Publié dans Visual Novel

Week-end à Hinamizawa avec Higurashi When They Cry – Rei

Je ne pensais pas remettre les pieds à Hinamizawa pour une nouvelle aventure de si tôt… c’était sans compter sur la sortie de Higurashi Rei, le fandisk sorti au Japon en 2009, enfin disponible chez nous depuis début juin !

Petit rappel pour les néophytes : un fandisk, c’est du contenu bonus sous forme d’un nouveau jeu. Généralement, ce sont des histoires inédites, des scénarios alternatifs, de nouvelles illustrations, parfois des mini jeux, des nouvelles OST ou pistes audio… c’est, de manière totalement assumée, du fanservice ! et ça, on adore !

Ici, ce sont trois nouveaux chapitres, pas nécessairement canon, et beaucoup plus courts que ceux de l’histoire principale. C’est la première fois qu’ils sont officiellement traduits en anglais mais le contenu vous sera peut-être familier si vous avez regardé les anime Higurashi Rei et Higurashi Kira. Ce n’était cependant pas mon cas donc tout était complètement nouveau pour moi et j’ai adoré pouvoir, en 2022, continuer cette histoire que j’aime tant, sous le format que je lui préfère, écrite de la main de Ryûkishi07 en personne (ce que j’estime avoir bien mérité après Gou et Sotsu).

Après… qu’est-ce que ça vaut ? Il y a un peu de tout dans Rei : une écriture brillante, des réflexions profondes, mais aussi des moments déjantés, voire vulgaires. Qu’on aime Higurashi pour son histoire, son humour, ou les deux !, on trouve forcément son compte (et c’est un peu tout ce qu’on peut espérer d’un fandisk).

Saikoroshi : le meilleur de Higurashi

Cette histoire se déroule après les évènements de Matsuribayashi, le dernier chapitre de Higurashi. C’est une sortie d’épilogue et, pour vous en parler, je vais forcément devoir vous divulgâcher la fin du visual novel. Il va donc sans dire que si vous ne l’avez pas encore terminé, il vaut mieux pour vous que vous ne lisiez pas les lignes suivantes !

Dans la lignée des deux derniers chapitres du jeu, nous suivons l’histoire du point de vue de Rika, de retour une ultime fois en juin 1983 après avoir été percutée par une voiture. Mais ce fragment est de loin le plus singulier jusqu’ici : aucun conflit n’a eu lieu autour du projet de construction de barrage puisque les habitant·es ont accepté sans trop faire de vagues. Les parents de Satoko sont donc restés en bons termes avec le reste du village, Satoshi n’a jamais disparu, les parents de Rika sont encore en vie, ceux de Re(i)na sont encore mariés, Keiichi n’a jamais déménagé à Hinamizawa, le club ne s’est pas formé, et Rika mène une vie solitaire, à l’écart de la classe. Takano Miyo non plus n’est jamais venue à Hinamizawa et aucune recherche sur le syndrome n’a lieu à la clinique du village.

Quelque part, c’est le monde parfait : aucun des personnages n’a commis de meurtre ou de violence, personne n’est victime du syndrome, et nul ne menace le village qui va de toute façon être submergé, cette fois-ci avec le consentement de ses habitant·es. La seule personne qui ne se sent pas à sa place ici, c’est Rika. Elle n’a plus sa bande d’ami·es, Satoko la harcèle, les habitant·es ne la vénèrent plus et même Hanyuu manque à l’appel.

Dans cette configuration, où toutes les personnes à qui Rika tient le plus n’ont eu à endurer aucun traumatisme, est-ce bien raisonnable pour elle de vouloir perturber le cours de ce fragment pour retourner dans son monde ?

Je suis trop trop contente que ce chapitre existe !!! C’est un scénario presque évident qui méritait d’être exploré et l’écriture est largement à la hauteur des chapitres qui le précèdent. Les enjeux, le conflit interne de Rika, les moments glaçants, l’émouvante conclusion… c’est du Higurashi dans toute sa splendeur.

Et j’apprécie tout particulièrement que, contrairement à Gou et Sotsu (que j’apprécie quand même dans une certaine mesure), l’histoire de Saikoroshi fait suite à Higurashi sans entâcher le canon et complètement dénaturer les personnages.

Rien que pour ce chapitre, je ne peux que conseiller d’acheter Rei, qui fait partie intégrante de l’histoire à mes yeux. C’est aussi un peu l’attraction principale : on en a pour 3 ou 4 heures de lecture et les deux chapitres sont suivants sont beaucoup plus légers, n’ont pas la prétention d’être canon, et durent respectivement ~1h et ~30 minutes.

Hirukowashi : Higurashi sous crack

Ce chapitre se prend nettement moins au sérieux et se base sur le jeu de combat Higurashi Daybreak où deux trésors sacrés du sanctuaire Furude se perdent dans Hinamizawa.

Ici, Rena avale par mégarde le magatama rouge qui va la rendre inconditionnellement amoureuse de quiconque détient le magatama blanc. Le problème, c’est ce deuxième talisman va faire le tour du village, et passer par Tomitake, Takano, Oishi… entre les mauvaises mains, le destin de la Rena pourrait basculer.

gay

Là encore, on est sur du classic Higurashi, mais le Higurashi bon délire et sans prise de tête des débuts de chapitre quand rien n’a encore tourné au vinaigre. C’est cette ambiance-là, sous stéroïdes.

Aucune doute que le scénario va mettre certaines personnes mal à l’aise, et… à juste titre, parce que Higurashi a la sale habitude de sexualiser ses personnages qui sont, quasiment tous sans exception, des enfants… Donc voir Rena se jeter dans les bras des différents adultes de la série, dont certains prêts à accepter ses avances malgré son jeune âge, c’est discutable voire malaisant mais… ! Je dois dire que… sur l’échelle du malaise dans Higurashi, ce n’était franchement pas méchant.

Les sentiments de Rena sont innocents et évidemment faux, ils ne sont pas réciproques, les situations sont drôles et virent rarement au glauque, Oishi profite de Rena seulement pour ses talents au Mah-jong, la fin est toute mignonne et régalera les fans de Rena et Keiichi… C’est assez sympa à lire.

Par contre…

Batsukoishi : le pire de Higurashi

Ce chapitre, très court mais aussi très pénible, est un condensé de tout ce qui ne va pas dans Higurashi. Je parlais un peu plus haut de la sexualisation des enfants : hé bah on est en plein dedans ! Batsukoishi devait, à l’époque, être l’afterparty de Meakashi, le chapitre 5. Ryukishi07 s’est cependant ravisé, jugeant que le ton était trop différent, trop frivole. Sage décision ! Mais (mal)heureusement, ce fandisk était un bon prétexte pour utiliser malgré tout ce scénario.

Abattu après plusieurs défaites consécutives durant les activités du club, Keiichi se morfond dans sa chambre. C’est alors qu’apparaissent Oishi, Irie et Tomitake pour le donner un regain de motivation. Comment ? On partageant avec lui toutes les situations dégradantes dans lesquelles il pourrait mettre ses camarades si, enfin, il gagnait. Quatre gros porcs partagent donc leurs fantasmes les plus tordus, fantasmes mettant bien sûr en scènes des fillettes qui ont entre 10 et 14.

Ridicule et sale. La fin est vaguement sympa parce que les filles se vengent en imposant leurs propres fantasmes, tous très humiliants pour Keiichi. On termine sur une parodie de la fin d’Onikakushi qui, je l’avoue, m’a fait sourire !! Mais ce chapitre aurait pu rester aux oubliettes sans que je ne verse une larme.


Vous l’aurez compris, il y a du bon, il y a du mauvais, mais pour la qualité de Saikoroshi et le prix dérisoire du fandisk, je ne peux que vous conseiller de vous le procurer.

Mon seul regret, c’est qu’au lieu de deux histoires humoristiques, il n’y en a pas eu au moins une qui soit complètement inscrite dans le genre horreur parce que c’est quand même quelque chose que Higurashi fait très bien. Mais bon ! Je suis quand même contente d’avoir eu quelque chose de quali à me mettre sous la dent après toutes ces années.

Higurashi When They Cry Hou – Rei est disponible sur Steam et MangaGamer à 4,99€ !
Publié dans Visual Novel

Higurashi When They Cry Hou : retour à Hinamizawa après 7 ans !

Alors voilà un article que je ne pensais pas faire puisque… je l’ai déjà fait en 2013 ! « Le sanglot des cigales » est un des tous premiers visual novels auxquels j’ai joué, un des seuls disponibles en français à une époque où il fallait se contenter de traductions amatrices de Saya no Uta et Narcissu. C’est une expérience qui m’a beaucoup marquée et dont je ne me suis jamais vraiment remise, ni lassée ! puisque même après être arrivée au bout de cette longue aventure, j’ai continué à relire l’un ou l’autre chapitre à l’occasion. Mais je n’avais jamais pris le temps de relire Higurashi dans son intégralité et avec la localisation de MangaGamer enfin complétée… je me suis dit que c’était l’occasion de rendre visite aux habitant-es du village d’Hinamizawa.

Avant d’être une série animée relativement populaire produite par Studio Deen en 2006 et reprise par Passione pour une sortie prévue en 2020, Higurashi no naku koro ni est un sound novel, autrement dit, un « roman sonore » où la musique et les sons priment sur le visuel. A cette étiquette se rajoute celle de « kinetic novel », ce qui veut dire que contrairement à la plupart des visual novels auxquels on a été habitué-es, il n’y a pas de choix (ou aucune autre sorte de gameplay) mais une histoire linéaire avec une seule et unique fin.

Son histoire se divise en huit chapitres, vendus séparément et sortis entre 2002 et 2006 lors de différentes éditions du Comiket. Chaque chapitre représente environ une dizaine d’heures de lecture et derrière ce travail colossal ne se cache qu’un modeste cercle d’amateurs dont les membres se comptent sur les doigts d’une main.

07th Expansion, fondé par Ryukishi07 et son frère Yatazakura, a commencé par illustrer le jeu de cartes Leaf Fight avant de se lancer dans la production des « When They Cry » avec Higurashi, Umineko, et, actuellement, Ciconia, mais aussi d’autres visual novels moins ambitieux en termes de longueur, à savoir Higanbana no Saku Yoru ni et Rose Guns Days.

Higurashi nous ramène en juin 1983 dans un village reclus que l’on découvre en même temps que Keiichi, le protagoniste qui a récemment emménagé à Hinamizawa. Avec tout juste deux mille habitants, c’est une communauté très soudée où tout le monde se connaît et s’entraide et, si lui a encore du mal à retenir les visages de chacun-unes, chaque habitant-e qu’il croise l’appelle déjà par son prénom. Heureusement, il s’intègre très vite, en partie grâce à son charisme mais aussi et surtout grâce à ses accueillantes camarades de classe, Mion, Rena, Satoko et Rika.

Il rejoint leur club où, peu importe l’activité, que ça soit un jeu de société, un concours culinaire ou encore une bataille de pistolets à eau, les seules règles sont de se donner à fond pour atteindre la première place (tous les coups sont permis!) et, en cas de défaite, d’accepter un gage peu importe sa nature. Keiichi va donc essuyer quelques échecs humiliants avant de prendre le pli et de pouvoir prétendre se mesurer aux autres membres, mais il n’empêche que chaque jour est passé dans la joie et la bonne humeur et qu’il s’amuse comme jamais auparavant. Rien ne semble pouvoir perturber ce nouveau quotidien marqué par les rires, les chamailleries et le chant des cigales.

Mais alors que le festival annuel honorant la divinité protectrice du village approche, les jours paisibles de Keiichi sont menacés par la « malédiction d’Oyashiro-sama ».

Voilà maintenant quatre ans que chaque année, le soir du festival, un-e « ennemi-e du village » est retrouvé-e mort-e et que, quelques jours après, une autre personne disparaît sans laisser de traces, ce qu’on appelle « se faire enlever par les démons » dans le jargon local. Si chaque affaire a été résolue et que, d’après la police, elles n’ont pas de lien entre elles, on ne peut s’empêcher de se demander ce qui se cache derrière cette série de malheureuses « coïncidences », et surtout, si la « malédiction » va frapper une cinquième fois…

Mystère, psychologique, horreur,… c’est les catégories où on serait tenté de le ranger. En effet, Higurashi est connu pour faire peur et pour mettre ses personnages « moe » dans des situations gores. Les images de l’anime qui sortent en premier sur un moteur de recherche montrent les protagonistes avec des visages ensanglantés déformés par la folie, munis d’une hache ou d’une batte de baseball, éventrés et gisant dans une marre de sang en train de se faire picorer les organes par des corbeaux… et autres joyeusetés ! Et il est vrai que les premiers chapitres sont dans ce goût-là.

Si chaque chapitre dure, comme on l’a déjà établi, une dizaine d’heures, les trois premières environ sont toujours placées sous le signe de l’insouciance et nous font prendre part à toutes les activités endiablées du « club ». Des heures qui peuvent parfois paraître un peu longues tant on passe de temps sur lesdites activités (qui ne sont pas toujours passionnantes) mais quand, soudain, l’ambiance change du tout, le choc n’en est que plus grand.

Lire la suite de « Higurashi When They Cry Hou : retour à Hinamizawa après 7 ans ! »