Publié dans Chronique

Blaubart was here.

Voilà quelque chose dont je veux parler depuis un moment, mais mon dernier Slice of Life étant consacré à mon bac, j’avais pas vraiment eu l’occasion de le caser quelque part. Puis je me suis dit, autant faire tout un article dessus. Même si c’est HS, que ça n’a rien à voir de près ou de loin avec les anime, c’est un film qui mérite bien quelques paragraphes.

Contexte: j’avais une qui dormait chez moi pendant la période du bac, et un soir, alors qu’on avait nos oraux de langues le lendemain (elle, en anglais, et moi, en allemand), on a décidé de chercher un film en allemand sous-titré en anglais, histoire qu’on puisse chacune « s’entraîner ». C’est comme ça qu’on est tombées sur Felidae, un film d’animation allemand, réalisé Michael Schaak, sorti en 1994 et adapté du premier tome d’une série de romans par Akif Pirinçci.

On ne savait absolument pas dans quoi on se lançait, mais le protagoniste étant un sympathique chat nommé Francis, on s’attendait à un divertissement pour toute la famille ! L’histoire débute donc sur Francis et son maître, un auteur raté, qui emménagent dans une nouvelle maison. Un taudis. Mais « Gustav », auteur raté, est persuadé que changer d’environnement soignera son syndrome de la page blanche. Le film s’ouvre sur une chanson super cool de Boy George, Francis parle un allemand très soutenu et glisse quelques remarques cyniques ici et là, le graphisme ne laisse pas penser à un film « mature »/ »adulte »,…

Donc quand, dès les cinq premières minutes du film, Francis trouve le cadavre d’un chat, heu… autant dire qu’on l’avait pas vu venir. Et c’est pas juste un corps inerte sur le sol: son cou est tranché, y’a du sang,… En même temps que notre héros fait cette macabre découverte, il fait la connaissance d’un chat nommé Blaubart, qui lui explique que c’est déjà le quatrième meurtre!, et aussi qu’il adore pisser dans la maison dans laquelle Francis et son maître viennent de poser leurs valises. Ses phrases sont ponctuées de « Scheiße ja ! », « Scheiße nein! », et, d’entrée, il donne à Francis le surnom de « klugscheißer » (traduit « smartass » en anglais, pas vraiment d’équivalent français si ce n’est « petit con prétentieux » mais vous avez compris l’esprit ».

Un meurtre un peu gore + un langage pour le moins vulgaire = on a fini par comprendre qu’on regardait pas un film pour les enfants.

Quoiqu’il en soi, à partir de là, le film nous a laissé sur le cul. On enchaîne sur Francis, qui fait un des rêves des plus étranges et dérangeant, avec un scientifiques sans visage qui l’enchaîne et le maltraite,… il va en faire plusieurs, des rêves comme ça, et je ne sais pas ce qu’en penserait Freud, mais en tout cas, ses cauchemars lui donneront des indices. parce que oui, le klugscheißer se lance dans une véritable enquête policière, bien décidé à démaquer celui qui se cache derrière les meurtres en série.

Comme si tout ceci ne suffisait pas, Francis va aussi découvrir qu’à l’étage de sa maison se trouve le QG d’une secte. Secte qui vénère un certain « Claudandus », et leur petit rituel consiste à se faire électrocuter. « On est bien loin des Aristochats » comme le souligne très justement notre protagoniste.

Il se passe donc beaucoup de choses dans cette histoire, et je vous passe les détails parce que vous allez peut-être vouloir découvrir le film, donc je préfère vous éviter les spoilers, mais le fait est que Felidae s’est révélé être un thriller néo-noir pour adultes, avec pour thème principal l’eugénisme, et donc beaucoup de références au nazisme et à la Seconde Guerre mondiale.

Clairement pas ce pour quoi on avait signé, et bien que Felidae ne soit pas le seul film dans son genre, il est indéniablement unique (pour le meilleur et surtout pour le pire) et surtout, le premier que j’ai vu. Ce fut donc une expérience assez particulière. Mais une bonne expérience malgré tout, je vous le conseille si vous avez envie de voir quelque chose de… différent. Vous pouvez êtres sûrs que vous avez jamais vu un truc pareil. Après, Felidae est très susceptible d’heurter la sensibilité de certains, surtout si vous avez du mal avec la violence envers les animaux: il y a une scène particulièrement « dur » à regarder, où un chat sert de cobaye dans un laboratoire.

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Je pense que même si on sait pertinemment que l’animation s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes, on a tendance à penser qu’un film dont les personnages sont des chats serait plus destiné à un jeune public, et c’est d’ailleurs extrêmement dérangeant de voir des animaux dans de telles situations. C’est pas que la violence, les meurtres, et les injures, dites-vous que y’a carrément une scène de sexe. Et à ce moment du film, j’avais intégré que c’était un film fucked up, mais voir deux chats coucher ensemble, c’était d’un autre niveau. On a dû détourné le regard de l’écran un instant parce qu’on avait l’impression de regarder un truc de furry/zoophile, c’est super intense.

L’histoire est tordue, l’animation pas toujours au top, les chats sont moches, le concept est… moralement discutable, mais c’est si surprenant et spécial, bizarre. Mais quelque part, j’adore ? c’est un wild ride, et c’est franchement intéressant (et drôle, souvent); je l’ai revu deux autres fois depuis parce qu’il fallait que je le montre à d’autres amis. Mais c’est pas pour tout le monde: si vous avez du mal avec la violence envers les animaux et tout ce qui est gore, bah… Felidae fait pas dans la dentelle, et je me suis d’ailleurs abstenue de trop illustrer cet article parce que je veux pas vous montrer des choses que vous avez pas forcément envie de voir, donc… soyez prévenus quand même.

En tout cas, c’était une expérience marquante pour ma part et au final c’est un film que j’aime bien, et j’ai presque envie de me pencher sur les livres de la série Felidae, qui sont au nombre de huit mais si mes sources sont bonnes, seuls les deux premiers tomes sont édités en France. Notons que ce sont des bestsellers. Qui l’eut cru.

En espérant vous avoir fait découvrir votre nouveau film préféré !