Publié dans Visual Novel

Higurashi When They Cry Hou : retour à Hinamizawa après 7 ans !

Alors voilà un article que je ne pensais pas faire puisque… je l’ai déjà fait en 2013 ! « Le sanglot des cigales » est un des tous premiers visual novels auxquels j’ai joué, un des seuls disponibles en français à une époque où il fallait se contenter de traductions amatrices de Saya no Uta et Narcissu. C’est une expérience qui m’a beaucoup marquée et dont je ne me suis jamais vraiment remise, ni lassée ! puisque même après être arrivée au bout de cette longue aventure, j’ai continué à relire l’un ou l’autre chapitre à l’occasion. Mais je n’avais jamais pris le temps de relire Higurashi dans son intégralité et avec la localisation de MangaGamer enfin complétée… je me suis dit que c’était l’occasion de rendre visite aux habitant-es du village d’Hinamizawa.

Avant d’être une série animée relativement populaire produite par Studio Deen en 2006 et reprise par Passione pour une sortie prévue en 2020, Higurashi no naku koro ni est un sound novel, autrement dit, un « roman sonore » où la musique et les sons priment sur le visuel. A cette étiquette se rajoute celle de « kinetic novel », ce qui veut dire que contrairement à la plupart des visual novels auxquels on a été habitué-es, il n’y a pas de choix (ou aucune autre sorte de gameplay) mais une histoire linéaire avec une seule et unique fin.

Son histoire se divise en huit chapitres, vendus séparément et sortis entre 2002 et 2006 lors de différentes éditions du Comiket. Chaque chapitre représente environ une dizaine d’heures de lecture et derrière ce travail colossal ne se cache qu’un modeste cercle d’amateurs dont les membres se comptent sur les doigts d’une main.

07th Expansion, fondé par Ryukishi07 et son frère Yatazakura, a commencé par illustrer le jeu de cartes Leaf Fight avant de se lancer dans la production des « When They Cry » avec Higurashi, Umineko, et, actuellement, Ciconia, mais aussi d’autres visual novels moins ambitieux en termes de longueur, à savoir Higanbana no Saku Yoru ni et Rose Guns Days.

Higurashi nous ramène en juin 1983 dans un village reclus que l’on découvre en même temps que Keiichi, le protagoniste qui a récemment emménagé à Hinamizawa. Avec tout juste deux mille habitants, c’est une communauté très soudée où tout le monde se connaît et s’entraide et, si lui a encore du mal à retenir les visages de chacun-unes, chaque habitant-e qu’il croise l’appelle déjà par son prénom. Heureusement, il s’intègre très vite, en partie grâce à son charisme mais aussi et surtout grâce à ses accueillantes camarades de classe, Mion, Rena, Satoko et Rika.

Il rejoint leur club où, peu importe l’activité, que ça soit un jeu de société, un concours culinaire ou encore une bataille de pistolets à eau, les seules règles sont de se donner à fond pour atteindre la première place (tous les coups sont permis!) et, en cas de défaite, d’accepter un gage peu importe sa nature. Keiichi va donc essuyer quelques échecs humiliants avant de prendre le pli et de pouvoir prétendre se mesurer aux autres membres, mais il n’empêche que chaque jour est passé dans la joie et la bonne humeur et qu’il s’amuse comme jamais auparavant. Rien ne semble pouvoir perturber ce nouveau quotidien marqué par les rires, les chamailleries et le chant des cigales.

Mais alors que le festival annuel honorant la divinité protectrice du village approche, les jours paisibles de Keiichi sont menacés par la « malédiction d’Oyashiro-sama ».

Voilà maintenant quatre ans que chaque année, le soir du festival, un-e « ennemi-e du village » est retrouvé-e mort-e et que, quelques jours après, une autre personne disparaît sans laisser de traces, ce qu’on appelle « se faire enlever par les démons » dans le jargon local. Si chaque affaire a été résolue et que, d’après la police, elles n’ont pas de lien entre elles, on ne peut s’empêcher de se demander ce qui se cache derrière cette série de malheureuses « coïncidences », et surtout, si la « malédiction » va frapper une cinquième fois…

Mystère, psychologique, horreur,… c’est les catégories où on serait tenté de le ranger. En effet, Higurashi est connu pour faire peur et pour mettre ses personnages « moe » dans des situations gores. Les images de l’anime qui sortent en premier sur un moteur de recherche montrent les protagonistes avec des visages ensanglantés déformés par la folie, munis d’une hache ou d’une batte de baseball, éventrés et gisant dans une marre de sang en train de se faire picorer les organes par des corbeaux… et autres joyeusetés ! Et il est vrai que les premiers chapitres sont dans ce goût-là.

Si chaque chapitre dure, comme on l’a déjà établi, une dizaine d’heures, les trois premières environ sont toujours placées sous le signe de l’insouciance et nous font prendre part à toutes les activités endiablées du « club ». Des heures qui peuvent parfois paraître un peu longues tant on passe de temps sur lesdites activités (qui ne sont pas toujours passionnantes) mais quand, soudain, l’ambiance change du tout, le choc n’en est que plus grand.

Le jour où tout a basculé.

Une fois que quelque chose commence à clocher, plus de retour en arrière possible : ça fait vraiment peur ! Des scènes m’ont vraiment terrifiées quand j’ai lu Higurashi la première fois ! J’avais peur que quelqu’un se tienne devant ma porte le soir, je n’osais plus marcher de peur d’entendre un bruit de pas en place derrière moi et, si je fermais les yeux, l’image d’une paire d’yeux menaçants me revenait et me hantait… !

Mes pires cauchemars à cause de ces yeux…

Encore aujourd’hui, alors que je suis une grande fille et que je sais exactement ce qu’il va se passer, certains moments me font encore sursauter et des passages me glacent toujours le sang. Niveau horreur, c’est donc… très efficace ! Et même s’il n’y a pas d’image et, par conséquent, rien de bien choquant visuellement, l’association de description très explicites et de bruits stridents est très immersive et est, je pense, plus marquante et effrayante que l’adaptation grotesquement animée.

Meurtre, torture, mutilation, maltraitance,… Higurashi ne fait pas dans la dentelle mais ces scènes choc ne sont même pas les plus dérangeantes ; quand les cigales se tuent, que les personnages changent radicalement de comportement d’une seconde à l’autre et qu’on ressent le danger… c’est là qu’on a de sueurs froides !

Encore des yeux qui me donnent envie de chialer…

Ceci étant dit, ça serait réducteur de ne voir en Higurashi qu’un jeu d’épouvante parce que, même s’il est très bon dans le genre, il dépasse ce statut à mesure que les mystères s’éclaircissent pour révéler une histoire d’amitié, une amitié dans sa forme la plus pure où on accepte complètement l’autre, où on apprend à faire confiance, à demander de l’aide et où l’union fait la force. La peur naît de l’ignorance, du doute, et une fois qu’on découvre l’envers du décor, l’histoire est finalement plus triste qu’effrayante et prend une toute autre tournure avec des révélations surprenantes et des thèmes inattendus.

Et c’est ce qui, à mon sens, rend l’expérience si spéciale : Higurashi nous emmène toujours dans des directions insoupçonnées, les enjeux se révèlent bien différents de ce qu’on aurait pu imaginer, les personnages principaux ne sont toujours ceux qu’on croit,… Entre le premier et le dernier chapitre, on fait un sacré chemin et on ne peut que s’émerveiller sur le soin qui a été apporté à l’écriture.

Aujourd’hui, certains détails me paraissent plus tirés par les cheveux qu’à l’époque, et certaines résolutions sont un peu idéalistes, mais c’est complètement assumé et ça n’enlève rien à la qualité de l’histoire.

Par contre… chose qui me gêne et qui m’a toujours gênée (et dont j’ai l’impression de parler dans toutes mes reviews) : les personnages féminins (qui ont entre 10 et 15 ans) sont parfois soumis à des scènes longues, gênantes et… sales. A croire qu’on ne peut pas y échapper…

Aspect plus technique qui peut gêner et a toujours gêné : les graphismes. Le character design peut laisser à désirer et les backgrounds ne sont ni plus ni moins que des photos avec un filtre par-dessus. C’est quelque chose que les différents portages sur console et localisations ont tenté de « corriger » avec de nouvelles illustrations. En ce qui me concerne, j’affectionne l’original pour son côté old school et amateur. Je pense aussi que c’est une question d’habitude, parce qu’au contraire, pour ce qui est d’Umineko, j’ai découvert le jeu avec les sprites de la version sur PS3 et avec les doublages (absents dans l’original), et je ne m’imagine pas jouer sans…

Indépendamment de mes préférences, je trouve que quand des studios pros essaient de corriger le tir, ce n’est pas forcément mieux ! Si on prend par exemple la version de MangaGamer, je trouve que certaines scènes ont moins d’impact justement parce que le chara design est plus lisse et peine à transmettre la même angoisse que l’original.

Peut-être que les personnages sont « moches à faire peur » mais parfois c’est justement ce qu’on leur demande !

Et si on prend une scène comme celle-ci, Rena n’a même pas l’expression appropriée à la situation…

Pour un peu de nouveauté (et pour le fun), j’ai testé le patch de la version PS2 sur le chapitre 5, chapitre que j’ai le plus relu et, qu’à force, je connais par cœur. MangaGamer s’est contenté de nouveaux sprites mais Alchemist, le développeur des portages d’Higurashi et Umineko sur Playstation, a sorti le grand jeu avec de nouvelles illustrations aussi bien pour les personnages que pour les décors, des sprites inédits pour tous les personnages secondaires, des CGs, une nouvelle bande-son, des doublages, un format ADV où le texte n’occupe que le bas de l’écran et même des choix.

Le patch propose aussi d’indiquer de manière fort subtile le « bon » choix.

Je me répète mais autant je suis habituée à Umineko repensé par Alchemist, autant je n’arrive pas à apprécier Higurashi sous cette forme, même si l’expérience n’est pas désagréable ! Si toutefois, vous pensez profiter davantage du jeu avec ces fioritures, vous pouvez télécharger les patchs de 07th-mod.

Pour Higurashi, vous pouvez même télécharger la traduction française !

Pour revenir à MangaGamer, vous l’aurez compris, je ne suis pas fan du chara design (heureusement, on a le choix entre les sprites originaux et les version « updatées »), et j’ai aussi eu quelques problèmes avec la traduction. Quelques rares contre-sens mais surtout des incohérences et des fautes de frappes : Okinomiya souvent orthographié Okonomiya (quelqu’un avait envie d’okonomiyaki en bossant…), des -san sont parfois remplacés par des « Mr », les « mochi » du premier chapitre se transforment en « ohagi » cinq chapitres plus tard, etc. Des choses qui arrivent, je suppose… Si vous voulez comparer avec l’original, on a aussi la possibilité de mettre le texte en japonais !

Malgré les quelques reproches qu’on peut faire à la localisation, je suis très contente et reconnaissante de voir les When They Cry accessibles à un plus large public et j’ai adoré me replonger dans cet univers, refaire un saut à Hinamizawa après des années d’absence et y revoir des ami-es de longue date !

Il y a certains chapitres que je n’avais jamais relu ou alors pas depuis des années et donc, même si rien n’était complètement nouveau, j’ai redécouvert plein de détails que j’avais oubliés et surtout, maintenant que je suis plus âgée, je comprends mieux la dimension politique qui m’était complètement passée au-dessus de la tête à l’époque ! Dans tous les cas, c’est typiquement le genre de jeu qu’il est intéressant de relire une deuxième fois parce qu’il n’y a que comme ça qu’on se rend compte de tous les indices glissés ici et là, des petits détails qui ont tellement plus de sens une fois qu’on a davantage de contexte, mais aussi des fausses pistes qui nous ont totalement fait marcher la première fois…

L’aventure ne s’arrête pas là puisque MangaGamer a encore pour projet de sortir fandisks et dérivés d’Higurashi, à savoir Higurashi Rei, Hinamizawa Teiryuujyo, Higurashi Outbreak et un nouveau chapitre inédit à Higurashi no naku koro ni Hou intitulé Kamikanshi ! Après toutes ces années, je suis tout excitée à l’idée de découvrir du nouveau contenu mais !… en attendant leur sortie…

…vous pouvez commencer par lire le premier chapitre d’Higurashi, Onikakushi, si ce n’est pas déjà fait ! Il est actuellement gratuit (et risque encore de l’être pendant un moment!), et vous pouvez vous le procurez sur MangaGamer, Steam ou GOG. Les autres chapitres sont disponibles aux mêmes endroits et coûtent chacun entre 7 et 8€ mais vous pouvez aussi les quatre premiers chapitres ensemble pour 4,77€ et les quatre derniers pour 24,43€ ou carrément tout d’un coup pour 44,75€ (avec le premier chapitre à télécharger gratuitement à part).

J’ai préféré ne pas m’attarder sur chacun des chapitres parce que j’aurais eu du mal à le faire sans spoiler et je préfère vous laisser découvrir les détails par vous-mêmes (je trouve que les affiches de MangaGamer donnent déjà beaucoup trop d’informations…) mais si vous êtes curieux-ses quant à la longueur de chaque chapitre (tout en sachant que ça dépend aussi de la vitesse de lecture de chacun-e), je vous mets ça ci-dessous :

  1. Onikakushi-hen : 9h
  2. Watanagashi-hen : 12h
  3. Tatarigoroshi-hen : 11h
  4. Himatsubushi-hen: 6h

J’ai joué sur GOG plutôt que Steam pour les quatre derniers chapitres parce qu’il y avait une bonne promo dessus et il se trouve qu’ils sont plus précis sur le temps de jeu donc…

  1. Meakashi-hen : 9h37
  2. Tsumihoroboshi-hen : 10h49
  3. Minagoroshi-hen : 12h05
  4. Matsuribayashi-hen : 17h40

De quoi vous occuper le reste des vacances d’été !

3 commentaires sur « Higurashi When They Cry Hou : retour à Hinamizawa après 7 ans ! »

    1. Toujours très attachée à la version française, c’est très bien traduit et très bien écrit, rien que l’ingénieux titre « Le Sanglot des Cigales » te dit déjà tout ce que tu as besoin de savoir sur la qualité de la traduction et dans mes souvenirs y’a moins de fautes de frappe ou de contre-sens qu’en anglais. La traduction anglaise est très correcte quand même, mais celle en français (ou ce dont je me souviens en tout cas) est excellente.

Répondre à Un été de mystères avec 7’scarlet. – OTOME STREET Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *