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Girls girls girls : Age of Youth, My Solo Exchange Diary, God is a woman

Aujourd’hui, on se retrouve encore une fois pour un article où je vous partage mes coups de cœur les plus récents, à commencer par… Age of Youth. Série coréenne de 12 épisodes, écrite par Park Yeon-seon et réalisée par Lee Tae-gon et Kim Sang-ho en 2016.

On y suit le quotidien de cinq colocataires, la coquette Ye-eun, la séductrice Yi-na, la travailleuse Jin-myung, et l’excentrique Ji-won, quatre fortes personnalités qui écrasent un peu la nouvelle arrivante, la timide Eun-jae. Mais alors que les tensions se dissipent et que les filles se rapprochent, des fantômes du passé resurgissent.

Encore un drama que je tente après avoir entendu Rose (du blog Manga Suki) en parler ; je m’attendais à quelque chose de frais et drôle, ce que j’ai eu !, mais très vite, les thèmes de la mort et des secrets se font omniprésents, et même si l’ambiance reste légère, quelque chose de lourd pèse sur « Belle Epoque ». Tout commence quand Ji-won dit voir un fantôme devant le meuble à chaussures, loin de s’attendre à ce que presque toutes ses colocs se sentent concernées…

Vous l’aurez compris, ces filles ont des vécus peu communs, mais il n’empêche qu’on peut facilement retrouver un peu de nous dans chacune d’elles.

On peut se reconnaître dans Eun-jae et sa timidité maladive, son sentiment de ne jamais être à l’aise nulle part, de ne pas jamais être sa place, et son envie de s’affirmer mais d’avoir peur de se ridiculiser. Dans Ye-eun et sa relation toxique, ses déceptions, son humiliation, sa séparation difficile. Dans Yi-na et sa difficulté à se projeter, et à savoir ce qu’elle veut faire de son avenir alors qu’elle a passé des années sans tenir à la vie. Dans Ji-myung et ses soucis aussi bien familiaux que financiers, son impression de ne pouvoir être vulnérable devant personne, sa vision de la vie qu’elle ne voit que comme une série d’épreuves sans fin. Et dans Ji-won qui, malgré sa solitude et son besoin d’affection, refuse de s’excuser d’être ce qu’elle est et préfère attendre de trouver une personne qui l’acceptera plutôt que de changer sa personnalité pour plaire (et… elle est aussi horny h24, beaucoup s’identifieront…).

Leur amitié à toutes les cinq fait vraiment la force d’Age of Youth. Il y a un peu de romance, deux couples se forment, mais j’ai trouvé ça assez secondaire, et je dirais même que la série insiste sur l’importance de se faire passer, soi-même et son bien-être, avant n’importe quelle relation amoureuse. (Ceci étant dit… y’a une sacrée alchimie entre Yi-na et Ye-eun, je me suis régalée, les autres couples font pâle figure à côté).

Même si j’ai du mal à les voir, Age of Youth n’est pas sans défaut ; l’écriture peut décevoir de tant à autre, la résolution de certains arcs peut être décevante,… il y a toujours des éléments qui auraient pu être améliorés, mais le tout dans le tout, j’ai une série que j’ai pris énormément de plaisir à regarder. J’avais mes appréhensions devant le premier épisode (on fait tant de crasses à Eun-jae que j’avais du mal à m’imaginer voir les bons côtés de ces personnages) et pourtant on s’attache à ce charismatique et haut en couleurs groupe d’amies.

Je me réjouissais de les retrouver pour une seconde saison mais il s’avère qu’elle est très différente de la première, certains personnages laissent leur place à d’autres, et pire encore, l’actrice de Eun-jae a été remplacée… j’ai l’impression que ce n’est plus la même série, j’ai ouïe dire que même le ton avait un peu changé, l’humour plus tout à fait le même, et j’ai trop peur de me gâcher la série pour lui donner une chance.

Il y a quelques temps, je vous parlais de My Lesbian Experience with Loneliness, manga autobiographique qui m’avait beaucoup marquée. Le mois dernier, sa suite, My Solo Exchange Diary, est sortie en anglais chez Seven Seas, avec son deuxième volume prévu pour février 2019.

On y retrouve cette même honnêteté que dans son précédent manga; Nagata Kabi parle de sa dépression et sa sexualité sans tabou, cette fois-ci sous forme de journal, où l’on suit ses progrès, mais aussi ses échecs, alors qu’elle essaie de prendre son indépendance, de déménager, et d’entretenir une relation avec une femme.

C’est toujours aussi dur à lire parce que ce n’est pas qu’une simple histoire, c’est la vraie vie, c’est la vie de quelqu’un, et l’autrice sait retransmettre le poids de ses problèmes, ce sentiment étouffant, suffoquant, que, pour certain-e-s d’entre nous, on ne connait que trop bien. Sa situation est particulière, mais ses sentiments et ses problèmes, universels. Elle évoque le fait de se sentir seul-e même lorsqu’on est entouré-e, parce que finalement, ce qui compte, ce n’est pas d’être accompagné-e mais d’être compris-e. Elle parle du fait de ne pas réussir à mesurer ses accomplissements, de ne jamais en être satisait-e, d’être bloqué-e par la peur de décevoir les autres, d’avoir l’impression que le bonheur est à porté de main mais de ne pas se sentir capable de le saisir.

C’est dur parce que ce n’est pas romancé, sa réalité n’est pas édulcorée, et même si ce tome se termine sur une note d’espoir, on sait que le chemin est encore long.

Malgré tout, ça fait du bien de voir une autrice mettre sur papier ce genre de sentiments avec autant de justesse et d’authenticité. Son premier titre arrive à la fin de l’année en France, mais sous le nom de « Solitude d’un autre genre », un changement qui me chiffonne un peu puisqu’il est un peu trompeur quant au contenu du manga et omet le mot « lesbienne » (décision fort douteuse, pour ne pas utiliser un autre mot), sans parler des altérations faites à la couverture. Ceci étant dit, si vous attendiez une édition française pour pouvoir le lire, elle sortira chez Pika, collection Pika Graphics, en octobre prochain et coûtera 18€.

Touchée par No Tears Left To Cry, et surprise par The Light Is Coming avec Nicki Minaj, je me suis penchée sur la tracklist du prochain album d’Ariana Grande, « Sweetener », et un titre a attiré mon attention : « God Is A Woman ». Le 13 juillet, la chanson et son clip sont sortis, et ne m’ont pas déçue !

C’est un sensuel mélange de pop et de hip hop, pas forcément un coup de cœur dès la première écoute mais après l’avoir entendu quelques fois on se prend à chanter le dernier refrain à gorge déployée. Plus que la musique elle-même, c’est le titre qui a fait parler de lui : considéré par beaucoup comme blasphématoire, il a fait polémique avant même que le clip ne sorte. La ligne de défense que j’ai vu revenir quasi systématiquement, c’était que les paroles n’impliquaient non pas que Dieu était une femme, mais que Ariana était une déesse au lit… et c’est vrai que dans l’absolu, c’est ça, c’est les paroles.

Mais l’imagerie du clip suggère effectivement un Dieu de sexe féminin : elle recréé, entre autres, La Création d’Adam, et brise le plafond de verre après un monologue de Madonna où celle-ci incarne Dieu en reprenant et adaptant un passage de Pulp Fiction. Les intentions sont claires, et elles sont bonnes !, donc j’estime qu’il n’est pas nécessaire ou utile de les effacer pour défendre la chanteuse et son travail face à des gens qui ne veulent de toute façon rien entendre. Le concept n’est pas nouveau, et je suis contente de voir un début de vague « d’hymnes féministes » célébrant le corps des femmes et les replaçant au « centre de l’univers », à l’Origine du monde. Plus tôt cette année, Janelle Monáe dédiait sa chanson PYNK à la vulve, et chantait « I just wanna find a God, and I hope She loves me too » dans Crazy, Classic, Life (deux titres qui prônent d’ailleurs eux aussi une sexualité libérée) sur son album Dirty Computer.

A mes yeux, le clip n’est pas révolutionnaire, mais j’adooore la direction artistique (les vulves, les réinterprétations d’oeuvre d’arts, la scène où elle doigte un cyclone,.. c’est quand même pas mal tout ça), et ce genre de message fait toujours plaisir à voir ; je trouve qu’il obéit encore à certaines normes mais c’est déjà un début, c’est positif, c’est par une artiste influente donc ça permet d’ouvrir des débats, de commencer des conversations,… alors c’est quand même un OUI pour ma part.

The Creation of God, par Harmonia Rosales.

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RECOMMANDABLE!

Je n’ai plus la patience d’attendre le prochain Slice of Life pour vous faire part de mes récentes découvertes, je veux les partager avec vous ici, maintenant, tout de suite, sans perdre une seconde de plus.

zion-t_-_ooLe dernier EP de Zion.T, intitulé OO, sorti le 1ᵉʳ février. Coup de cœur immédiat !! Trois ans après son album « Red Light », Zion.T revient avec 7 nouvelles chansons, dont le single THE SONG.

Il propose un r&b « chill » avec une pointe de jazz; un style qui m’a tout de suite plu: les morceaux s’enchaînent tous très bien et l’ensemble est un petit plaisir à se repasser en boucle. C’est propre, c’est de qualité, et c’est le genre d’album qui, je trouve, a le potentiel de plaire même à ceux qui ne ~raffolent~ pas de k-pop.

Cette année, j’essaie de me remettre un peu plus sérieusement aux manga, que j’ai quand même bien délaissé ces dernières années… J’ai bien sûr continué Le mari de mon frère, de Gengoroh Tagame, avec son tome 3. Je maintiens: c’est un must-have. Ce tome est dans la lignée des précédents, on traite toujours des mêmes thèmes avec justesse (l’homosexualité, l’homophobie, être dans le placard, la famille, la perte d’un être cher,…). Agréable à lire, émouvant, et pour ceux qui craindraient que l’histoire finisse par tourner en rond… elle touchera à sa fin dans le prochain tome.

J’ai aussi commencé Dead Dead Demon’s Dededededestruction, d’Inio Asano, et… j’ai beaucoup aimé. J’ai trouvé le style assez unique, autant au niveau du dessin que de l’écriture, mais quant à l’histoire… j’ai ouïe dire qu’elle démarrait réellement seulement à partir du troisième tome, donc je lirai ça et je vous en reparlerai, mais en tout cas!, de ce que j’ai vu dans ce premier tome, j’accroche totalement. Le manga traite de la jeunesse (plus largement, la société) après la catastrophe de Fukushima; on y suit des lycéennes: Kadode, Ouran et leurs amies. Elles vivent à Tokyo, mais pas dans un Tokyo tel qu’on le connait; en effet ça fait trois ans qu’un vaisseau spatial menace la ville depuis le ciel. Il est apparu un 31 août 2011, causant plus de 95 000 victimes. Depuis, plus une seule attaque, mais il demeure, dans le ciel, imposant, inquiétant, mais tout le monde a appris à vivre avec. Très prometteur !

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Celui-ci, je ne suis pas sûre de vouloir le recommander en fait, mais il fait partie de mes dernières lectures alors… The Private Report on my Lesbian Experience with Loneliness, de Nagata Kabi. J’ai vu ce manga classé comme un « yuri », heu… si c’est ce que vous recherchez, vous allez être bien déçus, pas d’histoire d’amour ici, c’est à une autobiographie qu’on a affaire.

L’auteure se met à nue et nous parle, de manière très franche sans rien embellir, de sa vie. Sa dépression. Son trouble du comportement alimentaire. Sa sexualité. Le ton se veut tragicomique, ce qui n’a pas manqué de me rappeler WataMote qui, si vous connaissez, est un peu dans le même genre, sauf que là, le protagoniste est adulte. Personnellement, je n’ai pas réussi à voir l’humour dans ces deux œuvres, elles sont dures à lire, elles mettent mal à l’aise, surtout quand on a vécu des expériences similaires et qu’on se reconnait dans les personnages. Je ne pense donc pas qu’il soit à mettre entre toutes les mains, la lecture peut se révéler éprouvante.

Et je ne l’ai même pas lu en entier, c’est un one shot mais tous ses chapitres ne sont pas encore traduits. Cependant, Seven Seas a obtenu sa licence, et il sortira en juin aux US; je me le procurerai à ce moment-là. C’est difficile à lire, et, même au-delà de ça, certains points m’ont dérangée, mais l’auteure a eu le courage de se dévoiler, alors j’ai envie d’entendre son histoire, d’en connaître le fin mot aussi, bien sûr, et… malgré tout, certains passages m’ont beaucoup parlé et m’ont fait du bien.

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Ensuite, il y a deux artbooks que je dois absolument vous conseiller. Le premier, BOY MEETS…GRAPH – BEST of BISHOUNEN. Je le convoitais depuis l’année dernière, puis… je l’avais un peu oublié jusqu’à ce qu’un bon Amazon me donne l’occasion d’enfin mettre la main dessus. Cet artbook a été réalisé par un collectif: 79 artistes différents, spécialisées en bishounen et en ikemen !, qui font soit dans le boys  love, les otome games ou encore les drama CDs,… Normalement, si vous lisez ce blog, c’est que c’est votre truc; cet ouvrage vous est donc indispensable !! 192 pages, c’est un peu comme un portfolio, et ! les profils des artistes sont en japonais et en anglais.

Depuis que je l’ai eu, je ne peux plus m’arrêter de le feuilleter et de le contempler: l’artbook de Kumota Haruko. Si vous aimez cette mangaka, vous ne pouvez pas passer à côté: 132 pages d’illustrations toutes plus splendides les unes que les autres, avec une partie consacrée à Shouwa Genroku Rakugo Shinjuu, et une autre dédiée à Fune no Amu. Ma-gni-fique !

81ao8atmetlUne autre lecture m’ayant marquée récemment serait Je voulais juste vivre par l’activiste Yeonmi Park. C’est le récit autobiographique d’une réfugiée nord-coréenne.

Encore une lecture éprouvante, mais pour des raisons bien différentes, que je vous laisse imaginer. Yeonmi n’avait que 13 ans quand sa mère et elle ont fui leur pays, au péril de leurs vies. Le livre est divisé en trois parties. D’abord, sa vie en Corée du Nord, sous un régime sans pitié, qui lave le cerveau de son peuple, le prive de ses libertés fondamentales et de son esprit critique, l’assaille de propagande, l’affame et le terrorise. Ensuite, sa fuite en Chine, ses années passées au cœur d’un trafic humain. Enfin, son arrivée en Corée du Sud, où elle a dû apprendre à penser par elle-même, à vivre dans une société moderne, et à faire face à la méfiance des gens.

Vous vous en doutez, c’est un récit horrifiant, c’est… horrible de lire les dates, et de devoir faire face à la réalité: tout ça, c’est en train de se passer, là, en ce moment même. Horrifiant, mais nécessaire; c’est crucial de lire les témoignages des réfugiés, des survivants, pour de prendre pleinement conscience de la situation. Bouleversante et, certes, pas des plus agréables, cette histoire est importante et doit être lue. Son auteure a dû vaincre bien des démons pour trouver la force de raconter son histoire sans omettre des évènements qu’elle avait pourtant gardé enfouie en elle pendant des années.

tatarigoroshigameJe termine cet article sur Le Sanglot des Cigales, dit aussi Higurashi no naku koro ni. Un visual novel en deux opus, chacun composés de quatre chapitres. Ce n’est pas la première fois que je vous en parle, je relis l’un ou l’autre chapitre quand l’envie m’en prend, et cette dernière semaine, c’était autour de Tatarigoroshi (Malédiction Meurtrière, comme on l’appelle en français).

L’anime est nul, mais assez connu donc je pense que vous connaissez l’histoire, au moins dans les grandes lignes. C’est un groupe d’amis qui vit dans le village reculé d’Hinamizawa. Ils s’amusent bien tous ensemble, coulent des jours heureux, jusqu’à ce que vienne le festival de la Purification du Coton où s’abat la « malédiction de la déesse Yashiro ». En gros: chaque année, il y a un meurtre et une personne qui disparaît. Tous les incidents peuvent être expliqués séparément mais les habitants croient plutôt à la malédiction de la divinité locale qui punirait les ennemis du village. Qu’en est-il vraiment ? C’est ce qu’on essaie de savoir. Chaque chapitre est un « univers parallèle », on recommence depuis le début mais avec des éléments différents, et petit à petit, le voile se lève sur le mystère: c’est du génie, c’est extrêmement bien ficelé, ça représente des heures et des heures de lecture mais c’est nécessaire pour mettre en place une intrigue qui laisse sur le cul.

Lisez Higurashi. C’est brillant. Ça a ses défauts, et ça traîne souvent en longueur mais ça vaut tellement, tellement le coup.