Publié dans Yuri game

Kindred Spirits on the Roof: Yuri≠Lesbiennes.

Pour changer un peu… ce n’est aujourd’hui pas d’un otome game dont je vais vous parler, mais d’un visual novel yuri. Intitulé Kindred Spirits on the Roof, Okujou no Yurirei-san de son titre original, je vous en avais parlé quand sa localisation avait été annoncé par MangaGamer. Sorti chez Liar-Soft en 2012, demain, ça fera pile un an qu’il est arrivé chez nous. Et depuis ce jour… je le convoite. Son prix m’a longtemps empêchée de sauter le pas, mais j’ai profité d’une promo pour enfin mettre la main dessus, et… je viens de le finir à l’instant, donc voici mes impressions à chaud.

De quoi ça parle ? De Toomi Yuna, une lycéenne discrète et un peu solitaire. Elle passe ses pauses repas seule, sur le toit de l’école. Rien de bien palpitant, jusqu’au jour où elle se rend compte qu’elle n’est pas toute seule… Elle fait la connaissance d’Enoki Sachi et Nagatani Megumi, deux esprits, condamnées à hanter l’école jusqu’à ce qu’elles puissent effacer leur dernier regret, à savoir pouvoir s’unir.

En effet… Sachi et Megumi sont très amoureuses, et rêvent de pouvoir faire leur première fois ensemble, mais… elles ne savent pas comment s’y prendre. Elles demandent donc à Yuna, la première personne qu’elles rencontrent capables de les voir et les entendre, de les aider… en donnant un petit coup de pouces aux autres potentiels couples de l’école. Le projet étant que, si elles voient d’autres filles s’aimer… et se le montrer, elles auront un exemple à suivre.

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Kindred Spirits est presque ce qu’on pourrait appeler un « kinect novel »: on peut faire des choix à quelques rares moments de l’histoire, mais ils n’influent pas vraiment son cours, et il n’y a qu’un seul scénario.

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On fonctionne avec un calendrier, dont les différentes dates sont en fait des chapitres. A partir de là, on peut accéder à notre galerie de CGs et à l’OST.

Il y a une histoire principale, centrée sur Yuna et sa « mission », qu’on peut lire en cliquant sur les dates marquées d’un ours rouge, et toutes les petites cerises sont des « sides stories » que l’on débloque quand un mois touche à sa fin, et où l’on suit les différents couples de l’école.

Ce système n’est pas sans défauts: d’un côté, les chapitres s’enchaînent bien, l’histoire se lit facilement,… mais… avec les sides stories, on est souvent amenés à relire certaines scènes, avec pour seule différence qu’elles sont du point de vue d’un autre personnage, et dans ces cas-là, ça apporte rarement quelque chose, et on est quand même obligé de se retaper les mêmes dialogues. Parfois, souvent même!, il y a du contenu original, alors ça passe, mais les fois où j’ai dû relire certains passages, qui plus est, chiants, ça m’a bien gavée (c’est là que la fonction « skip » entre en jeu).

Mais en tout cas… on en a pour une bonne trentaine d’heures de lecture. Ce qui justifie un peu le prix. Seul souci avec ça, c’est que l’OST a dû mal à suivre: pour un jeu aussi long, il y a très peu de pistes, on écoute souvent les 5 mêmes musiques en boucle, ça devient vite prise de tête.

Bon, ça c’était pour l’aspect technique. Je pourrais encore continuer, et vous dire que c’est un jeu joli sans être forcément mon style, que les doublages sont plutôt bons dans l’ensemble, et blabla, mais j’aimerais mieux tout de suite en venir au cœur du problème.

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Et c’est bien ça le problème !

J’étais plutôt excitée quand j’ai entendu parler de ce jeu; j’étais bien au courant que c’était un « yuri », mais c’est pas tous les jours qu’on a accès à titre sur des filles qui aiment d’autres filles, et qui a l’air pas mal du tout. A défaut d’avoir mieux, je prends ce qu’il y a. Mais j’ai vite dû me rendre à l’évidence, pointée dans le titre de cet article: yuri, malgré les apparences, n’équivaut pas à lesbiennes.

Ce que je veux dire par là, c’est que dans le « yuri », on a beau voir des filles dans des relations amoureuses, c’est plus des « fantaisies » (souvent issues de l’imagination d’hommes hétéros), que des couples lesbiens réalistes. Et effectivement, on retrouve tous les clichés du genre:

  • On entend plus d’une fois le fameux « but we’re both girls!!!? », c’est lassant.
  • Comme une majeure partie des œuvres yuri, ça se passe dans une école. Une école pour filles, qui plus est. C’est un cadre qu’on voit revenir souvent, et qui nourrit l’idée que l’homosexualité féminine n’est qu’une « phase » durant l’adolescence, qui prend fin après la remise des diplômes. C’est une mentalité encore assez présente dans la société japonaise, d’ailleurs. Et les histoires de girls love prennent souvent place dans des académies pour filles, où, comme dans Kindred Spirits, il y a 0 présence masculine, comme pour insinuer que c’est l’environnement qui favorise cette sexualité.
  • D’ailleurs, presque aucun personnage de Kindred Spirits n’est « lesbienne » (ni bi). C’est systématiquement « une exception », aucune (à l’exception de peut-être deux ou trois personnages sur l’ensemble des 16) ne se considère comme lesbienne, c’est juste qu’il se trouve que la personne dont elles sont tombées amoureuses est une femme.
  • Et c’est bien pour ça que le mot « lesbienne » est aussi rarement utilisée; d’entrée de jeu, Sachi et Megumi ne veulent pas être qualifiée de telle, préférant le mot « yuri », décrit comme plus « pur », et parlent de faire de l’école une « Yuritopia ».

On retrouve donc bien les codes du yuri, et c’est… parfait, si vous aimez le yuri justement!, et que c’est ce que vous cherchez, alors là je vous recommande même chaudement ce jeu. Mais si vous cherchez des personnages féminins, non-hétéros, réalistes et dans lesquels vous pourriez éventuellement vous retrouver,… Kindred Spirits on the Roof n’est pas le titre qu’il vaut faut.

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J’aurais pu m’y attendre, mais j’étais quand même déçue de lire certaines choses, de voir comment certaines relations étaient traitées,… Moi, ça m’a dérangé, mais c’est personnel et je sais que plein de gens passeront outre.

Autre caractéristique du genre yuri: on y retrouve deux extrêmes, soit les couples sont « pures » et « innocents », soit hypersexuels. On retrouve un peu de ce premier extrême dans certains couples de Kindred Spirits, on tombe parfois dans le ridicule, surtout pendant les scènes de sexe.

Oui, parce qu’il y a du sexe ! J’aurais pu le mentionner avant… mais Kindred Spirits avait fait un peu de bruit notamment pour ça. Il a été annoncé comme le premier jeu érotique sur Steam, sans coupure ni censure. Et maintenant, je comprends pourquoi. Kindred Spirits est un « eroge », erotic game, et on a tendance à croire que ces jeux-là sont axés sur le sexe, alors que pas du tout. Ca serait plutôt le cas des « nukige ». Dans les eroge, le contenu sexuel est secondaire, et là, en l’occurrence, très soft. Chaque couple a une scène de sexe durant le jeu, et aucune n’est très graphique: rien d’explicite que ça soit dans les images ou le texte. On ne voit rien de plus que des tétons, et les personnages ont juste besoin de se carasser les seins pour jouir……….. Donc… voilà. …….

C’est ma critique du jeu en général. Maintenant, je vous propose de faire un peu connaissance avec les personnages, et de revenir sur chaque couple. A partir de là: spoilers !

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Ne passez pas à côté: Le mari de mon frère

Devinez ce qui est arrivé dans ma boîte à lettres pas plus tard qu’hier ! La semaine dernière, le premier tome de « Le mari de mon frère » sortait dans nos contrées chez les éditions Akata. C’est un titre que j’attendais avec impatience, j’en avais d’ailleurs parlé sur ce blog quand il a été annoncé, et pourtant je ne le connais que de nom mais j’avais vraiment hâte de le découvrir.

Voilà à quoi nous avons affaire: Yaichi vit seule avec sa fille Kana, jusqu’au jour où il reçoit la visite de Mike, le mari canadien de son défunt frère jumeau.

Cette histoire est spéciale pour plusieurs raisons:

– Déjà, on y parle d’homosexualité. Plus que ça, on traite surtout de l’homophobie. Et pas de la manière dont on peut le voir dans le BL: ici, on a un personnage gay qui existe en dehors de sa relation amoureuse. En effet, Le mari de mon frère n’est pas une histoire d’amour, Mike est veuf, et on touche plutôt à la famille, au deuil et aux préjugés sur l’homosexualité. Yaichi peine à se défaire de certains stéréotypes et ne sait pas comment se comporter avec Mike, mais la petite Kana voit tout ça avec le regard d’un enfant. Son innocence et son ouverture d’esprit aideront son père à déconstruire ses idées reçues.

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– On appréciera aussi le fait que l’auteur n’est autre que Gengoroh Tagame; étant-lui même ouvertement gay, il sait de quoi il parle, et c’est toujours bien quand ce genre d’histoires sont racontées par les personnes concernées, c’est ces voix-là qui ont le plus besoin d’être entendues. C’est le premier manga « tout public » de Tagame, qui est plus connu pour s’illustrer dans la pornographie gay, avec des histoires très violentes et toujours beaucoup de sadomasochisme. Bien loin du mignon slice of life qu’est « Otouto no Otto ». Si vous voulez en savoir plus sur son œuvre et sur le manga gay, je vous redirige vers l’excellent article de Bobo sur Nostroblog.

– Le mari de mon frère se donne aussi pour mission de nous faire revoir notre vision de la famille « conventionnelle » et défie les rôles de genre. Yaichi est un père célibataire, et on le voit s’adonner aux tâches ménagères qu’on a la fâcheuse tendance à penser réserver aux femmes. Etre homme au foyer est souvent moqué, pas pris très au sérieux. J’ai beaucoup aimé le passage où Mike fait réaliser à son beau-frère qu’être parent au foyer est un travail à part entière, qui demande du temps et de l’énergie du matin au soir.

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– Aussi, les personnages masculins ont un physique qui diffère de ce qu’on a l’habitude de voir, ils se veulent virils: biens en chair, poilus,… Tagame ne fait pas de le bishounen, et Le mari de mon frère contient quelques courtes scènes de fanservice qui sauront ravir son lectorat habituel, ainsi que ceux qui sont indifférents aux pantyshots et aux garçons au physique androgynes. C’est pas mon truc, mais c’est celui de beaucoup d’autres, et il en faut pour tout le monde !

Le trait de l’auteur est très agréable pour les yeux d’ailleurs, c’est joliment illustré mais j’imagine que c’est déstabilisant pour ses plus fidèles lecteurs de le voir réaliser des dessins adorables. Et pourtant !

Tous les scans de cet article proviennent de l’extrait en ligne disponible sur le site d’Akata !

Dernière chose que j’ai bien aimé: il y a des renseignements sur la culture gay, et comme il ne faut jamais manquer une occasion de renseigner les gens à ce propos, je trouve ça très chouette.

En résumé, « Le mari de mon frère » est un titre que je conseille à tout le monde. Je l’ai d’ailleurs recommandé à ma mère, et elle a adoré; que diriez-vous de faire de même ? Allez dans votre librairie, lisez-le, aimez-le, partagez-le autour de vous; je pense sincèrement que c’est des titres comme celui-ci qui aident à changer les mentalités. Personnellement, j’ai hâte de lire le tome 2 qui sortira en novembre !

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Zootopie, ma réconciliation avec Disney.

Pour une fois, c’est du bien que je vais dire d’un film Disney. Parce que oui, si vous êtes dans anciens, vous savez que j’ai déjà parlé trois fois du studio sur mon blog: l’année dernière, entre février et mars, j’ai publié trois articles à ce sujet. Et c’était pas pour leur faire des éloges. Parce que j’ai beau adorer Disney, ces dernières années, ils n’ont fait que de me faire lever les yeux au ciel. J’ai donc écrit deux articles sur leur problème avec le « same face syndrome », où je parlais du fait que tous leurs personnages féminins les plus récents avaient exactement le même visage, et j’ai aussi posté sur Big Hero 6/Les Nouveaux Héros, film qui m’avait donné l’impression que Disney avait abandonné et se contentait maintenant de faire le minimum strict niveau scénario. Sur mon ancien blog, pour ceux qui s’en souviennent, j’avais aussi bien descendu Frozen/La Reine des Neiges, qui, à mes yeux, était un échec total et une de leurs pires productions.

Et à chaque fois, c’était des problèmes assez grave que je tentais de dénoncer: la misogynie, le racisme,… Rien de bien nouveau chez Disney, ne nous voilons pas la face. Mais à notre époque, c’est assez frustrant, presque révoltant, de voir que le studio se montre si peu progressiste, de constater qu’il n’apprend pas de ses erreurs, alors que ses productions sont distribuées à travers le monde et impactent des millions de personnes.

Du coup, quelle ne fut pas ma surprise quand je me suis retrouvée devant Zootopie ! Le dernier long-métrage de Disney est déjà dans les salles françaises depuis un mois, mais je n’ai pas eu l’occasion de le voir avant ce soir: maintenant que c’est enfin chose faite, voici mes impressions, encore toutes fraîches !

C’est l’histoire de Judy Hopps: une lapine qui vit dans un monde où les animaux ont évolués, et où proies et prédateurs vivent en harmonie. Malheureusement, ce n’est pas parce qu’ils cohabitent qu’il n’y a pas d’inégalités, et Judy va devoir y faire face très tôt, puisque son rêve est de devenir policière, et de rendre le monde meilleur. Seulement voilà, on n’a jamais vu un lapin devenir policier: les proies ne sont pas destinés à ce genre de profession. Mais notre héroïne est pleine de motivation, d’espoir et de ressources, et elle fera tout pour atteindre son objectif, et se rendre à Zootopie, la ville où l’on peut devenir qui l’on veut. Ou du moins, c’est ce que le slogan dit. La réalité est toute autre, et Judy l’apprendra à ses dépends: bien qu’elle fut la première de sa promo, elle sera chargée de la circulation, parce qu’en tant que lapine, personne ne la prend au sérieux. Mais c’est pendant ingrât qu’elle fera la rencontre de Nick Wilde, un renard, roi de l’arnaque qui ne sait pas gagner sa vie honnêtement et qui ne fait que de traîner dans des affaires louches. Leur relation ne partait pas sur de bonnes bases, mais de fil en aiguille, les deux vont être amenés à faire équipe et à se rapprocher…

Après La Reine des Neiges qui était… terrible. Les Nouveaux Héros qui avait des tendances un peu racistes et qui était super mal écrit. Vice-Versa qui, honnêtement, était pas mal du tout mais qui s’est un peu loupé niveau « body positivity »… Zootopie a été une vraie bouffée d’air frais: très axé sur la justice sociale, le film traite de discrimination (principalement de discrimination raciale) et, étonnamment, le fait plutôt bien…

(Et à partir de là, attendez-vous à des spoilers !)

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On va pécho du pigeon ce soir.

Aujourd’hui, je vais vous parler de quelque chose que vous connaissez probablement déjà parce que j’en ai déjà parlé auparavant, et aussi parce que c’est une œuvre qui n’est pas passée inaperçue ! Ce sur quoi on va se pencher, c’est Hatoful Boyfriend, HatoKare pour les intimes. C’est un visual novel de type dating sim; vous savez, ces simulateurs de drague où vous devez débloquer les « routes » (comprenez « les histoires ») des différents personnages en les séduisant. C’est interactif; vos choix au cours du jeu détermineront avec quel personnage vous allez finir. Et… la particularité de ce jeu-là, c’est que les beaux mâles que vous devez charmer sont… des pigeons.

Développé par « PigeoNation Inc. » (entreprise qui compte une personne: Hato Moa), Hatoful Boyfriend est sorti en octobre 2011. Je l’ai acheté dès que j’en ai eu l’occasion en 2012, mais entre temps, je suis passée à Windows 8, et depuis je ne peux plus faire fonctionné ma version du jeu qui n’est compatible qu’avec Windows XP/Vista/7. Heureusement, l’été dernier, HatoKare a eu le droit à un petit remake par Mediatonic, et on peut maintenant se le procurer (en anglais) sur Steam, et, bonne nouvelle!, il est compatible avec Windows 8. 13,99€ plus tard, j’ai enfin pu rejouer au jeu que je possédais déjà mais que j’ai quand même dû racheter. 🙂

Mais croyez-moi, c’est de l’argent que je ne regrette pas d’avoir dépensé, parce que ce jeu est tellement génial, et j’étais tellement excitée et enthousiaste à l’idée de pouvoir y rejouer ! C’est des sentiments que j’aimerais pouvoir partager avec vous, et c’est pour ça que je suis là, à vous parler de ce visual novel; en espérant qu’après avoir lu cet article, vous avez une illumination et que vous vous lanciez sur ce dating sim.

Je vais d’abord vous parler un peu du concept et de l’histoire, puis on passera les différentes routes en revue, et on s’attardera pendant des heures sur le génie de ce jeu.

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