Ici, comme vous le savez, on aime tout ce qui s’adresse aux filles. Les anime destinés à un public féminin, les otome games, les jeux où on peut se rincer l’œil, tous ces médias clairement destinés à plaire aux jeunes femmes.
Parmi eux, les shôjo et les josei. Ce sont des manga qui sont publiés dans des magazines qui ont pour cible les jeunes filles et les jeunes femmes, respectivement. Pour la bonne mesure, on rappelle que ces termes sont des catégories éditoriales et n’indiquent en rien le genre de l’œuvre. Ca donne juste une information sur le public visé.
Ces manga, dans la majorité des cas, sont également écrits par des femmes. Et comme tout ce qui est fait par des femmes pour des femmes et qui plaît aux femmes, c’est très souvent dénigré, ignoré, boudé, stigmatisé… Je ne pense pas avoir besoin de vous faire un dessin.
Mais les consommatrices sont nombreuses et ne s’en cachent pas ! Au cours de l’année dernière, plusieurs comptes dédiés ont fait leur apparition sur Twitter : @shoujocrave, @ShoujoseiWorld et, dans la sphère francophone, @JoseiActu ou encore @shojosphere. Les exemples ne manquent pas ! Et ça fait plaisir.
Pour englober shôjo et josei, il n’est pas rare de croiser le terme « shôjosei ». Simple et efficace.
Je crois bien que c’est une petite invention occidentale : je n’ai jamais vu de japonais-es l’utiliser. Peut-être me trompe-je mais en tout cas il est clairement plus répandu dans nos espaces à nous. Mais je pense qu’il a du sens. Je comprends son utilisation, son utilité, j’estime qu’il rempli plutôt bien sa fonction. Certain-es craindront sûrement que ça créé une plus grande confusion quant à la nature de ces manga, qu’on finisse par penser à tort que les deux se confondent, ce que j’entends tout à fait. Je trouve personnellement ça assez inoffensif.
Quand je vois le terme shôjosei utilisé, c’est souvent par des habitué-es des deux, et c’est juste une façon de dire « voilà, ils ont beaucoup en commun, la tranche d’âge ciblée n’est pas la même, il n’empêche que c’est pour les meufs ». Pour moi, ça se tient !
Là où c’est un peu plus problématique, c’est quand on colle cette étiquette à des œuvres qui n’appartiennent à aucune de ces deux catégories. IDOLiSH7, Diabolik Lovers, Umibe no Etranger… quelques fois déjà, j’ai vu ce genre de titres cités aux côtés de shôjosei. Pourtant, ils n’en sont pas, les termes shôjo et josei n’ont d’ailleurs aucun sens quand il ne s’agit pas de manga ou d’adaptation d’un manga. Mais alors c’est quoi exactement ? Quelle étiquette leur coller ? Boys Love, harems inversés… ce ne sont que des œuvres encore une fois très clairement destinées à un public féminin. Je comprends donc qu’il soit tentant de faire le raccourci… ça serait tellement plus simple !
Sauf que bon. Moi je veux bien fusionner deux termes ensemble quand c’est cohérent. Mais si on range tout et n’importe quoi dans cette catégorie, ça n’a pas de sens non plus !
Si on prend l’exemple de Umibe no Etranger, c’est un BL. Pas la même cat’ éditoriale, pas la même cible.
Diabolik Lovers, c’est un otome game. Pas le même support, déjà.
IDOLiSH7, c’est un jeu avec un cast masculin, également pour un public féminin. Mais pas de romance. C’est différent d’un otome game et encore plus différent d’un shôjo ou d’un josei.
Mais alors qu’est-ce qu’on peut dire !!! Certes, il y a des différences majeures, mais la finalité, c’est quand même que, tout ça, c’est pour les femmes ! Et d’ailleurs, souvent, si on aime l’un, on est susceptible d’aimer l’autre !! Quel nouveau terme on va bien pouvoir inventer pour englober tout ça ?
Et le but de cet article, c’était de vous dire que ce terme existe déjà. Joseimuke. Josei, femme. Muke, « dirigé vers », « en direction de ». C’est tout ce qui s’adresse au public féminin, y compris les shôjo et les josei. Et pour le coup, ce terme-là est utilisé au Japon depuis un moment, il a déjà fait ses preuves. Je le vois aussi dans les cercles francophones et anglophones, je pense qu’il y a beaucoup de personnes à qui je n’apprends pas du tout ce terme, mais il semblerait que « shôjosei » ait pris le dessus au point d’éclipser totalement « joseimuke » alors que les deux pourraient co-exister.
Voilà ! C’est tout pour moi.