphonium,…

On pourrait penser que j’ai assez parlé de Yuri!!! on Ice, mais que nenni ! J’ai, en effet, déjà posté deux chroniques sur le sujet:

Je me permets de vous en conseiller la lecture avant de continuer cet article là, parce qu’il leur un peu de « suite ». Par contre, je ne vais pas m’étaler autant que les fois précédentes; je ne comptais d’ailleurs pas revenir sur le sujet, mais j’ai reçu énormément de retours suite à ces articles, qui m’ont poussé à réfléchir plus loin sur certains points.

Et, spoiler alert: je reste sur mes positions. Clairement, l’anime s’adresse aux fujoshi, et reste un produit pour un public de niche. Il ne rend pas service à la cause LGBTQ+ au Japon, il n’a pas l’impact qu’on peut parfois avoir l’impression qu’il a en voyant des fans le qualifier de « révolutionnaire ».

Mais ces derniers temps, j’ai essayé d’être un tantinet plus positive sur le sujet.

Certes, ce n’est pas le type de représentation idéale, on est au clair là-dessus après deux articles. Malgré tout, ça reste un anime, qui n’est pas un BL!, mettant en scène deux adultes du même genre dans une relation saine, équilibrée, sincère,… L’épisode 10 a été une sacrée claque pour moi. Plus encore que l’épisode 7, où pourtant y’a eu un bisou et ça c’était du jamais vu. Mais avec le dernier épisode, je me suis rendue compte à quel point la romance était travaillée et bien pensée, et même si c’est ce genre d’anime avec du fanservice pour un certain public, bah il n’en reste pas moins très bon, et la romance est… tellement du niveau au-dessus de ce qu’on a l’habitude de voir.

Quand je parle de Yuri!!! on Ice, j’essaie de prendre le plus de recul possible; j’espère que ça se voit quand j’écris mes articles, parce que sur Twitter, c’est une autre histoire: chaque mercredi, je suis submergée, tout ce que j’ai envie de faire, c’est l’éloge de cet anime. Malgré tout, je vois bien l’impact positif qu’à l’anime sur la communauté de fans. Certes, y’a ce problème de fétichisation que j’arrête pas de rabâcher, plein de fans qui le qualifient maintenant de « yaoi », mais je vois aussi des personnes LGBTQ+ à qui cet anime parle, et en plus il fait un bon job pour normaliser les relations de ce genre aux yeux des autres, donc j’ai envie de croire que c’est une bonne chose même si c’est à une petite échelle.

Aussi, Kubo Mitsurou, la dessinatrice de Yuri!!! on Ice, a posté ce tweet hier. En me basant sur des traductions qui ont tourné:

« Peu importe ce que les gens pensent de YOI dans le monde réel, dans le monde de YOI, discriminer quelqu’un pour ce qu’il aime n’existe pas. Je protégerais ce monde. »

L’été dernier, alors que YOI n’avait pas encore commencé, elle a posté ce tweet-là:

D’après cette traduction, ça donne: « Je m’en fiche des histoires qui parlent de trouver l’amour ou de vouloir se marier, et comme on trouve des romances homme/femme à la pelle, qui voudrait me voir en écrire une ?… Je veux simplement écrire une histoire sur une relation saine et profonde… et dans ce cas, je ne me sens pas obligée d’écrire sur un homme et une femme. Même si je suppose que vous pouvez le voir, donc c’est tout ce que je dirais sur le sujet. »

Et ceux qui sont familiers avec les autres productions de la réalisatrice, Yamamoto Sayo, savent qu’elle a déjà traité de thèmes LGBTQ+, et plus généralement féministes, par le passé.

Tout ça me laisse penser que la démarche de l’équipe derrière Yuri!!! on Ice est sincère, et bien intentionnée.

Mais pour moi, il reste important de ne pas perdre de vue que même le studio ne fétichise pas délibérément leur relation, elle est vouée à l’être par les fans parce que c’est juste le genre de public que l’anime touche, c’est un anime pour fujoshi avant d’éventuellement toucher un public LGBTQ+.

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Un de mes blogs préférés, Pensées & Otome, a publié un article-réponse à mon premier post sur Yuri!!! on Ice. Une réponse documentée et plein de bonnes idées que je recommande de lire.

Il y a un paragraphe qui m’a marqué parce que c’est une réflexion qui m’a traversé l’esprit plus d’une fois mais que je n’ai jamais mise à l’écrit sur ce blog:

Au départ quand j’ai découvert le yaoi, cela m’a fait penser aux pratiques de consommation du porno chez les femmes. L’une de mes professeures il y a quelques temps nous avait expliqué que beaucoup de femmes consommaient du porno gay. « Parce qu’on peut y voir des jolis garçons, et qu’on a pas à s’y regarder en tant qu’objet sexuel ».

Et c’est très vrai: les relations entre hommes ont souvent été un moyen pour les femmes d’exprimer leur sexualité. Et je suis bien placée pour comprendre comment, en quoi,… Et je ne voudrais pas leur enlever ça, je ne veux pas qu’on persiste à dicter aux femmes comment exprimer leur sexualité, mais d’un autre côté, ça se fait au dépend des hommes homosexuels qui, pendant que le BL se vend comme des petits pains au Japon, peinent encore à se faire accepter par la société. C’est pas normal, ni juste. Je veux bien croire que dans la consommation de porno gay, au départ, il y a projection, mais au final, on ne cesse d’en avoir des exemples, il y a fétichisme. Et c’est mon souci.

Mais j’essaie d’accepter Yuri!!! on Ice comme de la représentation, même si imparfaite. Ce qui m’a permis de mettre un peu les choses en perspective, c’est ce post sur Shuumatsu no Izetta que vous avez probablement vu passer sur vos tableau de bord si vous avez Tumblr.

Il y a presque 40 000 notes maintenant: certains approuvent, d’autres non, et… je vous laisse deviner dans quel camp je suis.

Shuumatsu no Izetta s’adresse aussi à un public « otaku », mais masculin. Et dans ce genre d’anime, y’a aussi une bonne dose de fanservice, mais dans un esprit un peu plus sexiste. Cet anime, j’en ai regardé quelques épisodes et j’ai vite tiré un trait dessus, parce que même si le premier épisode était prometteur, c’est vite devenu chiant et les héroïnes, Izetta et Finé, étaient sans cesse sexualisées. Leur relation en elle-même n’est peut-être pas fétichisée dans l’anime, mais Shuumatsu no Izetta n’est rien de plus qu’un énième anime qui joue sur l’ambiguïté entre deux adolescentes… C’est dans le seul but de faire fantasmer des hommes.

Et vous avez compris que je ne pense pas que Yuri!!! on Ice soit très différent, mais au moins, il est allé jusqu’au bout. Entre Victor et Yuri, c’est réel, c’est officiel, c’est une véritable romance entre deux adultes, qui plus est bien construite et bien développée. Je ne pense pas que ça soit juste de le mettre au même niveau que Shuumatsu no Izetta, parce que derrière Yuri!!! on Ice, y’a quand même un désir de bien faire. C’est pas encore ça, mais y’a quand même un effort de fait comparé à ce qu’on voit d’habitude.

Ce post m’a aidé à mettre les choses en perspective dans le sens où:

oui, Yuri!!! on Ice est un anime avec un fanservice, oui c’est pour les filles, 

mais en tant que membre de la communauté LGBT+, quand je me penche sur la représentation,

Shuumatsu no Izetta, j’y accorde même pas un regard, alors que Yuri!!! on Ice c’est quand même différent de ce qui se fait d’habitude et ça mérite qu’on en discute. Parce qu’au moins, c’est allé quelque part, au-delà des sous-entendus.

Rien à voir avec de la lesbophobie comme certaines réponses sur tumblr ont pu le laisser suggérer, c’est normal d’accorder moins d’attention à un anime qui sexualise ses héroïnes tout juste majeures qu’à un titre qui essaie de proposer une romance explicite et crédible entre deux adultes. Je suis la première à remettre en question le « yaoi » et à déplorer le peu de relations entre femmes dans les médias, mais là c’est une critique qui, je trouve, n’a pas lieu d’être.

C’est comme ça que j’ai vraiment réalisé que Yuri!!! on Ice, sans pour autant mérité d’être décrit comme une « révolution », apporte quand même un vent de fraîcheur et est peut-être un pas vers une meilleure représentation.

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Un anime qui avait vraiment du potentiel, contrairement à Shuumatsu no Izetta, c’était la saison 2 d’Hibike! Euphonium. Quand la première saison est sortie, j’en parlais toutes les semaines. Kumiko et Reina était au centre de l’histoire, leur relation s’est développée petit à petit en une relation forte, mais il y avait de tels moments de tensions romantiques et sexuelles que j’avais le naïf espoir qu’elles finissent ensemble. Je m’y accrochais mais la saison 2 touchera bientôt à sa fin, et je me suis fait à l’idée que ça n’allait tout simplement pas arriver. C’est bien dommage parce que y’avait pas de sexualisation, pas de fétichisme, et entre elles, ça sonnait vrai.

Mais la saison 2 s’est concentrée sur d’autres choses que la relation Kumiko x Reina, qui avait été suffisamment explorée dans la première saison pour qu’on ait fait le tour de la question et qu’on puisse passer à autre chose. Et ce n’est pas un reproche ! c’est une excellente saison, mais le fait est que le sujet « Reina » est clos et que si elles avaient dû avoir une relation romantique, ça aurait déjà été fait. Maintenant ? Plus vraiment la peine d’attendre.

Je me suis fait une raison et les choses me conviennent telles qu’elles sont, j’espère juste qu’il n’y aura pas de romance du tout, et que Kumiko ne va pas finir avec Shuiichi à la dernière minute…

Je me suis fait une raison, mais c’est dommage.

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Trois ans plus tôt, le même studio sortait Tamako Market, dont l’un des personnages principaux était Tokiwa Midori. Elle était amoureuse de l’héroïne, Tamako, sa meilleure amie. Ce n’était pas l’intrigue principale, et ça n’a rien donné, mais c’est pas forcément ce que je demande; c’est aussi très important de voir des personnages LGBTQ+ exister en dehors de leurs relations, et Midori était exactement ça. Elle n’était peut-être pas au cœur d’une romance lesbienne, mais elle était explicitement attirée par une autre fille, et on l’a vu se découvrir, réaliser ses sentiments, les accepter,… Elle a dû faire face à une situation que beaucoup connaissent: s’éprendre d’une hétéro… C’était bien fait, présent tout au long de la série, et l’épisode 3 avait un très bon message qui était « on peut aimer qui on veut ».

C’était de la bonne représentation, je pense. Après, sans pour autant partager les mêmes problèmes que Yuri!!! on Ice, c’était pas un anime « mainstream ». J’en ai parlé dans mon deuxième article: Yuri!!! on Ice est un anime pour un public de niche bien spécifique: les fujoshi. Mais au final, la plupart des anime sont comme ça, même ceux qui ne font pas dans le fanservice: à part les divertissements familiaux comme Sazae-san ou les oeuvres qui sont devenues mainstream à l’étranger comme Shingeki no Kyojin, les anime ne sont tout simplement pas mainstream, ça passe tard le soir à la télé et seuls les habitués du genre s’y intéressent. En plus, Tamako Market ne s’est pas spécialement bien vendu donc voilà… je ne pense pas que ça ait eu de l’impact du tout, mais c’était très chouette à voir quand même.

Entre temps, KyoAni a sorti Free! et Hibike! Euphonium donc on n’a pas trop évolué niveau visibilité LGBTQ+. Mais Hibike! aurait pu le faire, il aurait même pu très bien le faire. Mais non.

Mais cette même saison, même si c’est imparfait, Yuri!!! on Ice l’a fait. Je reste critique de l’anime et sa « représentation », j’estime que c’est important; mon avis n’a pas vraiment changé mais je voulais quand même en montrer les aspects positifs.

Sur ce, je vous laisse et j’attends vos avis ! Je ne peux pas vous promettre que je ne reviendrai pas à la charge donc j’espère que vous n’êtes pas lassés de lire des articles sur le sujet !

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Anime pour « fujoshi » ?

Voilà maintenant une semaine que j’ai publié l’article intitulé « Est-ce que Yuri!!! on Ice pourrait, mais surtout /devrait/ être plus gay ? ». L’anime n’a pas perdu de temps pour répondre à toutes les questions que j’y posais, alors entre temps, je l’ai mis à jour, pour dire que j’étais optimiste concernant la suite, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’exprimer ma réticence face à l’officialisation de cette relation. Pour moi, le problème majeur, c’est le public ciblé par cet anime: les fujoshi. Beaucoup n’ont pas compris comment j’en étais arrivé à la conclusion que cet anime visait un tel public.

J’imagine que la confusion vient de la connotation du terme « fujoshi »: par définition, il désigne les filles fans de boys love, les romances entre deux hommes, écrites par des femmes pour d’autres femmes (généralement hétéros). Alors quand je dis « anime pour fujoshi », c’est vrai que ça pourrait impliquer tout anime avec ce fameux sous-texte homoérotique dont on a déjà tant parlé, voire carrément un anime « yaoi ». Mais pas forcément ! Parce que de plus en plus, le mot « fujoshi » est utilisée comme un équivalent féminin d’ « otaku ».

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Donc quand on parle d’anime pour « otaku », on entend anime avec du fanservice à base de lolis, corps aux proportions irréalistes, seins qui défient les lois de la physique et overdose de moe. C’est fait pour plaire à un public masculin bien particulier, un public de niche.

Et les anime dits pour « fujoshi », c’est la même chose, mais fait dans l’esprit de plaire avant tout à un public féminin, encore une fois un public de niche: beaux gosses qui font du sport, beaux gosses dans un groupe d’idols, reverse-harem, et tout ce qui s’en suit.

Au final, peu importe votre genre, vous pouvez aimer n’importe quel type d’anime, mais la réalité des choses, c’est que lorsqu’un studio produit un anime, c’est dans le but de faire du profit, et la solution de facilité, c’est souvent de s’adresser à un public dévoué, c’est à dire des fans qui seront prêts à acheter n’importe quel produit dérivés, et bien sûr, les DVDs. Et au Japon, on distingue bien deux types de consommateurs, deux communautés qui ont chacune des fantasmes bien précis: d’un côté, ceux qui veulent du moe (souvent des hommes), et de l’autre, ceux qui veulent des bishounen (souvent des femmes). Voilà comment se sont dessinées les deux catégories « otaku » et « fujoshi ». L’une trouve sa place dans les rues d’Akihabara et l’autre arpente Otome Road à Ikebukuro.

Si vous n’avez pas lu mon article sur le coût d’un anime, c’est le moment ou jamais!, ça apporte un peu de contexte:

En plus de parler des dépenses qu’engendre la production d’un anime, j’explique que contrairement à ce qu’on pourrait croire par chez nous, un anime est rarement « tout public ». Les anime qui marchent le mieux sont ceux qui sont diffusés durant la journée, et c’est des anime « pour toute la famille », des petites productions courtes comme Sazae-san ou Doreamon. Le reste passe généralement après 23h. Même les titres « josei », « shounen »,… qui font aussi dans le marketing genré mais s’adressent un public déjà un petit peu plus large (pas forcément « otaku ») ne sont pas « mainstream » au Japon. Pour qu’un anime rapporte gros, l’idéal serait qu’il rencontre un large succès à l’international, comme Shingeki no Kyojin a su le faire.

Tout ça pour dire qu’une bonne stratégie pour amasser du fric et rentabiliser une production, c’est savoir parler au bon public, et lui donner ce qu’il veut.

Depuis… disons 2010… le marché de l’anime s’est rendu compte que les filles aussi pouvaient dépenser des sommes folles dans leurs séries préférées, et c’est comme ça qu’on a commencé à voir de plus en plus d’anime qui leur été destinés. Mais encore une fois, on parle bien de « fujoshi », d' »otaku », des fans très impliquées et dévouées. Au final, des anime « pour les filles » qui ne s’adressent pas à cette catégorie bien spécifiques de fans, y’en a de moins en moins…

Ore Monogatari!! visait les jeunes filles, Shouwa Genroku Rakugo Shinjuu ciblait un public féminin plus mature,…

Après, certains anime peuvent viser un certain public et se retrouver avec une audience complètement différente. J’imagine qu’Osomatsu-san en est un exemple, et un bon!; peut-être que je me trompe, mais je crois qu’à l’origine, l’anime n’avait pas pour but de plaire à un public féminin, et pourtant, ses ventes ont explosées grâce à ce dernier.

Il y aussi des titres qui sont un peu « entre les deux »; je pense à Haikyuu!! ou encore Kuroko no Basuke, qui sont, à la base, des manga publiés dans le Weekly Shounen Jump. Tout est dans le titre: c’est littéralement un magazine qui s’adresse aux jeunes garçons. C’est pas pour autant qu’il a renoncé à s’attirer un lectorat féminin.

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Les statistiques de Nikkei Shimbun en 2012 montrent les séries populaires auprès des filles, et celles qui plaisent davantage aux garçons.

Source: article de FoxxFireHeart.

Haikyuu!!, Gintama, Reborn, Kuroko no Basket,… on a lectorat largement féminin, tandis que chez les garçons, on lit plutôt Nisekoi, Kochikame, Medaka Box, Toriko et Beelzebub.

Comme leur nom l’implique, c’est vrai que les fujoshi sont souvent de grandes amatrices de Boys Love ! ça n’aura échappé à personnes. Du coup, pour leur plaire sans pour autant faire un anime explicitement « BL », les studios n’hésitent à insister lourdement sur le sous-texte homoérotique. C’est pas systématiquement le cas: y’a rien de tout ça dans Osomatsu-san, ni dans Uta no Prince-sama (ce qui n’empêche pas les fans de se laisser aller à leur fantaisies; les doujinshi le prouvent bien, et sont là pour ça). Mais c’est très récurrent. On l’a vu dans Free!, mais aussi dans Days, Binan Koukou Chikyuu Boueibu Love!,…

Revenons-en maintenant à Yuri!!! on Ice: très clairement, l’anime appartient à la catégorie « fujoshi », et c’était clair dès le début. Ces dernières années, les anime de sport sont devenus très populaire auprès des fans d’anime: tout a commencé avec Prince of Tennis, puis on a eu Haikyuu!!, Kuroko, Yowamushi Pedal, Ace of Diamond, Free!,… et Yuri!!! on Ice s’est naturellement ajouté à la liste. Si l’omniprésence des beaux gosses ne suffit pas à vous convaincre:

– l’anime est diffusé à 2h21 du mat au Japon, donc clairement, c’est pas un anime tout public

– sa promotion est faite dans des magazines destinés à un lectorat féminin, comme Pash! ou Spoon.2Di

– l’anime a pris d’assaut les magasins Animate, ainsi que la convention Animate Girls Festival: l’Animate est une chaîne de magasins qui s’adressent avant tout à une clientèle féminine.

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Juste quelques exemples qui suffisent à identifier qui est la cible de Yuri!!! on Ice…

Et les anime comme ça, je les adore. D’ailleurs, à la seconde même où Yuri!!! on Ice a été annoncé, alors qu’on n’avait même pas encore de visuel, j’étais déjà fan. Aussi, je sais pas si vous avez remarqué mais… je suis fan de Free!. Et sur ce blog, c’est principalement le type d’anime dont je parle. Je l’ai d’ailleurs nommé « Otome Street » ! Mais je fais aussi partie de la communauté LGBTQ+, et je me soucie de sa représentation dans les médias.

Donc quand ces anime exploitent les relations homosexuelles pour le fanservice, ça me fait grincer des dents.

Pour moi, tout l’intérêt de la représentation, c’est d’offrir de la visibilité aux personnes LGBTQ+. On ne s’en rend pas toujours compte quand on est largement représenté dans les médias, mais c’est très important de pouvoir se reconnaître dans des personnages, de pouvoir s’y identifier et d’avoir des figures qui nous ressemblent. Ca aide à s’accepter, voire à se comprendre, et ça fait juste beaucoup de bien. Ca permet aussi de normaliser certaines choses, de permettre aux minorités d’être mieux acceptées et comprises par les autres. C’est pour ça qu’il faut plus de personnages LGBTQ+ dans les médias « mainstream » qui touchent un large public, mais aussi plus de personnages féminins!!, de personnes racisées, non-valides,…

Quand un anime comme Yuri!!! on Ice montre un couple gay… je suis contente, j’ai envie d’être optimiste, et c’est d’ailleurs ce que j’ai dit dans mon article: je pense que c’est un pas en avant. Mais je ne peux pas ignorer… pour qui est cet anime. C’est pour les filles. Les fans d’anime. Fans qui sont friandes de relations homosexuelles. C’est du fétichisme, de mon point de vue. Et dans tous les cas, c’est pas de la « représentation », ou du moins elle n’est pas efficace.

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J’adore Victuri, c’est une relation fantastique, et pour la première fois, j’ai pas été « queerbait ». Mais ça reste dirigé à un public féminin. C’est pas pour les personnes LGBTQ+, c’est chouette mais loin d’être aussi progressiste que Tumblr veut bien le croire. Au Japon, ça ne contribue pas à la cause LGBTQ+, ça n’aide pas les hommes gays, et d’ailleurs, la plupart ne regardent pas cet anime, peu de gens le regardent en dehors des fangirls. Donc j’en reviens à cette crainte: est-ce que ça vaut vraiment le coup ?

Après, l’anime est diffusé en simulcast à l’étranger grâce à Crunchyroll; alors je veux bien croire que certaines personnes, dans nos contrées, puissent se sentir « représentées », peut-être que ça a quand même un impact positif, mais… le tout dans le tout, je suis pas convaincue. Je ne pense pas que ça va faire avancer grand chose. Et le fandom autour est majoritairement composée de jeunes filles, jeunes femmes, qui pour la plupart fétichisent ce genre de relations. Le marketing autour de l’anime exploite ça. Donc…

Mais peut-être suis-je trop pessimiste, peut-être que le Boys Love, et les anime comme Yuri!!! on Ice, peuvent jouer en la faveur de la cause LGBTQ+ au Japon ? Le sujet de l’article n’est pas le BL, donc je ne vais pas m’étaler, mais j’aimerais vous rediriger vers une lecture intéressante.

C’est un article Harada Akemi pour le site withnews.jp, traduit en anglais par Takurei’s Room (qui est d’ailleurs un super site si vous vous intéressez à la situation LGBTQ+ au Japon).

Je vous laisse lire, mais en gros:

– je ne vous apprends rien mais chaque individu est différent: ainsi, même si des hommes gays n’aiment pas le BL, trouvent ça irréaliste et n’apprécient pas que des filles se forgent une image de « l’homme gay idéal » qui na pas lieu d’être, certains n’ont aucun souci avec les « fujoshi », voire, lisent du BL

– pour Susumu Ryuu (éditeur-en-chef du magazine gay Barazoku), il y a deux types de « fujoshi »: certaines ne savent pas différencier la réalité de la fiction, et d’autres ont un peu plus de considération pour les hommes gays et sont soucieuses de les blesser avec leurs fantasmes

– certaines hommes témoignent du harcèlement de la part de « filles pourries » auquel ils ont fait face, et c’est exactement mon problème avec les « fans de yaoi ». Certaines vont trop loin, confondent BL et réalité, et vont manquer de respect à des vraies personnes. Quelqu’un raconte qu’une femme qu’il ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve lui a demandé comment c’était au lit avec un homme, un autre homme a eu affaire à une auto-proclamé fan de BL qui avait « toujours rêvé de rencontrer un homo »,…

– mais Mizoguchi Akiko, maîtresse de conférence dans une école de droit, pensent que le BL peut profiter aux hommes gays dans le sens où lire des histoires à leur sujet peut aider les filles à « compatir » avec eux en s’imaginant à leur place…

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Voilà pour vous donner une idée. Dans cet article, on ne parle pas de BL, mais c’est définitivement lié puisque les anime pour fujoshi jouent souvent sur les sous-entendus homoérotiques, et ont un public amateur de BL. Même quand un anime n’est pas classé « yaoi », la fanbase autour ne perd jamais de temps pour s’en imaginer. Donc quelque part, ça s’applique un peu à notre sujet. Franchement, je ne pense pas que c’est ce dont la cause LGBTQ+ a besoin. Je ne vis pas au Japon donc je ne suis pas bien placée pour en parler, mais il y a peu de représentation positive des personnes LGBTQ+ dans les médias, et même en dehors de ça, la communauté doit se battre pour ses droits, et pour être acceptée. C’est encore un peu taboo, tout ça.

Alors plus que des bande dessinés pornographiques où des hommes couchent ensemble, plus que des anime avec des romances gays, peut-être que ce qui rend le plus service à la cause, c’est d’être mise en avant dans des médias tout publics, avec des personnages LGBTQ+ comme dans Last Friends, des célébrités ouvertement LGBTQ+ comme AyaBambi ou Ataru Nakamura, des events comme la Rainbow Parade,…

Encore une fois: je suis pas japonaise, donc je peux pas m’étaler sur le sujet, mais j’imagine que c’est plus utile que le… boys love.

Tout ça pour en venir au fait que… je pense que c’est attribuer trop de mérite à Yuri!!! on Ice que de dire qu’il contribue à quoi que ce soit pour la cause LGBTQ+ au Japon. Cela dit, je veux croire que c’est un pas en avant, et peut-être que ça encouragera plus de studios à faire des anime avec des protagonistes non-hétéros, de préférence des anime ne se cantonnant pas aux « fujo ». En attendant, c’est pas une avancée aussi exceptionnelle qu’on aimerait le penser.

Sur ce, je pense avoir expliquer et développer ce que je voulais, alors une nouvelle fois, la parole est à vous ! Dites-moi ce que vous pensez de l’officialisation du couple Victuri, et du fait que l’anime vise un public féminin, et discutons-en dans les commentaires !

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Est-ce que Yuri!!! on Ice pourrait, mais surtout /devrait/, être plus gay ?

 


Partie 2: J’y explique en quoi Yuri!!! on Ice est un anime pour fujoshi. 

Partie 3: Je parle des aspects positifs de cette « représentation ».


Vous l’avez vu venir à des kilomètres cet article, non ? Non seulement, je suis une fan de la première heure de Yuri!!! on Ice, je suis aussi très préoccupée par la représentation des personnes LGBTQ+ dans les médias, et… pas besoin de plus d’un épisode de cet anime pour comprendre en quoi les deux sont liés. Je ne sais pas s’il est nécessaire de se perdre dans une plus longue introduction, parce qu’aujourd’hui, on se pose deux questions très simples, la première étant:

  • Est-ce que Yuri!!! on Ice pourrait être plus gay ?

Il y a tant de raisons d’aimer Yuri!!! on Ice, et l’anime connaît d’ailleurs un succès bien mérité; mais son principal atout, au-delà des superbes séquences de patinage, c’est bel et bien la relation entre ses deux protagonistes, Victor et Yuri. Victuri, pour les intimes.

On s’attendait à une bonne dose de fanservice homoérotique comme on nous en sert si souvent ces dernières années, et effectivement, les deux personnages sont très proches, tellement proches que beaucoup de gens se demandent maintenant si ça ne va pas aboutir à une relation « officielle ».

C’est vrai qu’il y a matière à se poser la question. A l’heure où j’écris, l’épisode 6 vient de sortir; admettons que l’anime ait autour de 12 épisodes, on en serait donc à la moitié. Et chaque épisode, le patineur et son coach se rapprochent un peu plus… C’est une relation qui plait parce qu’on l’a vu se développer: au début, Yuri ne savait jamais où se mettre face aux avances de Victor, mais petit à petit, il a commencé à cherché le contact de lui-même, et à présent, on ne compte même plus leurs étreintes. On a pu assister à plein de petits moments de complicité, d’intimité, mais aussi à de grandioses scènes transpirantes de tension sexuelle. Bien que tout le programme de Yuri consiste à séduire Victor, et qu’il a plus ou moins explicitement déclaré son amour pour son coach à la télévision nationale, le fait est que… on ne peut toujours pas affirmer qu’ils sont en couple, ni même que la nature de leur relation est romantique. Du moins, ça n’a pas encore été dit clairement, ça n’a pas été dit franchement, et on ne peut le lire nulle part noir sur blanc.

Mais à ce stade, je me demande quand même où est la frontière entre le queerbaiting et le sous-texte.

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On parle de « queerbaiting » quand les scénaristes font exprès de sous-entendre qu’il se passe un truc entre deux personnages du même genre pour attirer les « fangirls » et/ou un public LGBTQ+, sans pour autant avoir l’intention de confirmer quoi que ce soit. Les séries qu’on pointe le plus souvent du doigt sont Supernatural, Sherlock et Teen Wolf. Mais les anime ne sont pas innocents non plus !! Glisser un sous-texte gay pas très subtile est une forme de fanservice qui a fait ses preuves, surtout depuis qu’il y a tout un marché qui essaie de satisfaire les « fujoshi ».

Mais un sous-texte homoérotique dans une œuvre n’est pas toujours mal intentionné. Sous-texte, ça veut dire qu’on ne nous dit pas les choses, mais on nous les montre. Et j’ai sincèrement envie de croire que Yuri!!! on Ice n’est pas juste du bête fanservice, je n’ai pas envie de retomber dans un piège à la Hibike! Euphonium, mais j’ai l’impression qu’on veut nous faire comprendre que Victor et Yuri s’aiment. Ils sont devenus si nonchalamment tactiles, même autour des autres, même devant les caméras… sans parler du fait que, même si on a jamais entendu un franc « je t’aime » sortir de leurs bouches, on a eu le droit à tous les dérivés possibles. Clairement, si on avait affaire à un garçon et une fille, la question ne se poserait déjà plus depuis longtemps.

Certains pensent que d’ici la fin de l’anime, la relation prendra une forme plus « officielle », certains espèrent même un baiser. Personnellement, je pense que rien qu’une confirmation de Yamamoto Sayo me suffirait. Leur relation telle qu’elle est actuellement peut être interprété comme une relation romantique sans trop d’ambiguïté, ça a plus de sens de les voir en couple que d’imaginer leur relation platonique, mais déjà que je n’aime pas trop lire entre les lignes, il faudrait que ça soit confirmé par Yamamoto ou par MAPPA, comme DiMartino et Konietzko l’avaient fait pour Korra et Asami dans The Legend of Korra. Je pourrais comprendre que ça soit un cas similaire où le studio d’animation ou la chaîne de télé ne veuille pas « prendre de risque », même si j’en doute et que ça me frustrerait quand même.

De toute façon, on ne peut qu’attendre. Yuri!!! on Ice n’en est qu’à son sixième épisode. Peut-être qu’ils s’embrasseront. Peut-être que leur relation sera officialisée. Peut-être que quelqu’un du studio dira clairement les choses telles qu’elles sont dans une interview. Ou peut-être que ça n’ira jamais plus loin que ce qu’on a vu jusqu’à présent.

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Après, c’est bien beau tout ça, mais on ne peut pas ignorer la deuxième question.

  • Est-ce que Yuri!!! on Ice devrait être plus gay ?

Ce n’est peut-être pas la bonne formulation, je pense qu’on peut s’accorder à dire que la réponse est « oui ». Mais quelque chose me gêne dans toute cette histoire. Je pense qu’il ne faudrait pas qu’on oublie quel genre d’anime est Yuri!!! on Ice; en fait, je l’ai même déjà mentionné: c’est un anime de sport, qui vise avant tout un public féminin. Le public féminin en question, ce n’est pas n’importe lequel: c’est les « otaku », les « fujoshi »,… Ce n’est pas un anime « mainstream », il est d’ailleurs diffusé à 2h du matin au Japon, son audience est un public de niche, bien habitué à ce genre de divertissement. Ce qui plait, ce qui fait vendre, c’est ce genre de relation, c’est ce sous-texte, c’est cette tension. Donc même si « Victuri » venait à être officiel, j’aurais peur que ça soit juste pour répondre aux attentes d’un public majoritairement féminin et hétéro qui fétichise les relations homosexuelles.

Rien que le public international est comme ça, j’ai juste à faire un tour sur Tumblr pour voir que les personnes les plus investis dans cet anime et dans ce pairing, c’est des auto-proclamées fans de « yaoi »/BL.

Une relation fétichisée, c’est pas exactement le type de représentation idéal.

Que ça soit au Japon ou ailleurs, je doute fortement qu’un couple canon dans un anime comme Yuri!!! on Ice aide à normaliser les personnes et les relations LGBTQ+. Ou peut-être que si, mais ça serait bien qu’on puisse nous accepter sans avoir besoin de nous fétichiser. Je pense que ça pourrait néanmoins aider quelques personnes LGBTQ+, parce que ça fait toujours plaisir d’être reconnus, de voir que les médias se souviennent qu’on existe, et ça peut faire beaucoup de bien de voir des personnages « comme nous ». Mais j’ai quand même ce malaise qui accompagne l’idée. Parce que ces anime, je les connais, et ils cherchent plus à nous exploiter que nous représenter.

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J’adore les anime pour les filles, ce blog tourne autour, et au final je fais partie de ce public, mais ce genre de « fanservice », il me fait quand même sacrément chier. Pourtant, à chaque fois je me laisse avoir (que ça soit dans un anime ou dans une série), même quand au fond, je sais que j’espère pour rien, je m’y accroche parce que c’est ce qui se rapproche le plus d’une relation non-hétéro à l’écran. On fait avec ce qu’on a. Mais c’est pas normal.

Pour résumer:

  • Je ne sais pas si Yuri!!! on Ice fait dans le queerbaiting ou dans le sous-texte mais au point où on en est, je me demande bien ce qu’il manque pour confirmer que Victuri est canon.
  • Puis finalement quand j’y pense un peu plus longuement, je me rappelle de tous les autres anime qu’il y a eu avant Yuri!!! on Ice qui nous on fait espérer jusqu’au bout pour rien. Je suis fan de Free! hein, on me la fait plus. Leurs intentions sont claires: faire vendre, et pas nous représenter.
  • Du coup, je sais même plus si j’ai envie que cette relation aille quelque part; si c’est juste pour plaire aux fujoshi, est-ce que c’est vraiment la peine ? quel genre d’impact ça aura, et sur qui ? Dans une certaine mesure, ça aura un impact positif, puis je m’en réjouirais rien que parce que j’aime ce pairing, mais j’aurais aimé que les circonstances soient différentes.

Je vous laisse maintenant la parole, parce que je tiens vraiment à lire votre avis sur le sujet !



 

On dirait que l’anime a pris mon article comme un challenge, parce que j’écris cette petite mise à jour pas moins d’une semaine après la sortie initiale de cet article, juste après la diffusion de l’épisode 7, et… Yuri!!! on Ice vient de prouver que, oui, il pouvait être plus gay qu’il ne l’était déjà.

En effet, Victor et Yuri se sont embrassés. … Incroyable. Honnêtement… même si j’avais dit que tout était possible, je ne m’y attendais pas, je n’y croyais pas. Et pourtant, à partir de maintenant, il n’y a plus de place pour le doute: ce deux-là s’aiment, et ne s’en cachent pas.

Ma crainte persiste: cet anime cible un public bien précis, et je me méfie du fanservice comme de la peste. J’avais dit que si ça venait à être canon, c’était génial, mais que j’aurais préféré que les circonstances soient différentes. C’est toujours le cas. J’aurais aimé que ça soit un anime tout public. Je vois quand même le bon côté des choses: Yuri!!! on Ice rencontre beaucoup de succès, même en dehors du public originellement visé. C’est pas exactement le type de représentation idéale, pour moi c’est toujours de la fétichisation avant d’être de la représentation, je continue à le dire, mais c’est déjà un pas en avant.

C’est la première fois qu’on voit un couple gay dans un anime de sport. C’est l’une des seules fois qu’on a vu un couple gay dans un anime, d’ailleurs.

Suite à cet épisode, je me suis fait la réflexion: quand il s’agit d’anime qui ne sont pas classés BL/GL, autant je peux quand même citer quelques personnages féminins LGBTQ+, autant je peux compter les personnages masculins gays sur les cinq doigts de ma main. Alors c’est très chouette de pouvoir en ajouter à la liste.

En tout cas, j’ai eu une réponse à la question que je me posais: ce n’est pas du queerbaiting, pas plus que c’est du sous-texte. C’est simple, clair, gay, net et précis. Plus besoin de lire entre les lignes.

Reste à voir ce que la suite nous réserve, mais j’ai envie d’être optimiste, pour changer.

En espérant que Yuri!!! on Ice ne soit pas l’exception à la règle, mais le premier d’une longue liste d’anime, de préférence tout public, qui ose aller plus loin que les sous-entendus.

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Qu’y a-t-il sur les étagères de ma bibliothèque ? 2

La dernière fois que j’ai écrit un article portant ce nom, je vous ai présenté cinq de mes manga préférés. Aujourd’hui, j’ai pensé qu’on pourrait continuer à fouiner dans ma bibliothèque, et parler de certains romans que j’apprécie. Concept assez simple, donc on commence sans plus attendre.

1507-1Lolita (1955), de Vladimir Nabokov. Peut-être bien que c’est mon livre préféré. En tout cas, c’est un classique, normalement vous en connaissez au moins les grandes lignes: depuis sa cellule de prison, Humbert Humbert se remémore ses années passées à côté de la nymphette pour qui il nourrissait une obsession sans limite, Dolorès Haze, dite aussi « Lolita ».

Si ce livre me fascine, c’est de part sa narration: l’histoire, on la vit à travers les yeux d’Humbert, Humbert qui est un homme de lettres, il a l’art de manier les mots, et ça, c’est un pouvoir extraordinaire. « Lolita », au final, qu’est-ce que c’est, si ce n’est le récit d’un pédophile qui essaie de justifier son crime ? Mais ce narrateur, « H.H », il sait bien tourner ses phrases, il sait s’exprimer, et gagner le respect et la sympathie des lecteurs pour mieux légitimer ses actions ensuite.

Si Nabokov avait un but en écrivant ce livre, c’était sûrement de montrer le pouvoir des mots, de prouver que lorsqu’on renvoie l’image de quelqu’un de cultivé et distingué, on n’a aucun à manipuler son public. C’est un roman très bien écrit, c’est facile de tomber dans le piège de l’auteur, il a réussi son coup. Un peu trop même. Tant de gens ont terminé ce livre, convaincus que « Lolita » était une romance… la majeure partie des maisons d’éditions ont sexualisé Lolita sur la couverture du livre… Vanity Fair l’aura même qualifié de « seule histoire d’amour convaincante de notre décennie ». Trop de gens passent complètement à côté de l’intérêt du livre, et ça aussi, ça me fascine, autant que ça m’effraie.

ma-vie-de-geishaJe pourrais déblatérer encore des heures à ce sujet mais passons plutôt à un autre livre que j’affectionne tout particulièrement: Ma vie de geisha (2002),  d’Iwasaki Mineko.

Beaucoup de gens admirent la beauté des geisha, moi y compris, mais que sait-on vraiment sur elles ? Par chez nous, on est assez confus à propos de ce qu’est une geisha, je crois que l’idée reçue que j’ai le plus entendue est que ce sont des « prostituées de luxe »… Si vous êtes intéressés par les geisha, et que vous voulez vraiment savoir en quoi consiste leur vie, leur métier,… la meilleure solution est de l’apprendre de la bouche d’une concernée. En effet, Ma vie de geisha est l’autobiographie d’Iwasaki Mineko, qui, jusqu’à ce qu’elle prenne sa retraite avant ses 30 ans, était la geiko la plus connue du Japon.

Vous connaissez sûrement « Geisha » ou « Mémoires d’une geisha », le roman, plus tard adapté en long-métrage, d’Arthur Golden. Si vous l’avez vu ou lu, oubliez-le, c’est tout sauf une référence. Pour livre, Golden a interviewé plusieurs geisha, dont Iwasaki Mineko, en leur promettant de préserver leur anonymat, chose qu’il n’a finalement… pas faite. En plus de ne pas avoir respecté sa volonté à ce sujet, l’auteur a pris quelques libertés avec la réalité, pour ne quand même pas trop s’éloigner du fantasme occidental de la geisha… Le livre a largement été critiqué pour ça, mais encore beaucoup de gens l’ignorent; pourtant, Iwasaki a même porté plainte pour rupture de contrat et diffamation.

Puis, elle a écrit son propre livre pour raconter son parcours, parcours qui a débuté dès l’âge de 5 ans quand elle a dû quitté sa famille pour rejoindre une okiya de Gion. C’est une lecture très intéressante, on apprend tellement de choses, l’écriture est simple et sincère, il y a même quelques photos!, et au moins, on a une représentation réaliste de la profession, bien loin du fétiche des occidentaux, des geiko de Gion sont des artistes qui travaillent dur, sans relâche et ce depuis le plus jeune âge.

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